La Louisiane française perd une partie de son âme… je perds un très grand ami.

En avril 2007, j’ai vu Richard Guidry pour la dernière fois. Sur la terrasse d’un café à Lafayette, j’ai eu le plaisir de lui offrir un exemplaire de la version nouvellement réimprimée de notre premier livre consacré à la Franco-Amérique, Du continent perdu à l’archipel retrouvé : le Québec et l’Amérique française, paru à l’origine aux Presses de l’université Laval en 1983. C’était pour le remercier du manuscrit qu’il venait de me remettre pour publication dans
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le nouveau livre, Franco-Amérique. Le titre de son texte était saisissant, chargé de signification et prémonitoire : « Les mémoires d’un Cadien passionné ».
L’état de santé de ce gros Cadien du bayou Vermillon (c’est ainsi qu’il signait ses courriels) était alors précaire et continuerait de se détériorer. Il a passé de longs mois dans un hôpital de Shreveport, dans le nord de l’État, loin de sa Louisiane et de son monde. Sorti enfin de l’hôpital et de retour chez lui, Richard semblait, pendant un certain temps, prendre du mieux. Lorsqu’en avril dernier, Franco-Amérique a paru et il en a eu sa copie, il l’a célébré en compagnie d’ami(e)s. Debbie Clifton m’a fait part de cette rencontre soulignant que Richard se réjouissait de voir sur la page couverture la photo de son copain de Haute Louisiane (Missouri), Kent Beaulne, et d’y relire ses « mémoires ».
À la page 372 de ce livre se trouve une courte notice biographique de l’auteur de ces mémoires :
Richard Guidry est né à Gueydan, en Louisiane, mais a passé sa vie d’adulte à Lafayette. Ses nombreuses activités professionnelles et créatrices visant à promouvoir la langue française lui ont valu la décoration des Palmes académiques en 1993. En plus d’être auteur de pièces de théâtre et de monologues, Richard est une véritable encyclopédie ambulante en ce qui a trait aux cultures cadienne et créole. Il fut longtemps responsable du recrutement et de la formation des enseignants du français en Louisiane.et a joué un rôle déterminant dans l’établissement, au début des années 1990, d’un réseau d’écoles d’immersion française.
Personnellement, je dois énormément au disparu. Lui, plus que tout autre, m’a initié à la Louisiane française. Je ne pourrai jamais oublier les longues conversations que nous avons tenues dans sa roulotte à Pont-Breaux en 1977 et les nombreuses sorties sur le terrain. J’ai appris à faire abstraction de ses colères et de ses opinions fortes…pour ne pas dire extrêmes. Je restais souvent bouche bée devant sa grande sensibilité vis-à-vis de la culture locale du sud de la Louisiane, mais aussi devant ses connaissances érudites des cultures francophones du reste du continent nord-américain et du monde entier. En 1996, sans le savoir, Richard Guidry a posé un geste qui a transformé ma vie affective et pour lequel je lui serai éternellement redevable.
Oui, la Louisiane vient de perdre un gros morceau, une partie intégrante de son âme et je pleure la perte d’un cher ami.
N.B. La photo qui suit m’a été fournie par Jean Guilbert, l’un des commentateurs de cette note. Elle est de Richard à 25 ans.
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3 thoughts on “La Louisiane française perd une partie de son âme… je perds un très grand ami.

  1. Je peux aujourd’hui dire que deux personnes ont joué un rôle déterminant dans mon intérêt pour l’Amérique française, D’abord, Richard Guidry que j’ai connu à mon arrivée à Lafayette à l’hiver 1977 et avec qui j’ai partagé la roulotte au Pont Breaux. C’était aussi mon acolyte avec qui je partageais la direction du théâtre cadjin. Cette dernière année 2008, nos échanges par courriel étaient presque quotidiens.
    Il représente pour moi, l’âme de la culture cadjine, une source intarissable de cnnaissances. Puis Dean Louder, qui, à mon retour de la Louisiane a contribué à me faire découvrir l’ensemble de l’Amérique française, à faire le lien entre toutes ces communautés, à me faire aussi découvrir ma propre culture. C’est peut être grâce à lui si aujourd’hui, j’ai un pied à terre chez les Broussard de Kaplan en Louisiane, chez les Lavoie de Saint-Isidore en Aberta et chez les Gallant de l’Ile du Prince Édouard.


  2. La Louisiane française vient de perdre un de ses piliers, une personne pour laquelle j’avais, et aurai toujours, une grande admiration, que j’ai connue en Louisiane en 1975-1976 et qui m’a fait l’honneur et le plaisir de maintenir une amicale correspondance électronique au cours des quelque 6 ou 7 dernières années. Je viens de lire le commentaire de Jean Guilbert, que je connais aussi, et me permets de lui donner mes courriels ici : paulrivard@videotron.ca et paulrivard@hotmail.fr



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