Malheur à Malheur

Si on examine la carte toponymique de l’Orégon, on est frappé par le nombre de noms de langue française : Dalles, Saint-Paul, Saint-Louis, Gervais, Grande Ronde, LaGrande, Nonpareil, Coquille, Deschutes, Marion et, oui, Malheur !

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Or, en ce moment, dans le comté de Malheur, il se passe un malheur. Juste avant Noël, un groupe d’hommes armés, organisés en milice, ont saisi les bâtiments et les équipements appartenant au Malheur National Wildlife Refuge, situé à une cinquantaine de kilomètres de la petite ville de Burns. Ils prétendent que le gouvernement fédéral n’a pas respecté la Constitution du pays en expropriant et en chassant de ces terres une centaine de ranchers et de fermiers qui les avaient depuis plus de cent ans exploitées.

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Ammon Bundy qui prétend agir au nom de Dieu

La position de ces cowboys est de rester sur les lieux jusqu’à ce que le Fédéral rende aux victimes de la saisie leur bien ou, en d’autres mots, d’y rester « jusqu’à ce que Hell freezes over ».

Depuis peu, il y a un autre intervenant, la tribu Paiute, eux, dont l’histoire dans la région remonte à 9 000 ans et qui, en 1879, ont été chassés de ces terres, à la suite de la signature d’un traité, afin de faire place aux  ranchers and fermiers d’autrefois.

À l’heure actuelle, les autochtones jouissent d’une bonne relation avec le Refuge et tiennent à ce que la « milice » quitte au plus sacrant. La porte-parole des Paiutes—notez bien le nom—,Charlotte RODRIGUE, prétend que, dans les bureaux du Refuge. il existe des documents officiels attestant de la légitimité de leurs droits sur ce territoire que leurs ancêtres ont occupé et où ils sont enterrés.

Dans cette nouvelle guerre entre cowboys et Indiens, les cowboys ne sont, aux yeux de Charlotte Rodrigue et de Jarvis Kennedy, que les abrutis et les criminels. « Il est temps qu’ils fichent le camp », disent-ils.

Ce que je retiens, personnellement, dans toute cette histoire est que l’Orégon constituait un territoire de prédilection dans l’histoire de l’Amérique française et du Canada français.

https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2003/11/24/french-prairie-oregon/

Lorsque les premiers Américains y sont arrivés, au cours des années 1840, en suivant l’Oregon Trail, qui est-ce qu’ils ont trouvé? Des voyageurs et coureurs de bois canadiens-français bien implantés avec leurs épouses amérindiennes. Les communautés franco-métis en Orégon ont devancé d’une génération celles des Américains. Sans pouvoir l’affirmer catégoriquement, je gagerais néanmoins un 20$ que Charlotte Rodrigue descende de ces intrépides francophones.

Autre petite note en passant, à quelques kilomètres du Malheur Wildlife Refuge se trouve la sépulture de Jean-Baptiste Charbonneau, fils de Toussant Charbonneau et Sacagawea, les deux principaux responsables du succès de l’expédition de Lewis et Clark, montée en 1804 par le président des États-Unis, Thomas Jefferson.

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Alors, le célèbre « Pomp », ‘ti nom attribué à Jean-Baptiste, trouve aussi malheur dans le comté de Malheur.

4 thoughts on “Malheur à Malheur


  1. Nice job, Dean. Well stated. Two points:

    (1) origins of the naming of the Malheur River, and then Lake, County and National Forest and Wild Life Reserves. The story according to the Oregon Historical Society’s Oregon Geographic Names authored by L.A. & L.L. MacArthur cites the Hudson’s Bay Company Journal of Peter Skeen Ogden. « Tuesday, Feb 14, 1826 We camped on River au Malheur (unfortunate river) so called on account of property and furs having been hid here formerly, discovered and stolen by natives. » The MacArthurs go on, clarifying « The literal translation of the French malheur is « bad fortune, » a term used by the French Canadian hunters after they discovered their cache had been rifled. »

    Note that another Oregon River in a more heavily frequented part of Oregon had also acquired a name associated with negative Canadien-Native incidents, La Riviere aux Coquins. However, this river was soon thereafter translated by the Americans to Rogue River, made infamous by two wars in 1852 &1855-56, and then nowadays, by a much appreciated brewery of that name.
    .

    (2) origins of the name Rodriq/gue – Intermarriage with tribal members of ‘immigrants canadiens’ from the east has gone on for over two centuries. More recently, over the last sixty years Mexican Americans entering via California, have also been marrying into the tribes. I have come across no Rodrigue in the first several generations of Canadien emigrants of the northern Latino sort, but then I have never made it this deep into Oregon’s Indian Country either.

    Rob Fx


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