Si, au Québec, on s’enorgueillit de la sélection de l’un des nôtres comme membre de l’Académie française, Dany Laferrière en l’occurrence, imaginons la fierté des Cadiens de Louisiane—et non Cajuns, mot anglais—de voir un des leurs recevoir le prix Henri de Régnier (soutien à la création littéraire), attribué par l’Académie en reconnaissance de son recueil Petites Communions : Poèmes, chansons et jonglements dont je vous sers ici un petit échantillon.
dépêcher pour espérer
espère ‘oir
j’arrive, j’arrive
j’ai passé devant ta porte
j’ai crié « bye bye ma belle »
Il y a personne qui m’a répondu…
ça se fait je réponds à moi-même
j’aimerais oublier que j’sus obligé
de me garocher contre l’entourage de grands cailloux qui bloque le
chemin qui lève le pont entre moi et tout ce qu’il faut faire, faut bâtir,
faut créer, faut accomplir, faut achever, faut amener, faut ramener, faut
assembler, faut arranger, faut nettoyer, faut soigner, faut pratiquer, faut
étudier, faut lire, faut écrire, faut apprendre, faut comprendre, faut
enseigner, faut instruire, faut compléter, faut finir, faut être capable et
responsable et même aimable, obéissant, des fois défiant, mais non pas
négligeant.
Oh yé-yaille mon cœur me fait mal
Et pour compléter, cet extrait de « La patate j’ai pas pu lâcher » :
C’est la patate j’ai pas pu lâcher,
Et même si ça m’a fâché,
Et quand devant sa porte, j’ai passé,
Et j’ai vu les deux s’embrasser
Ce qui fait la force de Petites Communions, à mon sens, est le dernier chapitre, « La messe en solitude », organisé en 26 points de la Célébration : introït, salutation, kyrie, gloria, collecte, première lecture, graduel, seconde lecture, acclamation, proclamation, réclamation, homélie, credo, prière universelle, pénitentielle, charité fraternelle, offertoire, sanctus, institution-élévation-consécration, anamnèse, intercession et doxologie, Notre Père, fraction—Agnus Dei, communion, postcommunion-bénédiction-commission, envoi. Fiouf!
Depuis 30 ans, les enfants du sud de la Louisiane profitent de la présence de Kirby Jambon dans une salle de cours. Depuis 20 ans, ce natif de la paroisse Lafourche, au sud de la Nouvelle-Orléans, enseigne en immersion française à l’École Prairie, située à Lafayette. Cet été nos chemins se sont croisés deux fois. D’abord le 4 juillet à San Francisco, au Congrès du Conseil international d’études francophones où Kirby a fait un tabac, récitant ses vers devant des spécialistes de la grande littérature de la Francophonie .
CIEF, San Francisco, Kirby à gauche
Ensuite, au Congrès mondial acadien. Un dimanche soir à Edmundston , Kirby et ses complices, Brenda Mounier, Zachary Richard et Barry Ancelet, aka Jean Arcenaux, inspirèrent l’assistance tassée dans la salle de spectacle de la Vieille église par la richesse de l’œuvre littéraire de la Louisiane française contemporaine. Puis, à Grand Sault, comme animateur à la Journée de la Louisiane, il prêtait concours à de nombreuses séances d’information consacrées à sa région, à ses cultures et à ses langues.
Kirby, Zachary, Brenda, Barry
Nathan Rabalais et Kirby
Clint Bruce, Barry Ancelet et Kirby
Ancelet, Brenda Mounier, Earlene Broussard Rabalais, Kirby et Zachary Richard
En juillet 2008, j’écrivais ici sur un grand Cadien disparu
Je pensais qu’il n’y en aurait jamais un autre comme lui. Je me suis trompé! Cet été, j’ai découvert un Kirby Jambon qui chausse admirablement bien les bottines de Richard Guidry… mais à sa manière!
Je souhaite que lors de son passage à Paris chercher ses 5 000€ que l’Académie lui accorde la tribune nécessaire pour épater tout à la fois les immortels, le grand public et le petit public! Il en est capable!