Le liseur: version de Jacques Poulin

En 2009, Kate Winslet a remporté l’Oscar de meilleure actrice pour son rôle dans The Reader (Le liseur, en traduction). Cette même année, dans son roman L’anglais n’est pas une langue magique, Jacques Poulin nous livre une autre version du Liseur. Il s’agit d’un petit roman (156 pages en format de poche) qui se situe quelque part entre son chef d’œuvre Volkswagen Blues (1984) et l’autre petit classique, La tournée d’automne (1993) et qui fait suite à La traduction est une histoire d’amour (2006).

DSC01221

C’est l’histoire de Francis, petit frère de Jack Waterman qui a parcouru le continent il y a un quart de siècle en VW minibus à la recherche de son frère Théo (métaphore du Canadien à la recherche des Canadiens errants). Dans ce nouveau roman, le grand frère, vieillissant et mal en point, essaie péniblement de terminer son grand roman sur l’odyssée des Français en Amérique. Dans son appartement au douzième étage de la Tour du Faubourg, dans le quartier Saint-Jean-Baptiste de Québec, il doit souvent faire appel à Francis, logeant au premier, qui, en tant que lecteur invétéré à la mémoire photographique, maîtrise mieux que lui les dates précises et l’ordre des événements. Parfois Jack appelle Francis en pleine nuit pour que celui-ci fouille dans ses souvenirs ou lui fasse part du mot juste. Oui, même si Francis n’a pas étudié la littérature comme Jack, il se débrouille bien dans la vie. Il est lecteur sur demande. C’est son métier. Parmi ses clients la mystérieuse Madame Marianne de la rue de Bernières, Limoilou, une jeune fille en retraite à l’île d’Orléans qui porte encore aux poignets les cicatrices qu’elle avait à la fin de La traduction est une histoire d’amour, Chloé, une jeune fille dans le coma depuis un accident de moto s’étant produit dans la grande côte de Baie-Saint-Paul et Alexandre, 12 ans, en attente d’une intervention cardiaque à l’hôpital Laval. De puissants liens de respect et d’amitié se créent entre le liseur et ses « clients » rappelant—comme dans le film—les bien faits de la lecture à haute voix.

Francis vit bien son complexe de petit frère. Il se prend pour Henri Richard. Et comme le « pocket rocket », il prend des ailes au moment où le grand frère n’est plus autant en possession de ses moyens, au moment où il accroche ses patins en achevant péniblement son grand essai sur les Francos d’Amérique. Après avoir fait l’amour avec Marine, une fille de son âge qui n’avait jusque-là d’yeux que pour le grand frère, le complexe se volatise: « À la fin [de l’acte], je n’étais pas sûr d’être encore un petit frère ».

Pour le géographe que je suis, ce qui fascine dans l’œuvre de Jacques Poulin, encore plus que la clarté de la langue et la simplicité du récit, c’est sa capacité de manier, à l’intérieur d’un seul chapitre et parfois d’un seul paragraphe le jeu d’échelles. Il passe du local (Francis dans sa Mini Cooper sillonnant les rues de la ville de Québec au temps moderne) à l’échelle du continent (la remontée du Missouri par l’expédition de Lewis et Clark au temps ancien). Le travail de lecteur professionnel, de liseur, permet de mettre en valeur l’expérience française en Amérique du Nord et de suggérer à son grand frère, Jack, le titre de son magnum opus : L’Anglais n’est pas une langue magique.

Pour le voyageur en Franco-Amérique que je suis, cela fait plaisir de voir confirmer dans la littérature ce dont moi et d’autres, comme Serge Bouchard de l’émission des Remarquables Oubliés, essayons de faire la promotion.

De mon côté, dit Francis, je me réjouissais de constater que le parcours des explorateurs était jalonné de noms français. Noms de villages, de forts, de cours d’eau, de collines mais aussi de voyageurs, de guides, d’aventuriers, de traiteurs de fourrures. Ils s’appellent Loisel, Dorion, Laliberté, Lepage… Leurs noms avaient des consonances familières et je les prononçais avec d’autant plus de respect que l’Histoire les avait oubliés.


Fusions, défusions et intercommunalité : prétextes pour un séjour au Québec

Sous la direction du professeur François Hulbert, anciennement de l’université Laval, Larbi Meftah prépare une thèse de doctorat à l’université de Metz, en France. Son sujet : « l’intercommunalité ». Il semblerait qu’un séjour au Québec où les fusions forcées de 2002, suivies en 2003, l’année de l’arrivée au pouvoir des Libéraux de Jean Charest qui permit la défusion des municipalités la désirant, puisse contribuer à la réflexion sur les relations entre les « communes » (municipalités) en France. Voilà donc le but du court séjour de Larbi à Gatineau, à Montréal et, bien sûr, à Québec où il a profité de la belle température du printemps pour explorer la vieille capitale et sa région, assister au Salon international du livre de Québec et sentir la fièvre des séries éliminatoires de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Comme boni, il a pu goûter à la merveilleuse cuisine de Mme Charlotte.

DSC01213

DSC01215

Après une tournée de la rive nord (nouvelle ville de Québec) organisée par Martine Freedman, étudiante au doctorat en géographie à l’université Laval, Larbi, en ma compagnie, emprunta le traversier, Lomer Gouin, pour atteindre la rive sud et explorer la nouvelle ville de Lévis, depuis Beaumont et le site proposé pour l’installation du port méthanier préconisé par les promoteurs du projet Rabasaka et opposé par les chercheurs du GIRAM (Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu), jusqu’à la limite occidentale de la ville à Saint-Antoine-de-Tilly. Le tour comprenait également un arrêt à la Marina de la Chaudière, en face des deux grands ponts, et des visites aux anciennes municipalités fusionnées de l’arrière pays : Saint-Louis-de-Pintendre, Saint-Jean-Chryostome et Bernières.

DSC01216

Au Salon international du livre, Larbi fit la connaissance de l’animateur Laurent Laplante, bon ami de son directeur de thèse, et de son invité Gaston Cadrin, principal auteur de Rabaska : autopsie d’un projet insensé (Montréal, Fides, 2009). Invités par Cadrin à nous rendre chez lui, à proximité du site du port honni, c’est là que notre tournée s’entama.

Pour permettre à un jeune Berbère de connaître la culture populaire de Québec, quoi de mieux qu’une participation à un match des Remparts, cette équipe de hockey composée de certains des meilleurs joueurs de 16 à 20 ans au pays—d’autant plus que Larbi n’avait jamais vu patiner? Ce soir-là, nous sommes bien tombés, car les « Diables rouges », comme on les appelle, affrontaient, lors de l’ultime match d’une série de sept, en quart de final du tournoi de championnat, les Aigles du Cap-Breton, équipe de Nouvelle-Écosse. Au Colisée de Québec, avec 15 000 autres amateurs, tous de rouge vêtu, nous avons assisté au travail magistral du gardien de but des Remparts, Charles Lavigne, qui a enregistré son deuxième blanchissage de suite de l’adversaire par la marque de 3-0.

DSC01218

Enfin, autre source de satisfaction pour le visiteur de France que la « fast food » nord-américaine répugne et dont le prix de la gastronomie québécoise peut dépasser ses moyens : repas pris chez Mde Charlotte, situé sur la première avenue à Limoilou. À deux pas du Colisée et à un pas de l’hôpital Saint-François d’Assise, le sourire aux lèvres et la voix chantante, Mme Charlotte reçoit, cuisine et sert. Ce petit restaurant à l’écart des sites touristiques et des voies les plus achalandées de la ville est un havre de paix et l’un des secrets les mieux gardés de Québec. Fermant son restaurant les fins de semaine, du lundi au vendredi de 8h30 à 20h, Charlotte ouvre grandes ses portes pour offrir un menu santé—sans friture aucune—à des prix variant entre 6$ et 12$, comprenant soupe du jour, plat principal et salade, dessert, thé ou café.

DSC01219

Larbi, grand buveur de thé, comme la plupart des Marocains, trouva celui de Mme Charlotte particulièrement bon et copieux.


Héloïse, Malcolm et moi

Le lancement l’autre jour d’un livre paru en anglais en 1972 fut pour moi l’occasion de grandes réjouissances. Pas parce que Notre parti est pris m’épatait particulièrement–je ne le connaissais pas–mais parce que l’une de mes anciennes étudiantes, Héloïse Duhaime, en avait assuré la traduction. Ensemble, Héloise et moi avons vécu des moments forts en Franco-Amérique. Je voudrais en raconter deux ici avant de placer un mot au sujet du livre de Malcolm Reid.

200904110752.jpg

À l’automne 1995, Héloïse s’est inscrite au cours Le Québec et l’Amérique française offert par mon collègue Cécyle Trépanier et moi au Département de géographie de l’université Laval. Il s’agissait d’un cours qui comportait une excursion en « milieu minoritaire », là où les francophones constituent une minorité significative de la population. Ce trimestre-là, nos avons opté pour l’Ontario français. C’était avec trépidation que notre petite bande lavalloise a quitté Québec à destination de Sudbury. Voici ce qui, à la suite de l’excursion, fut consigné à mon journal de bord:

De retour en Nouvel-Ontario pour la première fois depuis 1983, nous avons passé la soirée du deuxième référendum québécois sur la question nationale (celui du 30 octobre 1995) dans les locaux des étudiants franco-ontariens de l’université Laurentienne. Que d’émotions [au lancement du livre de Malcolm Reid, Héloïse me rappela la tension palpable de cette soirée-là] ! À quelques exceptions près, les étudiants de l’université Laval, qui avaient déjà voté par anticipation, manifestaient une préférence pour l’option souverainiste soit pour le OUI, tandis que les Franco-Ontariens semblaient unanimement en faveur de l’option fédéraliste, soit pour le NON. Inutile de dire qu’en début de soirée l’inquiétude régnait du côté franco-ontarien. Lorsqu’en fin de soirée, les résultats commençaient à rentrer de Montréal et que la flèche rouge (NON) se rapprochait petit à petit de la flèche bleue (OUI), les sourires revenaient. Et quand le résultat du vote de Westmount, riche ville anglophone, fut affiché (plus de 95% en faveur du NON), les Franco-Ontariens ne pouvaient plus contenir leur joie. Ils rompaient de manière non-équivoque les liens de solidarité historique, culturelle et linguistique entre eux et le Québec et se ralliaient autour du plus grand symbole de la domination anglaise au Québec!

Pour Héloïse et les autres étudiants québécois, c’était une belle leçon…dure à avaler cependant. Dans le contexte canadien, devant les exigences et réalités politiques du moment, la solidarité historique, culturelle et linguistique a ses limites. Se rendant compte de la précarité de leur position au sein d’une fédération canadienne ne pouvant plus compter sur le Québec comme l’une de ses composantes, les communautés franco-canadiennes ne peuvent que souhaiter un Québec le plus fort possible, mais toujours lié par les règles de confédération. Aux yeux de la plupart, leur survie en tant que groupe en dépend!

L’automne suivant (1996), j’ai eu le bonheur d’aider Héloïse à réaliser l’un de ses rêves: visiter la Louisiane. Dans une salle de cours à Pointe de l’Église, en compagnie de Mme Porter, une septuagénaire qui venait à l’école converser en cadien avec les élèves, nous avons eu le plaisir de nous initier aux programmes d’immersion française à la louisianaise.

SCAN0046

SCAN0049

SCAN0047

N’ayant vieilli d’un iota en douze ans, ni l’un ni l’autre, Héloïse et moi, nous trouvions de nouveau ensemble cette semaine à la librairie « Le Vaisseau d’or » pour marquer la publication de Notre parti est pris, traduit deThe Shouting Signpainters, publié en 1972 à New York (Monthly Review Press) et à Toronto (McClelland and Stewart) et pour souligner l’excellent travail de traduction réalisé par Héloïse qui, après avoir étudié à Laval et terminé un baccalauréat en communications à l’université de Sherbrooke, est en voie de terminer sa maîtrise en traductologie à l’université Concordia.

DSC01212

Ce livre de Malcolm Reid que l’historien de Québec, Jean Provencher, qualifie en préface de « oeuvre de passeur » est le reflet d’une époque. Le jeune Canadien anglais d’Ottawa débarque au Québec à la fin des années 1960, brûlant, comme Provencher le dit, d’être en prise directe avec ce que vit le Montréal français. Sans complaisance et toujours avec empathie, Reid arpente la ville, observe les gens, s’interroge… Shouting Signpainters fera le point sur cette expérience en cherchant à interpréter les événements et les personnages et à les faire comprendre à l’autre Solitude. Le livre fut bien reçu au Canada, aux États-Unis et en Angleterre. Un livre qui a fait son temps? Sûrement pas, car maintenant, richement illustré par l’auteur lui-même (voir les deux exemples ci-après), l’oeuvre du passeur continue, sauf que la passation se fait à la nouvelle génération de Québécois, dont la traductrice, qui n’a pas connu l’époque des « Partipristes ». Terminons par ces paroles de l’auteur de la préface:

Le passeur continue de s’interroger. Mais qu’il sache que si, en son temps, il s’était fait passeur de savoir auprès de ses compatriotes de langue anglaise, il devient maintenant, grâce à cet ouvrage traduit avec doigté par Héloïse Duhaime, passeur de mémoire auprès des jeunes Québécois d’aujourd’hui qui n’ont pas connu cette époque où des gars, des filles, de leur âge espéraient « éveiller les consciences à la révolution »,


200904111059.jpg200904111101.jpg


Courir un marathon pendant la Semaine internationale de la Francophonie (SIF)

Enfin, c’est terminé! C’était long à préparer et long à courir, mais les résultats furent plus que satisfaisants. En fait, il s’agissait, à la demande de deux délégations du Québec aux États-Unis, celles de Chicago et de Boston, de réaliser une tournée sur leurs territoires respectifs afin de faire connaître la Franco-Amérique, le livre et le concept. Au matin du 19 mars, donc, j’ai pris mon envolée à Québec, destination Chicago, pour prononcer le soir même à l’Alliance française de Chicago, devant 80 personnes, une conférence intitulée « In Search of la Franco-Amérique : Diary of a Vagabond Prof ». Oui, conférence en anglais à l’Alliance française, car plus que la moitié de la salle ne parlait pas la langue de Molière, ni celle de Vigneault. Le vin et fromage, organisé sous la direction du délégué, Marc T. Boucher, qui suivit la conférence fournissait l’occasion de rencontrer de nombreux francophones d’Europe et du Québec qui habitent la région de Chicago et qui profitent de l’Alliance pour se rencontrer, ainsi que des francophiles de toute provenance qui se servent de l’Alliance pour parfaire la langue qu’ils aiment tant.

DSC01177.JPG

Rendez-vous le lendemain à Kalamazoo, au Michigan, où une quarantaine d’étudiants de deuxième et troisième cycles et des professeurs en géographie et en études canadiennes nous attendaient. Bien que le titre de la conférence ait demeuré le même, le contenu fut légèrement modifié en fonction de l’auditoire. J’ai insisté davantage sur l’importance de Samuel de Champlain, premier géographe de l’Amérique et sur ses exploits. J’ai également ouvert la porte à une discussion du Fort Saint-Joseph, fondé en 1691 par les Français à environ 75 kilomètres au sud de Kalamazoo. Deux faits saillants de ce court séjour à Western Michigan University : (1) voir l’exposition bilingue à la bibliothèque sur la persistance de la présence française en Amérique; (2) dormir dans l’ancienne maison du recteur avec ses meubles d’époque et son décor de bon goût.

DSC01181.JPG

Retour à Chicago le samedi matin, sans y faire halte, car le rendez-vous en soirée était à Milwaukee, fondée en 1825 par Salomon Juneau, de l’Assomption, au Québec. Son effigie domine le parc qui porte son nom au centre-ville, à cinq kilomètres de l’Alliance française, lieu de la conférence—en français cette fois-ci : « Carnet d’un vagabond instruit en quête de la Franco-Amérique ». Une trentaine de personnes, assises les unes sur les autres dans une petite salle surchauffée ont écouté attentivement mon propos pendant plus d’une heure et demie. Français, Belges et Américains francophiles dont un ancien « draft dodger » ayant pris refuge au Canada en 1969. Ce dernier avait trouvé un emploi au gouvernement fédéral à Hull et avait appris le français aux frais de la Reine. À la suite d’un divorce d’avec une Québécoise et de l’amnistie offerte par Jimmy Carter aux déserteurs de la guerre au Vietnam, celui-ci est rentré chez lui à Milwaukee.

DSC01190.JPG

DSC01192.JPG

Le 22 mars, journée de congé, mais aussi journée de voyage de Chicago à Boston où quatre autres conférences m’attendaient. Mon « chauffeur » et mon accompagnateur, Tim Rogus, de la délégation de Chicago m’a laissé à l’aéroport avant de se départir de notre belle Cadillac blanche, un « up grade » de la compagnie Enterprise.

Tôt le lundi matin, afin de passer une dizaine de minutes avec la déléguée, Mme France Dionne, j’ai trimballé ma valise dans le métro depuis le Harvard Square Hotel à Cambridge aux magnifiques bureaux de la Délégation du Québec, situés au cœur du district financier de Boston. En début d’après-midi, accompagné de Maël Solen Picard, employé à la Délégation, départ vers New Haven, au Connecticut, où une vingtaine d’enseignants et d’enseignantes du français au niveau secondaire, ainsi que quelques « amis du français » nous attendent au Center for the Teaching of French à l’Université Yale. Évidemment, la conférence se déroulera en français. Un souper québécois suivra et la discussion tournera autour de l’épineux problème de faire valoir l’enseignement du français dans un contexte qui valorise davantage l’espagnol et le chinois—deux langues perçues comme étant plus utiles!!

Au lendemain, deux conférences au Massachusetts, la première en études canadiennes à Bridgewater State College devant une cinquantaine d’étudiants et de professeurs en études canadiennes. Me basant sur une réception plutôt tiède en études canadiennes à Western Michigan, mes attentes à Bridgewater étaient peu élevées. Belle surprise, dans un amphithéâtre magnifique orné du drapeau canadien et équipé au dernier cri, j’ai eu droit aux louanges de la foule! Quelques heures plus tard, à l’Institut français du Collège de l’Assomption, l’une des importantes institutions franco-américaines, je me trouvais devant une salle presque vide (une quinzaine de personnes) pour parler en anglais. Me sentant mal à l’aise de parler anglais en milieu franco, j’ai négocié un compris : conférence prononcée en anglais appuyée par un support Power Point en français.

CIMG2135

CIMG2136

Le lendemain soir à Nashua, au New-Hampshire, ayant changé de chauffeur et d’accompagnateur (Marc-Antoine Bédard), nous nous trouvions devant une poignée de jeunes étudiants anglophones et beaucoup de Franco-Américains âgés (une quarantaine) qui parlaient français. La formule de la veille s’est donc imposée. : paroles prononcées de la tribune en anglais, images et textes à l’écran en français.

SIF terminée, marathon couru, public gagné, j’ai profité d’une journée de flânerie à l’université Harvard où une mère (Eleanor Elkins Widener) a fait don à l’université le 24 juin 1915 d’une bibliothèque, érigée à la mémoire de son fils, Harry Elkins Widener, ancien de Harvard, mort le 24 avril 1912 à bord du Titanic. Beau cadeau et bel hommage!

DSC01195.JPG

Enfin, pour me rappeler que mon séjour tirait à sa fin et que je rentrerais bientôt au Québec, les voix de quatre jeunes cégépiens de Shawinigan assis sur les marches de l’église Mémoriale de Harvard. Bénéficiant d’un court stage à Boston, offert dans le cadre de leur programme de design architecturel, ils réalisaient des croquis de la Widener. De temps en temps, on entendait un gros « tabarnak » et un petit « crisse ». Certains Québécois ont le tour de se faire remarquer!

DSC01196.JPG


Retour au « chalet lointain » … et au travail

Voyager du sud au nord en plein mois de février, de l’Arizona-sud (Arizona) à l’Arizona-nord (Alberta) n’est pas une sinécure. Quelle expérience déprimante! De +25 celsius à -25! Aussitôt arrivé en Utah, la neige a « poigné » dans les hauteurs. Entre Kanab et Panguitch, il ne fallait pas rouler à plus de 50 km à l’heure et surtout ne pas dépasser. Je me retrouvais au Québec, mais sans pneus d’hiver! Redescendu dans les vallées, à moins de 4 000 pieds d’altitude le beau temps reprenait! Entre Circleville et Sigurd, une autre chaînette de montagnes, autre tempête, autre manque de visibilité. Enfin à Richfield, beau soleil, mais à Salina, à 25 km plus loin, impossible de voir à 100 mètres. Voilà, l’histoire de ma traversée hivernale du corridor que l’on appelle le «Intermountain West », d’un Arizona à l’autre. Pourquoi deux Arizonas? C’est que l’Arizona et l’Alberta se ressemblent à bien des égards. D’abord, les deux sont désertiques, les pratiques agricoles assujetties à des techniques d’irrigation très sophistiquées. Certains comportements sont identiques. Le port du chapeau et de bottes de cowboy et la conduite de « pick-up » sont courants. La politique est conservatrice et le rodéo très populaire. Il y a un quart de siècle, dans son ouvrage intitulé Nine Nations of America, le journaliste au Washington Post d’origine franco, Joël Garreau, baptisa ce vaste territoire s’étendant depuis le moyen nord albertain au Rim Mogollon en Arizona, le « empty quarter » Voilà une autre caractéristique partagée par les deux Arizonas, nord et sud, ainsi que par tous les États se trouvant entre les deux: Montana, Idaho, Utah et Nevada. De loin, l’Alberta est la plus états-unienne des provinces canadiennes!

Malgré tout le travail qui m’y attendait, c’était avec soulagement que j’ai enfin retrouvé mon « chalet lointain » à Raymond » (voir ce blogue en date du 30 juillet 2008). Depuis, la rédaction d’un article Carnet d’un vagabond instruit.doc qui fera partie du numéro 154 de la revue Québec Français consacré à la Francophonie des Amériques et la préparation de deux conférences à base de Power Point, l’une en français, l’autre en anglais m’ont tenu assez occupé. Les conférences seront prononcées entre les 19 et 26 mars dans le Midwest (Chicago, Kalamazoo, Milwaukee) et le Nord-est (New Haven, Bridgewater, Worcester et Nashua) des États-Unis. Une séance de rodage en anglais est prévue pour Lethbridge, en Alberta, le soir du 2 mars. Une autre, en français, dix jours plus tard, à Grand Sault, au Nouveau-Brunswick.

P1100098

Donc, bientôt un retour au bercail!