Le 8 février 2012, j’écrivais ici : Suis-je lu? Voilà la question qui tracasse le blogueur! Surtout qu’un très infime pourcentage des lecteurs d’un blogue prend le temps de réagir, par un commentaire, à ce qu’ils y lisent : https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2012/02/08/le-dilemme-du-blogueur-des-etudiants-me-permettent-de-sauver-la-mise/.
Presque cinq ans plus tard, la même question revient car les commentaires sont de moins en moins nombreux…peut-être parce que les sujets traités sont moins attirants, peut-être parce que mon rythme de production a ralenti, peut-être parce que mes déplacements sont plus espacés, moins loin ou moins exotiques ! Que sais-je ? Ce qui est certain, c’est que j’essaie constamment de raffiner l’art d’écrire. L’un de mes outils est celui mentionné ici le 8 septembre dernier (https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2016/09/08/deux-louis-un-conte-de-scribouillard/ ): une participation à l’atelier des Scribouillards, un groupe composé d’une dizaine d’individus qui se réunissent régulièrement pour faire marcher leurs imaginations, écrire ce qui leur vient à l’esprit, découvrir des recoins de Québec et sa région et tisser les liens d’amitié. Nos textes, écrits sur un thème défini par l’animateur ou l’animatrice du jour— toujours en moins d’une heure—sont diversifiés, toujours divertissants, parfois percutants et souvent de l’actualité. Les discussions qui s’en suivent, après lecture, sont riches et passionnées !
Nous sommes à l’ère du mensonge. Jamais le mensonge n’a autant occupé les média que depuis le début de la campagne électorale aux États-Unis. Le mensonge se trouve partout, apprêté à toutes les sauces. C’est pour cela que notre animatrice du jour nous l’a proposés récemment comme sujet de dissertation. Sur les six textes produits ce jour-là, j’en reprends deux ici du fait de leur orientation; ils s’entrecroisent partiellement :
I
Quand j’étais petite, durant la première année scolaire, on nous préparait à faire notre première communion. Pour ce faire il fallait outre apprendre quelques répliques du petit catéchisme, faire un examen de conscience en profondeur pour y déceler toutes les mesquineries qui auraient pu salir notre âme autrement toute blanche. On appelait ça des péchés dont on nous incitait à faire une liste pour ensuite aller s’en accuser à la confesse. C’était déjà impressionnant d’avoir à confier ses petits secrets à quelqu’un qu’on ne connaissait pas du tout, qui plus est, à un homme en robe noire. Je n’allais pas m’y résoudre.
C’est à cette occasion que j’ai fait mon premier mensonge en m’accusant de quelques menteries que j’aurais soi-disant racontées à mes parents, mensonges que j’ai répétés des années durant, chaque vendredi du mois, ne trouvant d’autres péchés plus commodes dont m’accuser sans rougir.
Puis un jour j’ai eu vent que le mensonge pouvait être pieux. Celui-là se répandait dans le village en se répétant d’une fenêtre à l’autre et même sur le parvis de l’église après la messe du dimanche. Il n’avait pas à être rapporté au curé qui le savait déjà: la jeune Louisette, à Georges, à Gédéon, à Cédé, à Catoche n’était pas partie en visite chez sa tante Henriette pour quelques mois mais…. chuuuuuuuuutttttttttttt!
Quelques mois plus tard, la belle Louisette, un peu bouffie, revenait au village mais elle ne revenait pas à l’école. Pourquoi? Elle ne le dirait jamais. Et comme elle ne trouverait pas mari dans le coin, à peine majeure elle irait se perdre en ville tôt ou tard, pour qu’à jamais son mensonge ne soit pas découvert.
Plus tard encore, j’ai compris que le mensonge n’était pas que l’apanage des petits en mal de péchés ou d’adolescentes mal-parties dans la vie, mais que les grands, curés, politiciens et parents y compris en usaient abondamment pour exercer leur pouvoir.
D’ailleurs le pouvoir est-il possible sans le recours aux mensonges? Que ce soit pour faire fortune en ne payant pas ses impôts ou « cacher ce sein que je ne saurais voir », le mensonge sert de couverture à toutes les ignominies. Dommage qu’ils ne suffisent plus que de s’en confesser pour blanchir son âme et nos rapports entre humains.
« Toute vérité n’est pas bonne à dire ». Soit! Mais le mensonge ne sert qu’à se berner soi-même sur l’état du monde. (N.P.)
II
J’avais un cousin, de trois ans plus jeune que moi. Appelons-le Alain. Je l’ai peut-être vu une fois en 50 ans, aux funérailles de mon père il y a une quinzaine d’années. Ce jour-là, nous n’avons pas eu le temps de jaser. Qu’est-ce que l’on aurait pu se dire d’utile et de révélateur en si peu de temps? Ce n’était ni le lieu ni le moment.
Or, il y a trois semaines, d’un coup (« out of the blue » comme dirait l’autre), je reçois sur Messenger un petit mot: Salut cousin, j’ai entendu dire que tu n’es plus croyant.
Heureux de reprendre contact avec Alain, mais troublé par la nature de son intervention, je ne sais quoi lui répondre. Dire la vérité avec toutes ses nuances, ce qui pourrait soit contribuer à détruire ou, au moins, à éroder sa foi, soit lui permettre de se justifier dans sa propre démarche spirituelle défaillante. Finalement, je n’ai pas dit la vérité, mais je n’ai pas menti non plus ! J’ai formulé moi-même une question appât de manière à le faire réfléchir et à réagir.
Cela a marché. Au bout de quelques heures, sa réponse me parvient. « On m’a menti toute ma vie. À l’âge de 60 ans, j’en ai eu assez et j’ai lâché! »
Je saute quelques autres échanges que nous avons eus, mais bref les mensonges auxquels Alain faisait allusion étaient de deux ordres: (1) les enseignements religieux qu’il avait reçus depuis son plus bas âge et qu’il avait choisi de mettre en vigueur pendant sa propre vie d’adulte; (2) les instructions et consignes qu’il avait reçues à l’âge d’adulte en acceptant de travailler à l’intérieur d’une structure ecclésiastique hiérarchique où ceux d’en haut donnent des ordres et ceux d’en bas n’ont qu’à y obéir.
Les enseignements religieux, sont-ils des mensonges? Si ceux et celles responsables de l’instruction religieuse d’Alain croyaient dur comme fer à ce qu’ils lui enseignaient, étaient-ce des mensonges? Quand, plus tard dans sa vie, il a décidé de ne plus croire, avait-il le droit de traiter ses parents, grands-parents, pasteurs et amis de menteurs? Autrement dit, en matière de foi, peut-il exister des mensonges?
Alain avait travaillé fort au sein d’une structure pyramidale qui ressemble drôlement à celle de l’église catholique, voire à celle de l’armée. Occupant des postes ou des fonctions intermédiaires, il était appelé à obéir aux ordres d’en haut et d’en donner à ceux et celles en bas. Ces ordres pouvaient-ils être des mensonges? Si oui, comment en justifier au sein d’une organisation religieuse? Peut-on mentir au nom de Dieu? Ses « serviteurs » mentent-ils de bonne foi?
Il est difficile de poursuivre par courriel une discussion avec un cousin lointain sur un sujet aussi délicat. Nous nous sommes donnés rendez-vous le jour où je serai de nouveau de passage près de chez lui, mais je n’ai pas confiance que cette rencontre donne satisfaction ni à l’un ni à l’autre. (LRD)
D’après nos délibérations, il semblerait que ce soit dans les officines du pouvoir politique et religieux que résident deux domaines privilégiés du mensonge.
Tout au long de notre séance consacrée au mensonge, nous nous inquiétions d’une vérité: l’un de notre nombre venait de subir loin de chez lui un AVC. Puisque nous, les Scribouillards, sommes tous de grands voyageurs, cette nouvelle nous a assaillis, nous rappelant la fragilité de la vie compte tenu de l’âge que nous avons. C’était donc rassurant quelques jours plus tard de recevoir de l’une des nôtres, Denise, ce poème écrit par Ghislaine Delisle :
Vieillir en beauté
Vieillir en beauté, c’est vieillir avec son cœur,
Sans remords, sans regret, sans regarder l’heure.
Aller de l’avant, arrêter d’avoir peur,
Car à chaque âge se rattache un bonheur.
Vieillir en beauté, c’est vieillir avec son corps,
Le garder sain en dedans, beau en dehors.
Ne jamais abdiquer devant un effort.
L’âge n’a rien à voir avec la mort.
Vieillir en beauté, c’est donner un coup de pouce!
À ceux qui se sentent perdus dans la brousse,
Qui ne croient plus que la vie peut être douce
Et qu’il y a toujours quelqu’un à la rescousse.
Vieillir en beauté, c’est vieillir positivement.
Ne pas pleurer sur ses souvenirs d’antan.
Être fier d’avoir les cheveux blancs,
Car pour être heureux, on a encore le temps.
Vieillir en beauté, c’est vieillir avec amour,
Savoir donner sans rien attendre en retour,
Car où que l’on soit, à l’aube du jour,
Il y a quelqu’un à qui dire bonjour.
Vieillir en beauté, c’est vieillir avec espoir,
Être content de soi en se couchant le soir.
Et lorsque viendra le point de non-recevoir,
Se dire qu’au fond, ce n’est qu’un au revoir!
Ne regrette pas de vieillir.
C’est un privilège refusé à beaucoup
En lisant ces vers, je ne pouvais que sourire me rappelant un article d’un autre blogue que je tiens—en anglais celui-là—reflétant ces mêmes préoccupations, mais chez les gens d’un autre pays et d’une autre culture.
Aging Is Liberating
I have seen too many dear friends leave this world, too soon; before they understood the great freedom that comes with aging.
Whose business is it, if I choose to read, or play on the computer, until 4 AM, or sleep until noon? I will dance with myself to those wonderful tunes of the 50s, 60s & 70s, and if I, at the same time, if I wish to weep over a lost love, I will.
I will walk the beach, in a swim suit that is stretched over a bulging body, and will dive into the waves, with abandon, if I choose to, despite the pitying glances from the jet set. They, too, will get old.
I know I am sometimes forgetful. But there again, some of life is just as well forgotten. And, eventually, I remember the important things.
Sure, over the years, my heart has been broken. How can your heart not break, when you lose a loved one, or when a child suffers, or even when somebody’s beloved pet gets hit by a car? But broken hearts are what give us strength, and understanding, and compassion. A heart never broken, is pristine, and sterile, and will never know the joy of being imperfect.
I am so blessed to have lived long enough to have my hair turn gray, and to have my youthful laughs be forever etched into deep grooves on my face.
So many have never laughed, and so many have died before their hair could turn silver.
As you get older, it is easier to be positive. You care less about what other people think. I don’t question myself anymore. I’ve even earned the right to be wrong.
So, to answer your question, I like being old. It has set me free. I like the person I have become. I am not going to live forever, but while I am still here, I will not waste time lamenting what could have been, or worrying about what will be. And I shall eat dessert every single day … FIRST …. (if I feel like it).
Alors, pour revenir à la question du début, par qui suis-je lu? Je n’ai toujours pas la moindre idée, mais s’il y en a parmi les lecteurs ou les lectrices des gens de mon âge, vous trouverez peut-être ici quelques lignes provocantes, rassurantes ou amusantes. Pour les autres, tournez vite la page. Je reviendrai bientôt à mes moutons.
Unfortunately, I can’t read French, but I totally agree with the sentiment in the English part of this post. There is great freedom in ageing.
Merci, Wish you could read French so I could have input from people such as you. So much of what I write is about your cultural heritage.
I had a little difficulty with the first portion due to translation. The last part was great and made me smile as I looked at each cartoon. Thanks for sharing!!