Otage de la glace en Georgie

Oui, définitivement, ça va assez mal! Après avoir subi les intempéries en Nouvelle-Angleterre, je me trouve encore otage des éléments, cette fois-ci en Georgie…et je n’étais pas le seul à avoir cherché refuge au KOA de Forsyth.
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Les Bowman, de véritables aubergistes, originaires du nord de la Louisiane, nous ont rendu les désagréments du moment les plus agréables, même aux gens d’Indiana , arrivés de Floride remorquant leur bateau et portant des culottes courtes. Ce n’était pas que nous avions peur de conduire sur ces chemins. Non, pour la plupart, nous étions des gens du Nord, habitués à la neige, bien équipés et très expérimentés. Nous aurions pu facilement faire face à de telles conditions météorologiques. C’est surtout que nous ne faisions pas confiance aux Georgiens pauvrement équipés physiquement et psychologiquement pour faire face à la tempête.
Mon voisin de l’Ontario maugréait pas mal. Il n’avait pas pris le chemin de la Floride dans le but de déglacer son camion. Il aurait pu faire cela chez lui. Il avait hâte de trouver le soleil! La petite dame du Michigan s’amusait à enlever un à un des glaçons de son rétroviseur. Le monsieur de l’Ohio ne s’amusait pas à monter sur son « fifth wheel » lui enlever de la glace de sorte que ses rallonges ne se brisent pas en glissant à leur place. Le jeune Georgien se demandait comment il allait faire pour conduire sa femme, ses deux bambins et sa magnifique caravane de 32 pieds jusque chez lui, à 60 kilomètres de là.
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Ne pouvant profiter des activités sportives qu’offrait le terrain de camping, les gens flânaient à la réception et au magasin et se racontaient des histoires. Le meilleur compteur était George, résident permanent du KOA depuis son divorce. Aujourd’hui, il ne jure que sur les bienfaits de la solitude et du célibat. Il habite sa roulotte et profite du faible
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loyer mensuel que lui offre Ken Bowman. Né à Dauphin, au Manitoba, d’un père canadien et d’une mère américaine, George a opté, à l’âge de 18 ans, pour la vie aux États-Unis, en commençant par le Montana. Peu de temps après, « son oncle » (Oncle Sam) lui offre la possibilité de faire un voyage toutes dépenses payées au Vietnam. Ce n’est pas un voyage de tout repos! Les hélicoptères dont il assure la bonne marche lui permettent de voir du pays et de beaux feux d’artifice. Ensuite, toujours dans le service de « son oncle », George passera de courts séjours en Inde et au Pakistan. À ma question concernant la nature de ses missions dans ces deux pays, il répond, sourire aux lèvres, par un seul mot : « goodwill ». Le militaire américain y était pour se faire des amis! Une fois sorti de l’armée, George gagne sa vie dans le Midwest (Illinois et Indiana). « Pour moi, dit-il, les États-Unis c’est un pays où on peut bien gagner sa vie. Le Canada est un beau pays, mais on donne tout son argent aux gouvernements, d’autant plus qu’il fait trop froid! » Tanné du froid et de la « slotche » du « Rust Belt », George opte en fin de carrière pour le « Sunbelt », la Georgie, afin d’y faire l’élevage de roses sur une belle terre rouge que gardera son épouse au moment de la scission. Fin de son rêve.
Il reste quand même en George un petit fond canadien. Il critique sévèrement la politique de l’autre George (W. Bush), ce qui l’amène à des débats soutenus et orageux avec ses voisins extrêmement conservateurs et fortement influencés par la droite chrétienne qui dicte la ligne de conduite de la majorité ici.