« Émeute », euphémisme pour « massacre » : Lalita Tamedy et Red River

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Après son premier roman, Cane River, publié en 2002, Lalita Tamedy nous offre Red River, un roman historique et biographique—une saga de sa famille qui découle de l’une des journées les plus violentes de l’histoire du Sud. La période dite de « Reconstruction », qui suivit la Guerre de sécession, devait fournir aux esclaves affranchis l’occasion de voter, de devenir propriétaires–en somme, de contrôler leur propre vie. Or, en l’espace de quelques heures, par une belle journée de printemps, à Colfax, en Louisiane, les hommes blancs déchainés ont mis à feu et à sang le Palais de justice du village, ainsi que de nombreuses cases des anciens esclaves qui se défendaient du mieux qu’ils pouvaient. Le « pointage » à la suite cette « émeute », comme la décrit les livres d’histoire : Nombre de Noirs morts, 150; Nombre de Blancs morts, 3.

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À cinq minutes de cette plaque commémorative, au centre du coin le plus ancien du cimetière de Colfax se trouve un monument de 4 mètres de haut, rendant hommage aux trois héros de l’émeute.

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Érigé à la mémoire de trois héros, Stephen Decatur, James West Hadnot, Sidney Harris qui sont tombés à l’émeute de Colfax en se battant pour la cause de la suprématie des Blancs. Le 13 avril 1873.

Red River fait enfin contrepoids à l’histoire « officielle ». La recherche méticuleuse de Lalita Tademy auprès des siens et l’interprétation qu’elle en fait dans son récit ne laissent pas de doute. Ce ne fut point une « émeute », mais un « massacre » en bonne et due forme!

Ce roman de Lalita Tademy tient lieu de monument aux 150 victimes.

N.B. Il n’y a pas lieu ici de reprendre Cane River qui figure déjà dans ce carnet (28 octobre 2009).

One thought on “« Émeute », euphémisme pour « massacre » : Lalita Tamedy et Red River

  1. Comment un monument parlant de suprématie d’une race sur une autre peut il être encore debout à notre époque et aux Etats-Unis ?


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