Si le hockey vous manque…

…voici une information que je viens de recueillir qui va probablement vous ragaillardir en ce temps de famine. Peut-être a-t-elle été annoncée dans les pages sportives du Soleil ou de la Presse. Si oui, je l’ai manquée, ce qui serait surprenant pour un amateur assidu du sport comme moi.

Cette semaine à Buffalo, l’équipe des Sabres a dévoilé une statue en bronze rendant hommage à trois patineurs québécois. Il y a 40 ans déjà, la « French Connexion » composée de Gilbert Perreault, René Robert et Richard Martin, soulevait les foules de la Ligue nationale de hockey (LNH) par leurs prouesses. Rapides, habiles, bons tireurs, le trio a amassé 2 573 points en 2 396 parties jouées ensemble.

À Montréal et au Québec, on n’avait d’yeux que pour les Lafleur, Lemaire, Lambert, Lapointe, Laroque, Houle, Savard, Tremblay et compagnie. (Ouf, belle époque pour les francophones au sein de la formation du Canadien!). Les temps ont bien changé, probablement à partir du moment en 1980 où le Grand Club a levé le nez sur Denis Savard, lui préférant en première ronde du repêchage Doug Wickenheiser!

Il n’est pas surprenant que la statue, conçue et construite par Jerry McKenna, se base sur une photo prise en avril 1975, au moment où les jeunes Sabres éliminaient du tournoi de la Coupe Stanley les puissants Canadiens. On ne peut que s’imaginer la joie chez Perreault, Robert et Martin d’en être arrivés à bout de l’équipe qui avait nourri leur rêve d’enfance de jouer dans la grande ligue! Malheureusement pour eux, en finale, les « Bullies de Broad Street » les attendaient.

nhl_a_statue11_300

Décédé le 13 mars 2011, Martin était représenté à la cérémonie par son fils, Cory, 26 ans, qui n’a jamais vu jouer l’ailier droite. Comme il se doit, Perreault et Robert exprimaient leur reconnaissance d’avoir reçu cet honneur en invoquant les moments palpitants que les trois gars, nés respectivement à Victoriaville, Trois-Rivière et LaSalle, avaient vécus ensemble.


À l’île Verte, un moment de repos m’a été offert

DSC04575

DSC04576 copie

Et j’en avais besoin! Arrivé par la Richardière à 13h45 et, au gré de la marée, devant déjà repartir par ce même bateau à 22h30, j’avais pédalé fort d’un bout à l’autre de cette île, située dans le Saint-Laurent à mi-chemin entre Rivière-du-Loup et Trois-Pistoles. Elle mesure 14 km de long et 1,5 km de large et compte une trentaine d’habitants permanents.

DSC04555

Du quai au phare de l’île Verte, plus vieux feu de navigation sur le Saint-Laurent, érigé en 1809 pour guider les navires dans les dangereux hauts-fonds et courants de l’embouchure du Saguenay, il faut mettre une vingtaine de minutes en vélo sur un chemin sinueux et raboteux. Pendant 137 ans, de 1827 à 1964, le phare fut gardé par quatre générations de la famille Lindsay. En 1969, une balise automatique a remplacé le feu, mais la tour a conservé ses traits originaux.

P1000085

P1000087

P1000088

Le côté nord de l’île sur toute sa longueur est rocailleux. La géologie y est très particulière. En se promenant sur les « crans », on ne peut que s’interroger au sujet des rochers et des pierres. Pourquoi une aussi grande variété de pierres, passant du granit aux pierres volcaniques et aux pierres sédimentaires? Pourquoi des rochers sédimentaires sont-ils à la verticale plutôt qu’à l’horizontale? Pour obtenir l’heure juste, il me faudrait explorer les berges en compagnie de mon ancien collègue Jean-Claude Dionne, géomorphologue. Mais pour l’instant, contentons-nous des explications publiées sur le site internet du Regroupement pour la pérennité de l’île Verte :

La première question trouve plus facilement réponse. La grande variété de pierres y a été laissée lors de la fonte des glaciers, il y a 6 000 ans. La réponse à la deuxième question est plus complexe. Il faut savoir que l’Île Verte est le sommet d’un mont de la chaîne des Appalaches, ces monts anciens et érodés qui s’étendent d’est en ouest dans les parties sud du Québec et nord-est des États-Unis. Les Appalaches sont composées en partie de roches sédimentaires et volcaniques. Il faut aussi savoir qu’en face de l’île, sous le fleuve Saint-Laurent, se trouve la faille Logan, une faille qui longe le fleuve Saint-Laurent et qui marque le front de la chaîne des Appalaches. Enfin, le Bouclier canadien, formé de roches très dures, débute de l’autre côté de la faille. Du côté nord, donc, l’Île Verte est un des derniers remparts de la chaîne des Appalaches.

P1000080


P1000089


DSC04578


Tout un contraste du côté sud de l’île, surtout dans son extrémité ouest, là où le défrichage de la forêt permit l’agriculture le long du seul chemin (de l’Île).

P1000092


P1000093

Des maisons ancestrales et des granges modernes et vétustes en témoignent.

DSC04564


DSC04565


DSC04573


Les artistes en font un festin.


DSC04566


DSC04567

Et le clou de ma journée ! Une rencontre fortuite avec Chloé Sainte-Marie qui m’a entretenu de sa vie dans l’île avec Gilles Carle, de sa vie depuis sa disparition, de sa carrière et de sa joie de vivre. Merci, Chloé.

DSC04572


Faire découvrir la Franco-Amérique aux étudiants venus de loin

DSC04603

Depuis trois ans, j’ai le plaisir en septembre de prononcer une causerie devant une trentaine d’étudiants européens en tournée au Canada dans le cadre d’un programme de voyage d’études portant le titre « Penser Canada ». Il s’agit d’un projet du Réseau européen d’études canadiennes mis sur pied à la demande de la Commission européenne qui en assure l’essentiel du financement.

Le premier « Penser Canada » a eu lieu en 2010 et comptait 27 participants sélectionnés parmi 200 candidats. Le succès du programme est tel que le nombre de candidatures ne cesse de grandir. En 2012, il y en a eu plus de 600. Trente-deux d’entre eux ont été retenus, provenant de 24 États membre de l’Union européenne (Slovénie, Lituanie, Chypre, Lettonie, Royaume-Uni, Roumanie, Belgique, Pologne, Finlande, Autriche, Slovaquie, Allemagne, Grèce, Irlande, France, Italie, Espagne, Hongrie, Suède, Danemark, République tchèque, Estonie, Pays-Bas, Bulgarie). Sur les 32, dix resteront au Canada pour réaliser des stages de deux mois auprès d’institutions canadiennes ainsi que de la Délégation de l’Union européenne au Canada et du Consulat général de Pologne à Toronto.

Notre rencontre a eu lieu en la salle Benoît-Pelletier, au deuxième étage du Centre de la Francophonie des Amériques. Je les admire beaucoup, car malgré la fatigue cumulée de 15 jours par la voie des airs et sur la route depuis Bruxelles, où ils se sont rencontrés pour la première fois le 2 septembre, jusqu’à Québec en passant par Ottawa, ils étaient attentifs et curieux. Pour les mettre à l’aise, nous avons commencé la séance par écouter l’une de mes chansons préférées du grand troubadour de la Franco-Amérique, Zachary Richard : « Travailler, c’est trop dur ». Je leur ai suggéré qu’en cours de route, s’ils en ressentaient le besoin, d’arrêter et de se dire « travailler, c’est trop dur ».

DSC04599

Comme conférencier, j’ai la vilaine habitude de me laisser emporter, de trop parler et de ne pas laisser suffisamment de temps pour des questions. Cette fois-ci, cela n’a pas fait exception et je m’en voulais, car plusieurs sont venus me voir après pour me chuchoter une interrogation bien réfléchie. D’autres m’ont félicité de ma passion, ce qui fait toujours plaisir quand on a l’impression d’avoir radoté!

DSC04600

Après notre rencontre, ils devaient sauter rapidement dans des taxis qui les conduisaient aux bureaux du Soleil où deux journalistes notoires les attendaient pour faire le post mortem des élections québécoises : Pierre-Paul Noreau, directeur de l’Éditorial au Soleil et Antoine Robitaille, correspondant parlementaire du Devoir. Pour les gens d’ici, comprendre ce qui s’est passé le 4 septembre n’est pas une sinécure. Comment s’attendre à ce que les jeunes Européens, aussi brillants soient-ils, y comprennent quelque chose en si peu de temps. Par contre, ils ont bien saisi, compte tenu de leurs propres expériences et de leurs différentes situations géopolitiques les complexités de la question nationale et des modalités de la séparation.

DSC04601

DSC04602

De Québec, le groupe se rendait ce matin à Montréal passer quatre jours. Le 19, ils seront à Toronto pour autant de jours. Le 23, ils se rendront pour une brève visite à Victoria. Déjà, le 25, retour sur Vancouver. L’après-midi du 26 est prévue au bureau des affaires francophones et francophiles de l’Université Simon Fraser une table ronde consacrée à la francophonie de la Colombie britannique:

The French Fact in BC

Maurice Guibord

Président, Société historique francophone de la C.-B.

« The Francophones of BC: “Difficult to Spot” »

Christian Guilbault, Professeur agrégé, Département de français, Université Simon Fraser et Réjean Canac-Marquis, Professeur agrégé, Université Simon Fraser

« French in British Columbia »

Danielle Arcand, Directeur adjoint, OFFA, Faculté de l’éducation, Université Simon Fraser

« French Language Education in BC: From Kindergarden to Post-Secondary »

Danièle Moore, Professeure, Faculté de l’éducation, Université Simon Fraser, Cécile Sabatier, Professeure agrégée, Faculté de l’éducation, Université Simon Fraser, René Joseph Litalien, Instructeur de français, École André-Piolat, North Vancouver

« Classroom ethnography: reflexivity, practices & diversity »

Steve Marshall, Professeur agrégé, Université Simon Fraser et Ghizlane Laghzaoui, Instructrice de français, Institut des langues modernes, Université de la Vallée fraser

« Languages, identities and francophonie among graduates of French

immersion schools at a university in Vancouver »

Rémi Léger, Professeur adjoint, Département des sciences politiques, Université Simon Fraser

« Bilingual Canada: Where to Next? »


Oui, en effet, où en suite, pour ces voyageurs sûrement sur le bord d’épuisement ? À Bruxelles le 29 septembre, les jeunes devront avoir assez hâte !!


La traverse Oka-Hudson: raccourci vers Ottawa

DSC04515

Chaque fois que le voyageur passe de Québec à Ottawa par voie terrestre, il a Montréal dans les jambes. Rien de plus désagréable que de se faire prendre aux heures de point sur le boulevard Métropolitain de la métropole! D’autant plus que les heures de point s’allongent indûment.

Pour pallier à ce problème, j’ai découvert un raccourci. Il s’agit d’emprunter la 40 de Québec jusqu’à la cité de Céline, où la 640 s’offre comme alternative. Charlemagne, Mascouche, Lorraine, Saint-Eustache, Deux-Montagnes. D’un coup, l’autoroute périphérique s’estompe et le voyageur tombe sur le chemin d’Oka (344) conduisant au beau village du même nom, bien connu pour son fromage fabriqué par les Trappistes, certes, mais encore davantage depuis 1990, pour l’affrontement violent entre les forces de l’ordre et les autochtones de Kanestake.

Devant l’église d’Oka, le quai. À côté du quai le débarcadère. De 6h à minuit, tous les jours d’avril en novembre, deux traversiers pouvant transporter jusque 25 voitures font la navette entre les deux rives, Oka et Hudson.

DSC04513

DSC04516

DSC04523

D’une durée de 15 minutes et d’un coût de 10$, la traverse offre des perspectives formidables sur l’église d’Oka, la rivière des Outaouais et le lac des Deux Montagnes, sans parler de la possibilité de découvrir la petite ville de villégiature à caractère anglais qui est Hudson.

DSC04519

DSC04521

DSC04525 copie

Non, finis les embouteillages causés par la circulation, les bouchons résultant des voies rétrécisses en entonnoir délimitées par les fameux cônes rouges, le stress, l’agacement, la rage au volant!! Souhaitons seulement ne pas devoir se rendre à Ottawa en hiver!


Escapade au Nouveau-Brunswick

C’est toujours agréable de mettre les pieds au Nouveau-Brunswick, même si on n’y va ni loin ni longtemps. Sans le savoir, je suis arrivé le jour de sa fête, le 6 août, neuf jours avant celle des Acadiens. La raison de ma visite cette fois-ci : rencontrer à Grand-Sault des amis de Louisiane, Mike et Angela Leblanc, qui se rendaient à Caraquet en provenance de Portland, ME, à la suite d’un vol de la Nouvelle-Orléans, afin de participer au Tintamarre du 15 août en présence de leurs cousins acadiens. Pour eux, Cadiens originaires de la petite ville d’Abbeville et résidents aujourd’hui de Lafayette, il s’agit d’un retour émotif au pays des ancêtres, d’un rendez-vous longtemps attendu au cœur de l’Acadie moderne.

.DSC04493

Mon premier arrêt au Nouveau-Brunswick, le Jardin botanique, à huit kilomètres de la frontière où, en raison du jour férié, le visiteur avait droit à une collation : hot-dog, croustilles, gâteau de fête et orangeade. Yum! Puisque j’avais l’air affamé, le « cook » m’a donné deux « chiens chauds ».

DSC04469

DSC04470

Le jardin botanique du Nouveau-Brunswick est beaucoup plus que des fleurs, aussi belles soient-elles. Il y a également des ruisseaux, des étangs des chutes, des aires de repos remarquables.

DSC04471 copie

DSC04472

DSC04479

DSC04485

DSC04482

À l’herboristerie, on plonge au milieu des herbes, des plantes médicinales et des aromatiques. Le pavillon écologique est muni d’un toit et d’un mur végétal.

DSC04480

Pour moi qui ne suis spécialiste ni de fleurs, ni d’herbes, le fait saillant de la visite est la rencontre dans son local avec Luc Cyr, de Baker Brook, sculpteur et conteur, qui passe le plus clair de l’été, du jeudi au lundi, à démontrer son art au public et à palabrer avec les passants. Homme jovial et souriant, il se fait un devoir de révéler les secrets de son métier.

DSC04511

Comment appelle-t-on une chambre fermée où les conditions climatiques sont maintenues stables dans le but d’assurer la conservation de papillons, une « papillonnerie »? une papillonnière? ou tout simplement une serre? En tout cas, bref! Il y en a une au Jardin botanique.

DSC04474

DSC04475

Dès l’ouverture (9h), au Café Flora, situé dans le hall d’entrée du Jardin, le café et les pâtisseries sont servis. Entre 11h et 17h, des repas somptueux basés sur une cuisine maison et des produits locaux font lécher les babines!

DSC04491

DSC04490 copie

Deuxième arrêt au Nouveau-Brunswick, le restaurant Hilltop à Grand-Sault où j’ai retrouvé   Mike et Angela dont j’avais fait la connaissance en Louisiane en 1978. Lorsque je les ai connus, ils étaient jeunes mariés, étudiants tous les deux. Nous, quelques chercheurs du Canada, bénéficiaires d’une subvention de recherche de la Fondation Ford pour étudier la renaissance ethnolinguistique des Cadiens, avions engagé Mike pour mener des enquêtes auprès des familles cadiennes habitant de l’autre côté de la rivière Sabine, dans la région de Beaumont/Pont Arthur, au Texas. Il l’a réalisé son travail avec brio et a fini par obtenir sa maîtrise en anthropologie. Aujourd’hui, ils sont parents d’un fils, enseignant de musique dans une école secondaire de Lafayette et grands-parents d’une petite-fille (Isabella), âgée de 11 mois. Mike travaille comme aménagiste urbain pour la ville de Lafayette et Angela prendra prochainement sa retraite d’une agence gouvernementale. Avant cette rencontre du 6 août, nous nous étions peut-être vus deux fois en 34 ans.

DSC04495

Après avoir cassé la croûte au Hilltop (J’aimerais pouvoir dire ici que l’on y mange aussi bien que chez Flora, mais malheureusement ce serait mentir de manière éhontée!), je les ai amenés à New Denmark, la plus grande colonie danoise au Canada, établie en 1872 par le gouvernement du Nouveau-Brunswick pour servir de barrière à l’expansion territoriale des francophones situés en amont du Saint-Jean, et ainsi, diminuer leur influence grandissante dans la région. Des hauteurs de New Denmark, la vue sur les environs, sur Drummond, sur Grand Sault, sur Saint-André, sur Saint-Georges, sur le grand pont de la voie ferrée est époustouflante!

Ces hauteurs sont couronnées de deux belles petites églises blanches, l’une anglicane (St. Ansgar’s), l’autre luthérienne (St. Peter’s). Le pasteur Ralph Wiegold, torontois d’origine et retraité après une carrière de 31 ans chez Bell Canada, préside depuis juillet aux destins de St. Peter’s. Il s’est fait un plaisir de nous recevoir et de nous montrer l’intérieur de son église, y compris une montée au clocher pour y tirer sur la corde.

DSC04497

DSC04496

DSC04499

DSC04500

DSC04501

Très fier, Ralph, ce nouveau pasteur, nous annonce que les portes des deux églises, l’une en face de l’autre, sont ouvertes en tout temps, 24 heures par jour, sept jours par semaine.

Qu’il en soit ainsi partout! Vive la campagne!

N.B. La graphie préférée des francophones de la Louisiane du nom qui les identifie est celle employée ici: Cadien (nom); cadien, et cadienne (adj.). L’utilisation en français du mot anglais « Cajun » est inacceptable.