Tofino, un bout du monde

À Tofino, la route disparaît.
2101 route dispar.jpg
C’est l’océan Pacifique, le bord du continent! Petite ville qui vit évidemment de la mer, Tofino fonctionne au ralenti l’hiver, mais ne se ferme pas. À partir de 7h du matin, les lève-tôt peuvent prendre un café, une pâtisserie ou un déjeuner chez Vincente, café très branché de la rue Campbell—branché dans les deux sens du mot, car c’est le seul endroit à Tofino ayant accès à l’Internet sur une base régulière. Justement, pendant que je consultais mes messages matinaux, Marc, un Québécois qui a déjà enseigné la plongée sousmarine aux ingénieurs de la Polytechnique de Montréal, est entré prendre un café. Il travaille toute l’année à Tofino comme « commercial diver » (ses mots exacts). Meilleure job au monde (aussi ses mots exacts). Partout au village se trouvent des enseignes invitant à tirer profit des atouts de la nature : apprentissage du surfing, observation des baleines ou des ours. Certains parlent aussi de « storm watching », activité qui consiste en l’observation de la formation et de l’avance des tempêtes au large de la côte.
Sur la trentaine de kilomètres qui sépare Tofino de Ucluelet, les surfeurs peuvent pratiquer leur art. Un art ou un sport? Les deux, quant à moi. Et il y en avait beaucoup, même en ce Jour du souvenir où le mercure n’atteignait pas les 10 degrés. De loin ou de proche, les vagues qui se déferlent sans cesse sur la plage au rythme des vents fascinent par leur beauté, leur régularité, leur ampleur et surtout leur son.
2102 surfeur.jpg
2103 mer et bouee.jpg
Vers 11h30 du matin, alors que la fraîcheur matinale se faisait chasser par quelques rayons de soleil, les marcheurs et écumeurs sortaient sur Long Beach. Il y avait, entre autres, une gentille Anglaise en visite chez son oncle et sa tante à Cobble Hill, près de Victoria et un couple à la retraite de Windsor, en Ontario. Monsieur et Madame me racontaient une mésaventure vécue il y a longtemps en Gaspésie. Avec leurs enfants, ils ont failli se faire prendre par une marée montante. En entendant le nom « Gaspésie », j’ai vite annoncé que c’était près de chez moi. Madame, aussi vite, me pose une question (en français) : « Parlez-vous français? »
Alors, là, la conversation a vite basculé vers le français. Elle s’appelait Carmen Lalonde, originaire de Bourget, près de Sudbury. Aujourd’hui, elle s’appelle Tiffel—ou quelque chose comme cela. Pour m’aider à le prononcer correctement, elle a dit, ça se dit comme « t’es folle ». L’implication étant qu’elle a dû être folle de se marier avec un Anglâs. Mais Monsieur Tiffel, à l’écart de la conversation, a assez compris pour ajouter son grain de sel : « I did my part for Canadian unity; I married one (une Canadienne française) ».
Une heure plus tard et à sept km de Long Beach, sur Comber’s Beach, plus déserte et plus sauvage, nos pas se sont recroisés le temps d’un autre petit bonjour.
Jour du souvenir mémorable sur la côte du Pacifique.