En arrivant à Oxford, l’une des premières personnes que nous avons rencontrées à la bibliothèque généalogique était « Will » St-Amand. Évidemment, avec un nom pareil, celui qui passe tous ses après-midis à agir comme personne-ressource aux gens en quête de leurs aïeux ne pouvait qu’être Franco. En lui adressant la parole en français, son histoire s’est dévoilée.
Né en 1927 à French Island, au Maine, cette île en face de la petite ville de Old Town, à proximité de l’université du Maine, Wilbrod, fils de Wilbrod et Alice Michaud, connut une jeunesse franco-américaine exemplaire. Cours primaire bilingue sur l’île, sous la direction des religieuses. Cours secondaire à Old Town et premières fréquentations, pour ainsi dire, avec les Penobscot de l’île avoisinante (Indian Island), avec les Irlandais…et bien sûr avec les Yankees. Au fur et à mesure que ses études avançaient, moins il y avait de français. En 1948, il termina son baccalauréat à l’université du Maine. Sa curiosité envers la biologie l’a emmené aux années 50 à l’université du Tennessee où il obtint un doctorat en génétique. Un début de carrière comme chercheur aux laboratoires atomiques d’Oak Ridge, au Tennessee où il faisait des analyses des effets de la radiation sur des souris, avant d’accepter un poste de professeur chercheur à l’université du Mississippi en 1958.
C’est au Tennessee qu’il a rencontré une fille da la Caroline du Sud, Jo Ann O’Quin, qu’il épouserait et qui le suivrait à Oxford comme professeure, elle aussi. Wilbrod dit aujourd’hui, sourire en coin, « Ensemble, nous avons connu une carrière de 50 ans ici! » Une crise cardiaque massive en 2006 lui enleva sa Jo Ann, déjà victime de la maladie d’Alzheimer, tout comme sa belle-mère et sa sœur au Maine. En 2009, « Will » fut récipiendaire du prix Dorris octroyé par le Mississippi Department of Mental Health en reconnaissance de son engagement envers les victimes de cette terrible maladie.
Sa vie en est une de service. On s’en rend compte tous les jours à la bibliothèque. Sauf que son engagement ne s’arrête pas là! Il s’occupe hebdomadairement de la popote roulante, apportant des repas chauds à la population confinée à la maison. Parmi les membres fondateurs en 1965 du club Kiwanis à Oxford, il y poursuit encore son engagement avec ardeur.
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En 2000, mes amis de la région d’Orono, largement descendus des habitants de French Island, ont lancé, avec fierté, un livre, Nos histoires de l’Île, consacré à l’histoire orale des leurs. Aujourd’hui, Will m’a révélé humblement y avoir contribué deux ou trois textes. Il ignorait cependant l’existence du site internet contenant plus de 1 000 photos des résidents de l’île (www.old-town.me.us/nos/home.htm), y compris celles du petit Wilbrod, de son frère de neuf ans plus jeune, Vernon, résident de la région de Détroit, de ses grandes sœurs décédées et de ses parents. Les découvrir à la vue de la planète entière l’a bien épaté!
Photo de mariage, Wilbrod St-Amand et Alice Michaud
Photo de famille, circa 1942
Wilbrod dans les bras de sa soeur, circa 1931