« Villages québécois » sur la Côte d’Azur: un euro fait découvrir

De Nice…
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…à Monaco,…
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…quel beau chemin que la Basse Corniche et quelle aubaine! Pour la modique somme d’un euro, confortablement assis dans le bus numéro 100, le passager dévale en moins de deux heures les 100 km séparant Nice de Menton, petite ville située sur la frontière franco-italienne. Évidemment, entre les deux, c’est la côte d’Azur à son meilleur : Villefranche-sur-mer, Beaulieu-sur-mer, Eze-sur-mer, Cap d’Ail, Monaco et Roquebrune Cap-Martin. Depuis bientôt 20 ans, le Conseil général aura créé le réseau TAM (Transport Alpes-Maritimes) pour permettre à chacun d’organiser et de faciliter ses déplacements interurbains, qu’ils soient scolaires, professionnels ou ludiques.
Monaco, lieu de rêves, milieu mythique : Formule 1, Monte Carlo, Grace Kelly, Prince Rainier, les princesses Stéphanie et Caroline…et le Québec!
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Et oui, le Québec, de grosses pancartes affichées à tous les cents mètres sur les principales artères de la Principauté : « Le Québec s’invite à Monaco ». Surprise! Je m’informe :
La commémoration du 400e anniversaire du [sic] Québec, trouve son prolongement en Principauté, avec une semaine entière consacrée à la Belle Province, où rencontres institutionnelles, culturelles, économiques et gastronomiques vont se succéder. À n’en pas douter, le sirop d’érable va couler à flot sur le « Village québécois », créé sur le Port Hercule. Des chalets attendent les visiteurs : produits régionaux et de l’érable, micro-basserie, expositions de photos, informations touristiques avec « Destination Québec ».
La gastronomie sera mise à l’honneur à l’Hôtel Fairmont Monte Carlo avec Jean-Michel BRETON, Chef Exécutif du Fairmont, Manoir Richelieu du Québec qui, à partir du 5 décembre, partagera à « l’Argentin » ses secrets culinaires avec tous les fins gourmets. « Le Café de Paris » accueillera du 11 au 14 décembre le Chef Stéphane MODAT du restaurant l’Utopie à Québec, en proposant trois menus thématiques, spécialement créés pour l’occasion.

En suivant les flèches, il est facile de trouver le village québécois…et les toilettes. Les petits écriteaux préparés « soigneusement » à la main annonçant cabane à sucre, cidre et viande de bison amènent l’eau à la bouche! Ce sera certes pour les Monégasques leur petite cabane au Canada!
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Deux Montréalaises, engagées par une firme de la métropole et un Québécois, dans la vingtaine, exilé à Nice depuis sept ans y tiennent boutique, invitant les passants à goûter aux échantillons de ce lointain pays exotique. Chose inusité, le « village » est installé tout à côté de la patinoire où quelques jeunes de la place essaient, sans trop réussir, de démontrer leurs prouesses sur patins. Je demande aux dames de Montréal pourquoi on n’avait pas fait venir une équipe pee-wee du Québec pour épater la galerie en affrontant les meilleurs espoirs de la France. « L’année prochaine », a-t-elle dit en riant. Personnellement, je suis convaincu que cela aurait plus de « punch », attirerait plus de monde et ferait mieux connaître le Québec que la vente de tire sur neige et de viande de bison, aussi « savoureuses » soient-elles!
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Deux jours plus tard, avant de quitter Nice pour rentrer au pays, j’ai de nouveau emprunté le réseau TAM, bus 200 cette fois-ci, direction ouest, destination Cannes, toujours un euro. Oups, rendu dans la ville du Festival du film, que vois-je? D’autres pancartes arborant la fleur de lys annonçant « villages de Noël, 400 ans de la ville de Québec et crèches québécoises ».
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Autre visite d’un village québécois sur la French Riviera s’impose. Celui-ci ressemble beaucoup à celui de Monaco, sauf que les deux vendeuses sont de Rivière-du-Loup et non de Montréal. Celle qui dirige la faune humaine cannaise vers le « village », constitué d’un stand et d’une maison enneigée autour de laquelle se promènent ours polaires et phoques, est Française, membre de l’Association Cannes-Québec. Elle prévoit réaliser en octobre prochain, avec une quarantaine d’autres membres de l’Association, sa première visite au pays de l’érable, du bison, de la chemise carottée, du phoque et de l’ours polaire!
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À la suite de ces visites aux « villages québécois » situés sur la Côte d’Azur, je me pose de sérieuses questions sur l’image que le Québec veut se donner en Hexagone…et peut-être ailleurs en Europe et dans le monde!
Pour nous attirer dans leur pays, est-ce que les Français emploient l’image vieillotte d’une baguette, d’une bouteille de vin rouge et d’un béret basque?


Un début de l’avent à Marseille

Phare spirituel de Marseille, Notre-Dame de la garde, douce et maternelle, veille sur sa ville, la plus vieille et la plus bigarrée de France. Le sanctuaire si cher aux Marseillais catholiques est l’œuvre d’Henri Espérandieu, réalisée sur une vingtaine d’années (1853-1874). La basilique est de style romano byzantin, aux marbres et aux mosaïques superbes. Elle est dominée par une statue colossale de la Vierge (9,7 m et 9 tonnes) dorée à la feuille, tenant dans ses bras l’Enfant Jésus.
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Ce que je retiens, cependant, de mon bref passage dans la ville de Pagnol, c’est moins ce haut lieu—c’est le cas de le dire—que les choses simples, familières et familiales, les choses si courantes dans l’œuvre de cet auteur tant aimé. La chaleur et l’amabilité des hôteliers au Lutétia, situé à l’angle de la rue Gambetta et de la magistrale Canebière, faisaient reflet à l’esprit qui régnait ici en ce début de la période de l’Avent. Trois activités marquèrent mon passage à Marseille : la constitution sous mes yeux d’une crèche vivante, la vente au public de santons et la plantation du blé de l’espérance.
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Crèche vivante. « Les animaux de Marino, une animation clé en main pour vos marché de Noël, foire, salon, événementiel, etc. » Et voilà, là, à côté du Lutétia, devant la mairie des 1er et 7e arrondissements de la ville de Marseille, une ferme a pris forme, accessible sans frais, aux enfants de la ville, leur rappelant dans un contexte semi biblique, la provenance de certains de leurs produits alimentaires et une vie campagnarde : âne, poney, chèvre, chien de berger, lapin, cochon d’Inde, chinchilla, dinde, caille, faisan, hérisson, renard, marmotte, sanglier…
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Vente de santons. Des artisans marseillais tenant des kiosques de vente le long de la Canebière offraient des santons, ces figurines miniatures en argile, cuites, estampées et décorées à la main. La totalité de la production est réalisée en Provence, surtout dans la région immédiate d’Aubagne, petite localité située entre Marseille et Toulon. Chaque sujet est unique, le fruit d’une élaboration entièrement artisanale, les gouaches étant constitués à partir de pigments et de colles.
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Plantation du blé. Le 4 décembre, jour de la Sainte Barbe est, selon une tradition venue de Provence, le jour où l’on plante du blé et des lentilles dans de jolies coupelles décoratives. Cette tradition, issue d’un antique rituel de fécondité, fournit l’occasion de partager avec des enfants une activité ludique et d’ensuite utiliser ces plantations pour décorer la crèche de Noël ou la table du réveillon. Partout à Marseille, aujourd’hui, le jour de la Sainte Barbe, les commerçants font la vente de petits sachets de blé. En achetant ces grains, on perpétue la tradition du blé de la Sainte Barbe et on soutient l’opération « Blé de l’Espérance » organisée par une association ayant pour but de récolter, grâce à la vente des sachets de blé, des fonds qui serviront à l’achat de matériel (médical, pédagogique, audiovisuel, informatique) en faveur des enfants hospitalisés.


La dernière demeure d’Henri Salvador

Est-ce l’an dernier qu’à 89 ans Henri Salvador est venu nous charmer à l’émission Tout le monde en parle en présentant son plus récent et dernier album, « Révérence »? Depuis sept décennies, ce petit homme au sourire large, à la voix douce et à la manière taquinante et perspicace avaient épaté les francophones du monde entier.
Depuis peu, Henri a trouvé le repos éternel à côté de son épouse, Jacqueline, au quadrilatère 97, aux limites nord-est, du cimetière Père-Lachaise. Qui est sa voisine immédiate? Nulle autre que la grande Piaf.
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Quoi de plus normal?


Le Coquelicot, rue des Abbesses, Paris XVIIIe

Et moi qui pensais bien connaître Paris! C’est Sophie Imbeault, éditrice chez Septentrion, qui aime Paris autant que moi qui, au retour de sa dernière visite en France, m’a parlé de la rue des Abbesses. Quelle découverte pour ce vieil habitué qui fréquente la ville lumière depuis 1962! Comment expliquer ce manque de connaissance de cette magnifique rue commerciale et résidentielle qui sillonne la butte Montmartre? Une explication, c’est que l’on y accède par la station de métro Abbesses, située à l’ombre de celle bien plus connue pour des raisons liées aux domaines du spectacle et de l’industrie du sexe, Pigalle. D’ailleurs, sur la ligne 12, destination Porte de la Chapelle, Abbesses est la station qui suit celle de Pigalle. Pour atteindre la rue à partir des profondeurs de la terre—Abbesses est sûrement la voie souterraine la plus profonde du système de métro de Paris—le voyageur a deux options, l’ascenseur ou l’escalier en spiral. Celui qui veut garder la forme a intérêt à gravir à pied les 150 marches et les quelques dizaine de mètres afin d’admirer les sept fresques qui ornent les murs, dont ces deux qui offrent un aperçu des paysages de Paris vus de Montmartre.
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En sortant du métro à la place des Abbesses, l’une des rares églises parisiennes de l’ère moderne, Saint-Jean, L’Évangéliste (1894-1904), avec son revêtement en briques rouges, saute aux yeux. D’après moi, ce n’est pas là le point de repère le plus important. Non, je lui préfère la boulangerie, Le Coquelicot, dont l’auvent rouge et
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les arômes de pain frais et de café chaud attirent à toute heure. Évidemment, les Parisiens du quartier arrêtent quotidiennement piger dans le vaste éventail de pains et de pâtisseries à vendre. Mais il ne s’agit pas d’une simple boulangerie, il s’agit également d’une mini chocolaterie décorée selon le rythme des saisons et d’un café avec terrasse extérieure, tables à l’intérieur au rez-de-chaussée et salle à dîner à l’étage.
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La carte des petits déjeuners et de desserts est riche et variée. Sur semaine, en ce mois de novembre, il est possible de trouver de la place à l’étage, même pendant les moments les plus achalandés de la journée, mais attention aux fins de semaine (pardon, aux week-ends). À partir de 10 heures, la réservation est de rigueur!


Essoyes : une journée en présence d’un Pharisien

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C’est par un concours de circonstances que j’ai eu la bonne fortune de connaître Bernard Pharisien (voir sur ce blogue le texte sur Victor Charigot) et de me faire inviter à visiter le 15 octobre Essoyes, modeste village bâti au bord de l’Ource (affluent de la Seine), aux confins de la Champagne et de la Bourgogne. Il s’agit non seulement du
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Vallée de l’Ource à partir du plateau de Blu, 357 mètres
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L’Ource au coeur du village d’Essoyes
village natal de Bernard., mais aussi de celui du richissime Auguste Hériot, fondateur des Grands Magasins et du Grand Hôtel du Louvre, et de son frère, Olympe, héritier de la fortune d’Auguste, ce dernier décédé prématurément en 1879. Cependant, aujourd’hui, Essoyes est davantage connu comme le village d’adoption du grand peintre, Pierre-Auguste Renoir qui y séjourna et y peignit de 1888 à 1919.
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À ce propos, son fils Jean, bien connu pour son œuvre cinématographique à la fois en France et aux États-Unis dit :
Essoyes, le pays natal de ma mère et de Gabrielle (modèle préféré de son père qui figurerait sur plusieurs centaines d’oeuvres) est un village resté pur. Pour moi, il n’existe pas de village comparable dans le monde entier. J’y ai vécu les plus belles années de mon enfance.
C’est réputé—et la bible le confirme—que les pharisiens constituent une classe à part. Le mien ne fait pas exception. Bernard m’a tout simplement ébloui par ses connaissances, ses perceptions, ses intuitions… son énergie. Un véritable tourbillon sur le terrain, connu de tous les villageois, grands et petits, même s’il n’y a pas vécu en permanence depuis un demi-siècle, Bernard Pharisien ne lésine point pour découvrir, comprendre et mettre en valeur le patrimoine de ce petit coin du département de l’Aube.
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La visite commence devant le château d’Essoyes érigé à sa propre gloire, entre 1890 et 1892, par Olympe Hériot, frère cadet de l’autre, qui se vit brusquement propulsé d’une carrière médiocre de militaire à la tête d’une fortune colossale. Ce château, son troisième si on compte la Villa Hériot au Vésinet, en banlieue ouest de Paris, et le magnifique Château de la Boissière, situé près de Rambouillet auxquels il convient d’ajouter un somptueux hôtel particulier parisien dans le quartier des Champs-Elysées, renvoie une image intéressante de son bâtisseur. Son monogramme (OH) orne chaque fenêtre, chaque porte, chaque grille en fer forgé et se trouve même au sommet du bâtiment principal sur le support du paratonnerre. Dans son livre, L’exceptionnelle famille Hériot, Bernard Pharisien décrit des cuirasses, sabres et d’autres attributs militaires, rappelant l’ancienne carrière d’Olympe, sculptés sur les façades latérales du bâtiment principal. Il identifie également la symbolique des Grands Magasins du Louvre, notamment les têtes de lion qui décorent chacune des cheminées extérieures. Selon Pharisien, le plus intéressant est la décoration en marbre blanc ornant l’entrée principale, mêlant le logo de l’entreprise (le lion et la lettre L), la Fortune (divinité romaine du Hasard) et sa roue (attribut de la déesse Fortune et allégorie de vicissitudes humaines). Aussi, un clin d’œil à la publicité, un ballon de baudruche, au-dessus des têtes de chérubins, portant l’inscription « Louvre ».
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En se dirigeant vers le cimetière où sont réservées de nombreuses surprises, on traverse le bas du village, quartier des commerçants et de la classe libérale, et le haut du village occupé par des vignerons. À divers points d’observation, la reproduction d’une œuvre de Renoir, comme celle-ci de La danseuse, modelée sur sa femme, Aline Charigot, fait son apparition.
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Plus intéressant encore, deux exemples de l’ancien patrimoine bâti : (1) les portes de grange préservées dans leur état original, l’une externe et donc plus usée et l’autre encastrée pour la protéger des éléments. On y remarque des poutres posées dans le sens contraire et qui dépassent légèrement au-dessus des portes. Elles sont protégées de la pourriture par des pierres plates qui, elles aussi, dépassent et les couvrent. (2) La maison traditionnelle avec son œil de bœuf qui exemptait le propriétaire de l’imposition de la « taxe sur les portes et fenêtres » et la « goulotte » qui facilitait le passage vers la rue des eaux usées.
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Au cimetière, la sépulture d’Auguste Hériot domine. Ce n’est pas un surprise! Ce qui surprend, c’est la sculpture de
la femme nue, réalisée en 1914 par Louis Morel – également natif d’Essoyes – qui semble surveiller la sépulture
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des Renoir. Évidemment, sa présence fit scandale! Autre surprise, la présence à une cinquante de mètres des Renoir et de la femme nue, la pierre tombale de C.F. Anderson de la Royal Canadian Air Force descendu au-dessus d’Essoyes par le feu allemand un mois après le Débarquement de 1944.
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Dernière surprise, le buste signé Guino qui couronne le monument érigé à la mémoire de Pierre-Auguste, de ses fils aînés Pierre et Jean, ce dernier venu rejoindre son père en 1979, et de la seconde épouse de Jean, Dido, dont les cendres furent apportés de la Californie en 1994. Guino – comme d’ailleurs Morel – a prêté ses mains au maître Renoir dans la réalisation de plusieurs sculptures que celui-ci a signées.
Comme si ma journée n’avait pas encore assez rapporté, Bernard me propose une visite à Colombey-les-deux-Églises, à 30 km de là. Mon Dieu, comment savait-il que depuis 40 ans je voulais visiter le village que le Général De Gaulle avait choisi pour élire domicile, aux années 30, La Boisserie, et où il est enterrée avec sa femme, Yvonne, et leur fille trisomique, Anne. Bien qu’enterré en toute simplicité, selon sa volonté, dans le cimetière paroissial, le bon peuple continue, 40 ans après, à lui rendre hommage par l’envoi au petit cimetière de tonnes et de tonnes de stèles et de gravures qui proclament leurs reconnaissance, respect, admiration et fierté.
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Pas plus tard que la semaine dernière, le président Sarkozy et la chancelière Merkel d’Allemagne ont inauguré ici, sur les hauteurs de Colombey, le nouveau Mémorial Charles de Gaulle dont j’ai eu le plaisir et l’« honneur » d’être le premier Québécois à y avoir franchi les portes!
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Quelle belle façon d’avoir terminé ma journée en présence d’un Pharisien!