Jack Waterman, vieillit-il mal?

Autant j’ai adoré Volkswagen Blues, publié il y a trente ans déjà, autant je trouve les romans plus récents de Jacques Poulin insipides et sans intérêt, y compris—et surtout—la dernière parution, Un jukebox dans la tête.

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Est-ce que c’est Jack Waterman qui vieillit mal ou son créateur ? Dans ce livre, Waterman habite toujours sa tour dans le Faubourg Saint-Jean-Baptiste. Dans ce récit, Mélodie, une jeune femme dans la vingtaine habite le même étage que lui, ainsi qu’un autre locataire mystérieux, invisible et inaudible. C’est dans l’ascenseur que Waterman rencontre la jolie rousse qui le charme en lui disant qu’elle admire beaucoup son œuvre littéraire, qu’elle a lu tous ses livres. Flatté, il l’invite à prendre le thé. Elle accepte et un dialogue s’amorce entre eux qui va les rapprocher de plus en plus. À tour de rôle, ils se racontent leurs parcours respectifs. Celui de Mélodie est tragique. Adolescente en fugue, elle prend refuge dans un kiosque surplombant le fleuve à Cap-Rouge qui appartient à un videur de bar du nom de Maurice aka Boris (Boris le bouncer). Jusqu’à temps que celui-ci lui fasse des avances, Mélodie s’y sent en sécurité. Lorsqu’il arrive enfin que Boris veut son « dû », la jeune fille lui flanque un coup de pied aux couilles et prend la fuite en « jumpant » un train de marchandise roulant lentement vers Estimauville. Un employé du CN a pitié d’elle et  la dirige vers une maison pour les femmes et les filles en difficulté, située sur la 3e avenue, où la directrice, la soeur de Waterman, l’accueille le temps de lui obtenir les papiers nécessaires pour réaliser son rêve d’aller en Californie. La directrice possède tous les livres de son frère et les étale tous dans la bibliothèque de la maison. Avant de partir, Mélodie a le temps de tomber en amour avec ces écrits qui vont l’inspirer sa vie durant.

Sa destination : San Francisco, bien sûr, où elle sera engagée par Lawrence Ferlinghetti pour travailler dans son City Lights Bookstore. Voilà ce qui revient inévitablement dans l’œuvre de Paulin : un lien, d’une manière ou d’une autre, avec Kerouac et les « beats ». Les dix années passées auprès des adeptes de « peace and love » suffisent pour convaincre Mélodie de rentrer au bercail, de renouer avec son passé et d’entamer une relation avec son auteur préféré. Entre alors dans le portrait l’« homme mystérieux » qui s’avère être Boris qui, par des gestes violents, enverra les deux à l’hôpital !

À leur sortie de l’hôpital, vivront-ils, Jack et Mélodie, « happily ever after » ? Je ne vendrai pas la mèche ici. À chacun de parcourir en deux heures ce petit roman de Jacques Poulin qui, malgré son manque de profondeur, nous épate en nous faisant sourire!

One thought on “Jack Waterman, vieillit-il mal?

  1. À la sortie du livre, je me suis demander aussitôt ce qu’en penserais Dean Louder. Je me souvenais que vous n’aviez pas apprécié, pas totalement, le précédent de Jacques Poulin. Je sais maintenant que vous l’avez lu et ce que vous en pensez. Merci Dean. Toujours agréable de vous lire … ici ou via facebook !


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