Claudine, Cannoise de Californie: « French San Franciso »

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Au printemps 2008, dans la région de la baie de San Francisco, la Délégation du Québec à Los Angeles organisa deux activités, l’une universitaire à Berkeley, l’autre culturelle à l’Alliance française de San Francisco. Aux deux, j’ai eu le bonheur de partager la tribune avec Claudine Chalmers, ressortissante française ayant passé le plus clair de sa vie d’adulte en Californie où elle incarne aujourd’hui le patrimoine français perdu de cette région. Collectionneuse, archiviste, conférencière et auteure, Claudine fut de passage à l’université Laval cette semaine afin de participer au Séminaire de la CEFAN (Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord), consacré ce trimestre-ci à l’étude et à la compréhension de la formation associative en francophonie nord-américaine. Sa prestation intitulée « Mouvements associatifs dans la francophonie nord-américaine : cas particulier de San Francisco », copieusement illustrée de photos et de documents historiques a séduit l’auditoire composé d’une vingtaine d’étudiants qui ignoraient, pour la plupart, l’existence d’un fond français à San Francisco et la réalité francophone de la Californie d’aujourd’hui. Grâce à son exposé et au texte intitulé « Les Québécois au ‘pays des rêves’ : nouveaux enjeux, nouvelles tendances en Californie » écrit par Marc Boucher, ancien délégué du Québec à Los Angeles et actuel délégué à Chicago, publié dans le livre Franco-Amérique (Éditions du Septentrion, 2008), et offert aux étudiants comme complément d’informations, ce manque fut comblé.

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Lucille Guilbert, responsable du séminaire, et Claudine

Venue en Californie pour la première fois à l’âge de 17 ans comme l’un des cinq exchange students—la seule de France—dans une excellente école secondaire à Palo Alto, cette Cannoise a eu la piqûre de la Californie, y revenant pour de bon dix ans plus tard pour fonder foyer (deux fils) et poursuivre son rêve.

En plus de French San Francisco, publié en 2007, Splendide Californie!: Selections by French Artists in California History, 1786-1900, un livre haut de gamme publié en seulement 450 exemplaires, vit le jour en 2001. Tel qu’en témoigne l’extrait suivant tiré d’un numéro récent du bulletin de Sierra Writers, ses intérêts ne se limitent pas au fait français. L’engagement local de cette citadine transplantée au pied de la Sierra est exemplaire.

Even from her native Cannes, France, award winning author, Claudine Chalmers had a fascination with California’s Gold Rush and the artists that captured it. Chalmers’ fascination was more than a fleeting fancy. It became a passion prompting not only her doctoral dissertation but many articles and a 2001 Commonwealth Club of California Silver medal winning book.

In her most recent book, Grass Valley, Chalmers draws on her vast research as well as interviews with local families and museum curators to get at the lesser known local history. Chalmers describes this short book as a “memory lane” sort of experience that despite its length provides the first truly comprehensive look at Grass Valley’s transformation from the Maidu settlement to an industrial mining town. Rare photographs along with histories of the lesser known cultural groups such as African-American and Jewish pioneers help “Grass Valley” to find its place on the shelf among the other Gold Rush history books.

Chalmer’s love for the Gold Rush history brought her from France in 1974. After many years in the Bay Area, she moved to Nevada County where she now lives. After renovating several old Grass Valley homes from the 1890s, Chalmers found that the stories of the houses themselves mixed with her life-long interest in early French artists and pioneers. This propelled her search deeper into the history specific to Grass Valley. An historian and historical conservationist, Chalmers hopes that the light she sheds on corners of the past in “Grass Valley” will add more details to what is known about the region and will encourage the on-going efforts to protect local landmarks and cultural heritage.

Whether you are a writer, an art lover, a historian or just want to know a little more about your local history, an evening with Claudine Chalmers will provide a learning experience for all.

Le passage à Québec de la Cannoise de Californie l’a marquée pour la vie. La beauté des lieux en ce début d’automne, l’accueil des gens à l’université Laval, au Centre de la Francophonie des Amériques, dans les restaurants et dans les rues l’a convaincue que cette première visite à Québec ne sera pas sa dernière !

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Claudine au Bois de Coulonge



Parc des Grands-Jardins: les « Rocheuses québécoises » valent-elles les Rocheuses canadiennes ?

À chaque lecture du blogue familial (crlouder.blogspot.com) de mon fils aîné qui habite l’Alberta, je m’émerveille devant le choix de ses photos. En voici deux prises la semaine dernière lors d’une randonnée au lac Rawson, situé au cœur du « Kananaskis Country », à l’ouest de Calgary.

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Les regardant, j’ai eu envie de vivre ce que Cort et sa famille venaient de vivre et je suis parti par beau temps le vendredi après-midi pour les « Rocheuses québécoises », à 90 minutes de Québec, dans la région de Charlevoix. Depuis des années, je m’étais promis d’escalader le Mont du lac des Cygnes, en marge du parc national des Grands-Jardins. Ce jour est venu le lendemain matin (le samedi 29 août) à 7h30! Malheureusement, le beau ciel bleu de la veille cédait aux nuages gris et au brouillard que je voyais s’approcher de l’Ouest, de la vallée de la Grande rivière de Canada (autrement connue sous le vocable du fleuve Saint-Laurent) au fur et à mesure que je suivais le sentier étroit de 4,1 km menant au sommet, 440 mètres plus haut.

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Une fois rendu, il a fallu que je me couvre car il ventait à écorner les boeufs! Le paysage était devenu alpin, nordique… Du taïga partout, des roches couvertes de lichens. Il ne manquait que des caribous!

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À 360 degrés à la ronde, des vues à couper le souffle :

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Vers le Nord-Est

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Vers l’Est

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Vers le Sud-Est

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Vers le Nord-Ouest et le lac Georges

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Vers le Sud-Ouest

Nos « Rocheuses » valent-elles les « leurs »? Je ne me prononce pas, mais j’ai ma petite idée. D’une chose, je suis certain. Nous avons quelque chose qu’ils n’ont pas, ce grand fleuve qui pénètre le continent, élément vital de la vie d’ici d’antan et d’aujourd’hui. Depuis les Grands-Jardins, on peut en moins d’une heure se rendre à Saint-Siméon, là où le fleuve est le plus beau, embarquer à bord du Trans-Saint-Laurent. Quittant Charlevoix, 65 minutes plus tard, le traversier accoste à Rivière-du-Loup, porte d’entrée du Bas-Saint-Laurent, du Témiscouata et de Kamouraska.

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De la petite visite du Texas: retour à la mère patrie

De passage à Québec pour retracer leur ancêtre et voir le pays dont il était issu, Bertha Leveck-Mendiola de San Antonio et sa fille, Carla de Dallas ont eu recours à mes services. Voici l’histoire qu’elles véhiculent.

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L’ancêtre, Jean-Pierre Lévesque, est né dans la grande région de Kamouraska, probablement près de Rivière-du-Loup vers 1805. Sans doute qu’il était de ces Canayens qui ont décidé au milieu du siècle de s’expatrier dans la très loyaliste province du Nouveau-Brunswick, s’installant dans un premier temps dans la Vallée du Haut-Saint-Jean avant de se marier en 1854 avec Susan Little du comté Queens. Premières noces? Nul ne le sait.

Par contre, on sait que le couple s’est par la suite déplacé aux États-Unis, élisant domicile près de Caribou et de Presque Ile, au Maine. Ils ont eu cinq enfants élevés dans la foi de leur mère, le Méthodisme. L’un d’eux, Coleman, devient le père de Sandy, né en 1900. À 19 ans, l’armistice en Europe signée depuis peu, le soldat Sandy Leveck est posté à McAllen, au Texas, où les forces armées américaines assurent la sécurité le long de la frontière mexicano-américaine. C’est l’époque où Washington se méfie des incursions aux États-Unis du « bandit » Pancho Villa. Sandy y rencontre Elodia McDonald, Mexicaine-Américaine malgré le nom; ils se marient. L’union lui permettra de retrouver sa foi catholique, mais pas son nom Lévesque.

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Bertha, qui garde précieusement dans sa sacoche sa carte de membre de l’Association des Lévesque d’Amérique, est la troisième enfant de Sandy dont elle ne conserve qu’un vague souvenir, car il mort est en 1938, alors qu’elle n’avait que 6 ans. La langue maternelle à Bertha est l’espagnol. Elle trouve formidable de trouver au Québec un pays où tout le monde parle cette autre langue de son patrimoine culture, celle qu’elle ne parle point, le français!

Carla, diplômée de l’université Rice au premier cycle et de l’Université du Texas au deuxième, et inspirée par la vécu de ses ancêtres, poursuit actuellement un doctorat en histoire à Southern Methodist University dont le projet d’étude a pour but d’explorer, dans un cadre comparatif, les relations transfrontalières à micro échelle ayant eu cours dans le sud du Texas et dans le nord du Maine de 1900 à 1930. Autrement dit, elle s’intéresse à découvrir de quelle manière les processus d’ethnicisation et d’internationalisation ont pu jouer dans la vie de tous les jours des habitants des vallées de la Rio Grande et du fleuve Saint-Jean à cette époque charnière.

Le Québec, mère patrie! Faut le dire et le redire, car il s’agit là d’un aspect majeur de sa spécificité.


De la grande visite du Dakota du Nord : retour à la mère patrie

Il y a 130 ans, la Mauricie, comme le Québec tout entier se vidait. Exode vers la Nouvelle-Angleterre, exode vers le nord de l’Ontario, exode vers le Midwest américain et vers le Dakota du Nord, en particulier. Les Martel de Trois-Rivières, les Richard de Mont-Carmel, les Brunelle de Batiscan, les Pronovost de Saint-Narcisse et ainsi de suite.

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La semaine du 27 juillet, c’était un retour au pays—à la mère patrie—pour des descendants de ces Canadiens français partis si loin faire fortune. Dans le cadre du programme des Initiatives en français Midwest, organisme fondé en 2004 et dirigé par Virgil Benoît, professeur à l’université du Dakota du Nord, 28 « survenants » se sont pointés aux portes du Québec dans le but de visiter les lieux de leurs ancêtres. En route, afin de renouer avec des Franco comme eux et d’en découvrir d’autres, ils firent escale à Duluth, au Minnesota, à Marquette, au Michigan, à Sault-Sainte-Marie, à Sudbury et à Ottawa.

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Virgil Benoît

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Au Québec l’autobus s’arrêta, tour à tour, à Montréal, à Trois-Rivières et à Québec. La journée du 31 juillet, passée largement à l’Île d’Orléans, fut particulièrement riche en découvertes et en émotion. C’est à Sainte-Famille, à la Maison de nos aïeux, à la suite d’un excellent repas aux mets traditionnels offerts au Relais des Pins, que certains ont pu obtenir de précieuses informations sur l’endroit précis où leur ancêtre eut frôlé pour la première fois le sol canadien.

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Janice Parrow (Perreault) et sa fille, Laska, de Minneapolis, se réjouirent de trouver à quelques centaines de mètres de la Maison le monument érigé à l’honneur de leur ancêtre David Létourneau, le premier à porter ce nom en Amérique.

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Myron Senechal (au Dakota le nom aurait perdu ses accents au cours des décennies), très ému en retrouvant le lieu de son ancêtre, Jean Côté, prononça d’une voix tremblante, ces mots : « I’m home ». Au lendemain matin, lors des adieux, à mon tour d’être ému lorsque Myron s’avança du fond de l’autobus pour m’embrasser en murmurant ces remerciements : « Thank you, Dean, ô thank you for helping me find my family! »

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Les « quatre femmes Savard » (Donna Crawford et Barbara Barth, mère et fille, Barbara Lehman, sœur de Donna et Evelyn Landis, cousine des trois autres), tenaient à visiter la maison des Savard dont elles avaient déjà vu une photo. En soirée donc, elles se rendirent au 170, rue Giroux à Loretteville, résidence habitée sans cesse par un Savard depuis sa construction il y a 250 ans. À l’entrée, les quatre dames se font poser devant le monument de Simon Savard, charron, et son épouse, Marie Hurdouille.

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À la surprise de toutes, Yvette Savard, 85 ans, les reçoit sur le perron, accompagnée de deux autres Savard et leurs conjoints, l’une de Californie et l’autre de l’Ancienne-Lorette, deux sœurs. La visite de cette maison ancestrale, meublée avec goût en respectant l’histoire et la tradition, se fait littéralement de fond en comble. Mme Yvette est si fière de l’ouvrage qu’elle a sur ses deux métiers et de ses albums souvenirs qu’elle partage avec ces femmes venues de loin.

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Les « anciens Canadiens » qui ont rendu visite la semaine dernière à leur mère patrie sont tous partis le cœur rempli de joie, d’amour et de reconnaissance. Qu’est-ce que le Québec et les Québécois peuvent offrir de plus?