Depuis 11 ans se tient à Blois, dans la vallée de la Loire, un Rendez-vous de l’histoire qui permet aux mondes savant et de l’édition, ainsi que qu’au grand public de se rassembler le temps d’une longue fin de semaine pour célébrer la discipline de l’histoire. À l’occasion du 40e anniversaire des
événements marquants de 1968, il est de mise que le Rendez-vous de cette année soit présidé par Daniel Cohn-Bendit—oui, le fameux « Danny le Rouge » d’une autre époque—qui fermera le Rendez-vous et ses quelques 360 tables rondes par une conférence intitulée « L’Europe, un fantasme, une nécessité ou une utopie? » prononcée à l’hémicycle de la Halle aux Grains, site de l’immense salon du livre et l’un des principaux points de repère du Rendez-vous.
Il est surprenant que dans le cadre de cette gigantesque manifestation culturelle française ayant pour thème « Les Européens » il y ait une place privilégiée pour le Québec. Québec 400 oblige! En fait, dans la programmation, on lit :
À l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec, le Salon du livre met à l’honneur le Québec, ses éditeurs, écrivains, universitaires et autres médiateurs de l’histoire au travers d’une présentation multiforme.
Parmi les membres de la délégation québécoise, on compte :
Jean-Pierre Charland, historien de l’université de Montréal et écrivain.
Marcel Fournier, historien et généalogiste.
Martin Fournier, historien, Institut du patrimoine culturel de l’université Laval.
Nicole Fyfe-Martel, romancière.
Mylène Gilbert-Dumas, écrivaine.
Nadine Grelet, écrivaine.
Gilles Herman, directeur des Éditions du Septentrion.
Guy Lachappelle, politicologue de l’université Concordia.
Jacques Lacourcière, historien, journaliste, chroniqueur et animateur.
Raymonde Litalien, historienne et conservateur honoraire des Archive du Canada.
Dean Louder, géographe de l’université Laval.
Jacques Mathieu, historien de l’université Laval.
Christian Rioux, journaliste et chroniqueur au Devoir.
Jean-Philippe Warren, sociologue à l’université Concordia.
Nadine Grelet
A gauche, Raymonde Litalien; troisième et quatrième à droite, Guy Lachappelle et Christian Rioux
Leurs interventions au Rendez-vous se regroupent autour de huit tables rondes :
1) Le roman historique : son rôle, son utilité, ses lecteurs, la place de la fiction.
2) La Franco-Amérique : lieux d’histoire, de mémoire et de vie…
3) L’histoire de la Nouvelle-France : outil ou occultation en France
4) Le peuplement de la Nouvelle-France : émigration volontaire ou forcée?
5) Le Québec, terre d’accueil! Terre d’écueil! Quatre siècles dans l’histoire de la migration européenne vers l’Amérique
6) Les Québécois se sentent-ils plus européens qu’américains?
7) Les Français à la rencontre des Amérindiens : alliances et métissages
8) L’encyclopédie numérique du patrimoine culturel de l’Amérique française
Une neuvième table ronde « québécoise » sur le thème « Les femmes dans la société de la Nouvelle-France » fut l’œuvre de l’Association Loir et Cher-Québec qui, en plus d’offrir un cocktail fort couru, nous rappelle qu’un fils de Blois, Jean Ralluau, secrétaire de Pierre Dugua, sieur de Monts et compagnon de Samuel de Champlain, se retrouvait parmi les fondateurs de Québec.
L’achalandage aux séances à saveur québécoise et franco-amériquaine variait de moyen à bon. Évidemment, le vénérable Jacques Lacourcière attire partout où il passe (plus de 100 ici). Les géographes, moi-même et Christian Fleury, en parlant d’une idée méconnue—pour ne pas dire inconnue—en France, la Franco-Amérique, connûmes
Louder; Gilles Herman et Fleury
moins de succès, une trentaine de personnes, surtout des dames aux cheveux argentés! Parmi elles, se trouvait néanmoins une dame passionnée de la Franco-Amérique, Odile Rouet de Blois, qui, avec son mari, Roger, avait déjà visité la Louisiane et le Québec. Ils sont membres actifs de l’Association France-Louisiane-Franco-Américainie et lisent tout ce qui leur tombe entre les mains sur la Franco-Amérique. Heureuse comme Ulysse de pouvoir se procurer notre livre, Franco-Amérique, elle avait déjà, à ma grande surprise et satisfaction, un exemplaire de Vision et Visages de la Franco-Amérique. Par contre, elle a démontré beaucoup de mécontentement de pas avoir pu trouver en librairie en France, le troisième tome de la trilogie Ma chère Louisiane de l’écrivaine québécoise, Lili Maxime : Un dernier mardi gras. Je lui ai promis de faire en sorte qu’elle le reçoive!
Si nous avons mentionné ici, les intervenants québécois à la programmation au Salon du livre des Rendez-vous de Blois, il faut aussi faire connaître les maisons d’édition présentes : Boomerang Éditeur Jeunesse, Éditions d’art le Sabord, Éditions de l’homme, Éditions du Septentrion, Éditions Sylvain Harvey, Hurtubise HMH, Les Éditions du Boréal, Les Presses de l’université Laval, Presse de l’université du Québec, Triptyque et VLB Éditeur.
Le 14 octobre, journée d’élections au Canada! L’un des enjeux qui fera peut-être mal à M. Harper au Québec est celui des coupures dans le domaine de la culture. Je ne peux que reprendre ici quelques chiffres distribués par Québec Édition aux « coureurs de Blois », rassemblés à ce grand Rendez-vous littéraire et historique :
Le livre francophone au Québec, c’est :
-entre 4 000 et 5 000 titres édités annuellement;
-près de 2 000 entreprises entièrement vouées à l’édition;
-des ventes annuelles en librairies de près de 450 millions de dollars;
-une production diversifiée : des roman, des essais, des livres pour la jeunesse, des biographies, des ouvrages historiques, des livres savants, des dictionnaires, des ouvrages pratiques, des manuels scolaires, des bandes dessinées, et bien plus;
-une production florissante : même si l’on n’y compte que 7 millions d’habitants francophones, la production éditoriale au Québec se compare, toute proportion gardée, à celle de l’Allemagne, de la rance, de l’Italie ou des États-Unis.
Pas mal du tout!