The Piano Maker : un conte de la Franco-Amérique

Que de plus curieux qu’un roman sur la Franco-Amérique écrit en anglais par un auteur d’origine autrichienne, Kurt Palka ?

L’action se passe en France, à Montréal, sur la « French Shore » qui correspond à la région de la Baie-Sainte-Marie, en Nouvelle Écosse, et dans le Grand Nord canadien.

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Qui est cette femme mystérieuse qui arrive à Saint-Homais de Montréal pour s’y établir, elle qui parle avec un accent français de France ? Elle s’appelle Hélène Giroux, née là-bas d’une famille de fabricants de pianos dont la réputation avant la Deuxième Guerre mondiale n’était plus à faire. De marque Molnar, on pouvait en trouver partout dans le monde, même dans la petite église de Saint-Homais. En le constatant, Hélène, excellente pianiste, convainc le père William, même si elle n’est pas très croyante, de lui accorder des responsabilités dans la paroisse quant à la musique. L’enthousiasme des membres de la chorale est à son comble jusqu’à ce que les secrets de la vie de la nouvelle venue commencent à se dévoiler au grand jour avec l’arrivée au village d’un homme de la loi qui la met sous arrêt. À partir de ce moment-là, les commérages s’enclenchent et le nombre de choristes chute.

L’occupation allemande mit fin à la très prospère usine Molnar. Pour se sauver, ainsi que sa fille, à la suite de la mort de son mari soldat,  Hélène fait confiance à Nathan Homewood, un homme d’affaires américain, spécialiste de la spéculation, qui aurait bien aimé l’épouser si le beau Pierre n’avait pas été dans le portrait. Homewood trahit sa confiance en la faisant participer à une arnaque. Elle est laissée à Montréal sans le sou, devant se débrouiller par les moyens du bord.

Les années passent et Nathan réapparaît lui promettant une petite fortune si elle l’accepterait de l’aider dans sa « business ». Hésitant et contre la volonté de sa fille qui se souvient trop bien de l’arnaque, Hélène accepte néanmoins. Rien d’illégal, juste des choses un peu louches : trouver et acheter peu cher des objets cachés ou perdus et les revendre au gros prix à des musées et collectionneurs. L’élégance, la douceur et la beauté de son accompagnatrice donnent à Homewood une certaine crédibilité devant ses clients qu’il n’aurait pas eue autrement. Leurs petites affaires vont bien, ce qui mène à un grosse affaire : un voyage dans le nord de l’Alberta récupérer des vestiges de dinosaures. Les profits seront inestimables ! Une fortune à leur portée avec risques minimaux. Sauf qu’ils n’ont pas compté sur la dureté et la rigueur de ce voyage en traineau à travers des espaces glacés et enneigés.

Nathan Homewood ne reviendra pas de ce voyage, Hélène si. Quand le cadavre est retrouvé, Hélène est accusé de meurtre. À Edmonton, elle est acquittée, retourne à Montréal et, enfin, se rend à Saint-Homais pour recommencer paisiblement sa vie.

Alors, pourquoi le flic s’est-il rendu au village l’arrêter ? Pourquoi un nouveau procès ? Pour le savoir, il faut lire The Piano Maker. La raison est d’actualité : meurtre ou euthanasie ?

Certains clins d’œil vers les Acadiens sont agréables à lire, d’autres agaçants. D’abord, l’auteur capte le drame des naufrages et noyades qui marquent l’histoire de communautés acadiennes axées sur la récolte de la mer :

A few days earlier the Coast Guard had abandoned the search and had officially declared them lost and perished at sea. « Very old words those are along here, » said Mildred. « Lost and perished at sea, old and too common, I should know. »

Ensuite, il tombe dans le piège de devoir agencer les Acadiens de Nouvelle-Écosse aux « Cajuns » de la Louisiane :

Acadians, mostly, she said. People who’d been deported or driven out , and many had moved south to Louisiana when it was still French and years later had come back from all over. »

Toute une simplification de l’histoire, mais un lapsus que l’on peut probablement pardonner à Kurt Palka compte tenu que le cœur de son conte est ailleurs.