Au terrain de camping Horspitality–oui, HORS–pas HOSpitality, à Wickenburg, en Arizona, assis devant la buanderie à attendre mon lavage, j’entends crier « Hé, le Québécoué, t’es ben loin de chez toé ». Je lève la tête. Un homme d’à peu près mon âge arrive en courant: « Chu du Nouveau-Brunswick, moé, Ronald est mon nom, Ronald Burrell ».
« Éyoù », au Nouveau-Brunswick, je lui demande.
« De Grand Sault » répond-il.
J’ai mon voyage! Puisque plusieurs entrées précédentes sur ce blogue traitent du nord-ouest du Nouveau-Brunswick, les fidèles lecteurs sauront que je connais beaucoup de monde à Grand Sault, des grandes familles: Beaulieu, Morin, Ouellet(te), Michaud, Gervais, Laforge, Laforest, Thériault…mais pas de Burrell. Cela s’explique simplement. Ronald est un anglâs qui vient du secteur du Portage. Et moi, je me tiens près des francophones de l’autre côté de la rivière! La seule famille anglaise que je connaisse est celle des Toner. En apprenant cela, Ronald me demande si je connais « Dickie », son copain d’école secondaire et ancien directeur de l’école John-Caldwell. Évidemment, je connais Earl Toner que tout le monde appelle Dick. Il est marié avec Irma Beaulieu, la plus jeune des dix filles de Lucien et Yvonne Beaulieu de Drummond. Ronald se rappelle la plus vieille des filles Beaulieu, Claudette, mariée avec un Michaud. Il se souvenait vaguement d’une fille Beaulieu mariée avec Red Ouellet, « le meilleur joueur de hockey que j’avais jamais vu dans ma jeunesse et qui a joué une année avec les Bruins ». Cette Beaulieu-là s’appelle Lucille, lui dis-je, et habite aujourd’hui, avec son Red, le quartier de Ronald, presque en face de la maison paternelle où ses parents avaient comme voisins Eddie et Adèle Rioux, bons amis de Lucien et Yvonne Beaulieu.
Ronald me parlait avec affection de sa mère, Agatha, qui a enseigné le « grade 1 » à l’école anglaise Sacred Heart jusqu’à ce qu’elle prenne sa retraite en 1977, mais non seulement d’elle. Il a également mentionné affectueusement une soeur qui lui avait enseigné le français. Excellente pédagogue, Soeur SAM préparait bien ses cours, organisait des jeux, faisaient en sorte que les enfants aiment le français. Soeur SAM (Soeur Andréa-Marie de nom religieux) étaient nulle autre que Viola Léger, « La Sagouine ». Il se rappelait aussi la vocation équestre qu’avaient les garçons de la famille Turcotte. En fait, Ron Turcotte, dont le pont à Grand Sault porte le nom, a piloté, en 1973, Secrétariat au championnat de la Triple Couronne (Kentucky Derby, Preakness, Belmont Stakes). En 1978, lors d’une chute tragique, sa carrière a pris fin prématurément.
Malgré sa grande familiarité avec Grand Sault, Ronald Burrell n’y habite plus depuis 38 ans. En fait, après avoir fini ses études secondaires à Grand Sault, il est parti à Fredericton faire ses études en foresterie à l’université du Nouveau-Brunswick où il a rencontré Elspeth, étudiante en sciences infirmières de la Miramichi (Chatham). Une fois le couple formé, ils partent en 1971 en Colombie britannique poursuivre leurs carrières à Campell River (île de Vancouver). Selon Ronald, les forestiers et les infirmières sont des gens très terre à terre, possédant beaucoup d’affinités qui leur permettent de bien s’entendre et de bien vivre ensemble. Ronald me fait remarquer qu’en dépit des quatre décennies qui le séparent de sa province natale, il se dit toujours « du Nouveau-Brunswick », tandis que Eppie, sa femme, n’assume plus cette identité depuis longtemps, se disant évidemment de « BC ». Selon Ronald, un homme retient toujours ses origines, tandis qu’une femme qui fonde foyer et donne naissance aux enfants s’enracine davantage dans son nouveau lieu. Il ne m’a pas convaincu!
Ce qui est évident, c’est que Ron et Eppie aiment voyager et adorent la présence l’un de l’autre. Le voyage qu’ils réalisent ces jours-ci n’est pas celui qu’ils projetaient à faire il y a quelques mois. Non, ils avaient prévu partir à deux couples et descendre jusque Oaxaca, dans le sud du Mexique, en suivant la côte du Pacifique et revenir vers le Texas en suivant la côte est. L’un des amis qui devait les accompagner a subi une blessure qui lui a empêché d’entreprendre le voyage rêvé. Maintenant ce couple d’anciens Néo-Brunswickois que composent Ronald et Eppie Burrell se dirige tranquillement vers la région du « Big Bend » au sud Texas.
Everett Bowman, champion cowboy 1935-37, né le 12 juillet 1899 à Hope, NM; mort le 25 octobre 1971 à Wickenburg, AZ
Ce matin, à Wickenburg, « cowboy capital of Arizona », selon certains, ils sont en train, eux-mêmes, de faire comme Everett Bowman…comme les Turcotte de Grand Sault, c’est-à-dire monter à cheval.
C’est agréable de voyager avec toi, si loin de la neige.
Un peu pas mal en retard pour vous dire que j’ai adoré votre causerie à la biblio de Grand-Sault en février, je crois. J’aime vous entendre parler de nous et des franco-américains: vous nous acceptez comme on est et de vos paroles se dégage une grande tendresse pour nous. Je peux vous dire que c’est réciproque. Merci.
Je viens de terminer les Soulonnes de Normand Beaupré et j’ai bien reconnu le langage de mon père. Nous sommes plus près d’elle que de la Sagouine ici au Nord du NB.
Moi, j’ai un projet d’écriture qui est JMV (J’écris ma vie). Je ne suis pas avancé mais je suis emballée. Laura trouve ça bien beau.
Merci pour votre intérêt à notre culture.
Mes amis avaient bien aimé votre causerie ici mais on a tous de la peine à mettre sur papier nos pensées et nos sentiments.
Au revoir et voyagez bien et je vous souhaite du beau soleil. Claudette, la soeur à Laura