Les Rocheuses séparent l’hiver de l’automne

Malgré les retrouvailles très intenses que je venais de vivre, j’avais assez hâte de me remettre en route et de traverser cette grande barrière continentale qui sont les Montagnes rocheuses de de trouver des températures plus clémentes en Colombie britannique. Je savais bien—tout le monde me le disait—qu’il n’était qu’une question de jours que le Chinook arriverait et ferait fondre toute cette neige tombée sur le sud de l’Alberta le 29 octobre. J’avais déjà reporté mon départ de 24 heures. Malgré le mercure qui indiquait -18, je ne voulais plus attendre.
1601 enneige.jpg
Les chemins secondaires étaient encore enneigés, mais praticables dans la région de Calgary. Par contre, la Transcanadienne était au pavé en ce mardi matin et la circulation retrouvait son rythme. Près de Canmore, les Trois sœurs tout de blanc vêtues surveillent les passants.
1602 3sis.jpg
Avant d’arriver au lac Louise, les gargouillements de mon estomac m’incitaient à faire un arrêt à Banff, ce village, au pied des Monts Norquart, Cascade et Sulphur, tant fréquenté l’hiver comme l’été. Sauf qu’aujourd’hui, nous sommes entre les deux. C’est la basse saison et rien—ou presque—n’est ouvert sur la rue principale, sauf bien sûr l’éternel McDonald’s. J’y entre commander un chocolat chaud. Qu’est-ce que j’entends? Le français! La langue de travail en arrière du comptoir chez McDonald’s à Banff est le français. Nous ne sommes pas nombreux à manger. La dame à table à ma gauche me fait part de sa réflexion : Humph! They come here to learn English and all they do is speak French! Plus ça change, plus ça reste pareil.
Même au mois de novembre, par une température glaciale, les touristes japonais, tout comme moi, admiraient le pittoresque lac Louise et le glacier suspendu du Mont Lefroy.
Enfin, j’arrive au sommet, entre en Colombie britannique et commence ma descente vers Golden en passant par le parc national Yoho. « Yoho » est une exclamation d’admiration et d’émerveillement dans la langue crie, émerveillement inspiré par les parois rocheuses, les chutes spectaculaires et les pics qui s’élancent vers le ciel.
Une centaine de kilomètres plus loin et un millier de mètres plus bas, à l’embouchure du canyon du cheval qui rue (Kicking Horse Canyon), à Golden, on redécouvre l’herbe et une température de 1 degré celsius. Un retour à l’automne !
1603 golden.jpg