Du theâtre d’été à Cardston, AB

Les fidèles lecteurs de ce blogue se rappelleront le billet écrit en octobre 2003 sur Cardston Petit village fondé en 1887 par les Mormons polygames en fuite de la justice américaine, ce village de quelques 3 000 habitants, offre du théâtre digne de Broadway! Quatre, cinq ou six fois par semaine, pour la vingtième année consécutive, du 30 juin au 22 août, dans la vieille salle de cinéma Palace/Mayfair, transformée en 1992 en Carriage House Théatre, 12 jeunes artistes locaux présentent des comédies musicales de haute gamme.

P1100252.JPG

Maison du fondateur Charles Ora Card.

P1100254.JPG

Cette année au programme, trois pièces présentées en alternance. D’abord, celle rendue célèbre en 1952 par Gene Kelly, Donald O’Conner et Debbie Reynolds, Singin’ in the Rain. Ensuite, le spectacle produit pour Broadway en 1984 sur la vie et l’œuvre de la compositrice pop américaine, Ellie Greenwich, Leader of the Pack. Enfin, une pièce forte originale sur un thème biblique, l’arche de Noé. En plus de divertir, cette comédie musicale des années 1990, intitulée simplement The Ark, porte un message moral puissant mettant en évidence les rapports intergénérationnels au sein de la famille, que ce soit celle d’aujourd’hui ou d’autrefois.

P1100258.JPG

J’ai adoré la musique retro de Leader of the Pack et m’émerveillais devant l’énergie dépensée par les jeunes danseurs et musiciens, mais comparée à L’Arche, cette pièce manquait de finesse et de savoir-faire et ne laissera pas de trace indélébile dans le souvenir.

P1100257.JPG

P1100259.JPG

À un moment critique de leur histoire, Jean Chrétien a rassuré les Québécois que les Rocheuses leur appartenaient ! Ils continuent à y aller en grand nombre, mais surtout vers les parcs nationaux bien connus comme Banff et Jasper, vers le pittoresque lac Louise et vers l’horrible West Edmonton Mall. Qu’ils découvrent que collés sur la frontière avec le Montana, à l’extrême sud de l’Alberta, existent un autre parc national montagneux (Waterton Lakes) et au pied de ces montagnes, une belle région dont la culture est unique et dont la vie culturelle rivalise avec celle des grands centres.

map


Hoodoo ! Connais-tu ?

La rivière au Lait, telle que baptisée par les éclaireurs canadiens-français faisant partie de l’expédition de Lewis & Clark à cause de sa couleur, prend son origine dans le coin nord-ouest de l’État du Montana, à quelques kilomètres de la petite ville de Browning, à proximité du Parc national Glacier : « the water of this river possesses a peculiar whiteness, being about the colour of a cup of tea with the admixture of a tablespoonfull of milk. from the colour of its water we called it Milk river ». (Journal de Meriwether Lewis)

P1100206.JPG

Elle coule sur une distance de 1 173 km, le long de la frontière canado-américaine, tantôt en Alberta, tantôt au Montana, avant de se jeter dans le Missouri, faisant de la « Milk » le tributaire le plus septentrional du bassin versant du Mississippi. À 45 km à l’ouest du village albertain de Milk River, presque au pied des Collines à l’herbe douce (Sweetgrass Hills) se trouve le parc provincial Writing-on-Stone, domaine des hoodoo, ces étranges formations géologiques en champignon, créées par l’action érosive sur grès de l’eau, du vent et du givre.

P1100218.JPG

P1100214.JPG

P1100226.JPG

P1100243.JPG

L’endroit est au cœur du territoire traditionnel de la nation des Pieds-Noirs qui comprenait des Piegen, Kainai et Siksika. Il constitue pour eux un lieu sacré. Pendant au moins 3 000 ans, ces peuples nomades parcouraient cette vallée en laissant des traces. Des pétroglyphes rappellent leur vécu, leurs cérémonies et des événements saillants marquant leur culture.

P1100227.JPG

Ici, grâce à l’abondance d’eau, de viande, de poisson et de petits fruits, le milieu naturel les soutenait physiquement. Les majestueux peupliers de la prairie, longeant la rivière les abritaient des vents qui y soufflent sans cesse. Spirituellement, ils tiraient force des puissances surnaturelles qu’ils croyaient habiter les falaises.

P1100223.JPG

La signification et l’originalité du lieu sont telles que Parcs Canada, propose à l’UNESCO, sous le nom Áísínai’pi, qui veut dire en Niitsítapi « il est dessiné » ou « il est écrit » , sa candidature comme site du Patrimoine mondial.


La fête des pères à Mossleigh, AB

À mi-chemin entre Calgary et Lethbridge, à l’écart de la route 2, la plus achalandée entre les deux centres, sur la route provinciale 24, à 40 km au nord de Vulcan, se situe Mossleigh, population si faible que l’endroit n’est même pas mentionné dans l’atlas routier Rand McNally des États-Unis et du Canada. Impossible d’y trouver de quoi de bon se mettre sous la dent, se dirait-on. Détrompons-nous! Depuis deux ans, en plein champ, adjacent au centre paysagiste bien côté, Aspen Crossing, le gourmet peut se régaler! Il s’agit de s’asseoir dans la salle à dîner du magnifique wagon Pullman, fabriqué à Chicago en 1887, ou dans son petit salon, et de patienter un peu en admirant le palpitant panorama aux couleurs printanières. Selon la légende, c’est dans cette voiture que John Diefenbaker parcourait le Canada pendant son mandat (1957 à 1963) de 13e Premier Ministre du pays, justifiant ainsi son emplacement ici dans la Prairie, région que le « vieux lion » aimait tant.

DSC01264.JPG

DSC01266.JPG

DSC01263.JPG

DSC01261.JPG

La saison estivale s’annonce séduisante et appétissante. Les 13 et 14 juin il y eut un étalage prodigieux de trains en miniature; les 20 et 21 juin, ce sera l’occasion de multiples buffets pour souligner la fête des pères.

DSC01260.JPG


A rose is a rose…mais une tulipe n’est pas une tulipe!

Depuis 56 ans, grâce à son Festival canadien des tulipes, Ottawa, s’affiche comme capitale de la « girafe des fleurs » (Tulipa) en Amérique du Nord. Or, la capitale nationale n’a rien à envier à la capitale fédérale en ce qui concerne la beauté et la noblesse de ses tulipes. J’en ai eu la preuve la semaine dernière lorsque j’ai eu l’occasion de visiter les deux.

Le Festival canadien des tulipes, est né en 1953 sous le signe de l’amitié internationale. En fait, à l’automne 1945, la princesse Juliana des Pays-Bas a fait cadeau de 100 000 bulbes de tulipes à Ottawa, en reconnaissance de l’accueil que la famille royale en exil y a trouvé, pendant la Deuxième guerre mondiale, ainsi qu’en guise de remerciement du rôle assumé par des soldats canadiens dans la libération de son pays. Le Festival s’est déroulé cette année sur quatre sites dont un seul consacré aux fleurs (Parc des Commissaires). Les trois autres servent davantage aux activités ludiques ou culinaires. Devant l’hôtel de ville, le Chapiteau miroir accueille le monde en mesure de payer le gros prix pour assister à des spectacles ou des conférences d’envergure (Rick Mercer, Margaret Atwood, Angela Davis, Gilles Vigneault…). Au Parc Major’s Hill, en arrière de la colline parlementaire, les familles avec jeunes enfants peuvent se payer des tours de manège et au Parc Landsdowne s’installent des kiosques d’une quarantaine de pays. Des représentants de chacun d’eux préparent sur place et vendent leurs mets. Difficile à comprendre ce que ces trois sites ont à voir avec des tulipes. Donc, revenons à celles-ci.

Le Parc des Commissaires, situé sur les rives du lac Dow, genre de méandre artificiel du Canal Rideau, se transforme en mai en véritable jardin. De nombreuses plates-bandes regroupent des tulipes de diverses provenances. Le promeneur s’étonne de la grande variété de fleurs, de la multitude de couleurs et de la densité des plantations.

P1100129.JPG

P1100131.JPG

P1100134.JPG

P1100133.JPG

P1100138.JPG

À Québec, l’équivalent du Parc des Commissaires serait le Parc du Bois-de-Coulonge. Autrefois connu par le nom de Spencer Wood, l’endroit a été de 1870 à 1966 le lieu de résidence des lieutenant-gouverneurs du Québec. Sur 24 hectares, ce domaine est aujourd’hui un parc public qui porte en héritage des bâtiments patrimoniaux et qui recèle des espaces boisés et des aménagements horticoles. Au printemps, c’est ici que se trouve la plus grande concentration de tulipes à Québec. Malgré son cachet particulier, en 2009, le Bois de Coulonge demeure l’un des secrets les mieux gardés de la ville.

P1100158.JPG

P1100154.JPG

Bien que moins diversifiées de point de vue espèces, couleurs et formes, les tulipes ici sont néanmoins imposantes par le nombre et par la beauté. L’encadrement des plates-bandes au cœur d’une forêt urbaine rend d’autant plus ébouriffant le spectacle floral.

P1100146.JPG

P1100147.JPG

P1100153.JPG

Heureux de m’être aventuré à Ottawa pour voir ses tulipes, mais déçu de ne pas en avoir vues autour du Parlement, je me contenterai dorénavant des miennes, celles de la ville de Québec, voire celle de l’avenue Maguire. Les gens de la ville de Québec sont choyés, prenez-en ma parole ! A rose is a rose….une tulipe une tulipe ?

P1100143.JPG


Courir un marathon pendant la Semaine internationale de la Francophonie (SIF)

Enfin, c’est terminé! C’était long à préparer et long à courir, mais les résultats furent plus que satisfaisants. En fait, il s’agissait, à la demande de deux délégations du Québec aux États-Unis, celles de Chicago et de Boston, de réaliser une tournée sur leurs territoires respectifs afin de faire connaître la Franco-Amérique, le livre et le concept. Au matin du 19 mars, donc, j’ai pris mon envolée à Québec, destination Chicago, pour prononcer le soir même à l’Alliance française de Chicago, devant 80 personnes, une conférence intitulée « In Search of la Franco-Amérique : Diary of a Vagabond Prof ». Oui, conférence en anglais à l’Alliance française, car plus que la moitié de la salle ne parlait pas la langue de Molière, ni celle de Vigneault. Le vin et fromage, organisé sous la direction du délégué, Marc T. Boucher, qui suivit la conférence fournissait l’occasion de rencontrer de nombreux francophones d’Europe et du Québec qui habitent la région de Chicago et qui profitent de l’Alliance pour se rencontrer, ainsi que des francophiles de toute provenance qui se servent de l’Alliance pour parfaire la langue qu’ils aiment tant.

DSC01177.JPG

Rendez-vous le lendemain à Kalamazoo, au Michigan, où une quarantaine d’étudiants de deuxième et troisième cycles et des professeurs en géographie et en études canadiennes nous attendaient. Bien que le titre de la conférence ait demeuré le même, le contenu fut légèrement modifié en fonction de l’auditoire. J’ai insisté davantage sur l’importance de Samuel de Champlain, premier géographe de l’Amérique et sur ses exploits. J’ai également ouvert la porte à une discussion du Fort Saint-Joseph, fondé en 1691 par les Français à environ 75 kilomètres au sud de Kalamazoo. Deux faits saillants de ce court séjour à Western Michigan University : (1) voir l’exposition bilingue à la bibliothèque sur la persistance de la présence française en Amérique; (2) dormir dans l’ancienne maison du recteur avec ses meubles d’époque et son décor de bon goût.

DSC01181.JPG

Retour à Chicago le samedi matin, sans y faire halte, car le rendez-vous en soirée était à Milwaukee, fondée en 1825 par Salomon Juneau, de l’Assomption, au Québec. Son effigie domine le parc qui porte son nom au centre-ville, à cinq kilomètres de l’Alliance française, lieu de la conférence—en français cette fois-ci : « Carnet d’un vagabond instruit en quête de la Franco-Amérique ». Une trentaine de personnes, assises les unes sur les autres dans une petite salle surchauffée ont écouté attentivement mon propos pendant plus d’une heure et demie. Français, Belges et Américains francophiles dont un ancien « draft dodger » ayant pris refuge au Canada en 1969. Ce dernier avait trouvé un emploi au gouvernement fédéral à Hull et avait appris le français aux frais de la Reine. À la suite d’un divorce d’avec une Québécoise et de l’amnistie offerte par Jimmy Carter aux déserteurs de la guerre au Vietnam, celui-ci est rentré chez lui à Milwaukee.

DSC01190.JPG

DSC01192.JPG

Le 22 mars, journée de congé, mais aussi journée de voyage de Chicago à Boston où quatre autres conférences m’attendaient. Mon « chauffeur » et mon accompagnateur, Tim Rogus, de la délégation de Chicago m’a laissé à l’aéroport avant de se départir de notre belle Cadillac blanche, un « up grade » de la compagnie Enterprise.

Tôt le lundi matin, afin de passer une dizaine de minutes avec la déléguée, Mme France Dionne, j’ai trimballé ma valise dans le métro depuis le Harvard Square Hotel à Cambridge aux magnifiques bureaux de la Délégation du Québec, situés au cœur du district financier de Boston. En début d’après-midi, accompagné de Maël Solen Picard, employé à la Délégation, départ vers New Haven, au Connecticut, où une vingtaine d’enseignants et d’enseignantes du français au niveau secondaire, ainsi que quelques « amis du français » nous attendent au Center for the Teaching of French à l’Université Yale. Évidemment, la conférence se déroulera en français. Un souper québécois suivra et la discussion tournera autour de l’épineux problème de faire valoir l’enseignement du français dans un contexte qui valorise davantage l’espagnol et le chinois—deux langues perçues comme étant plus utiles!!

Au lendemain, deux conférences au Massachusetts, la première en études canadiennes à Bridgewater State College devant une cinquantaine d’étudiants et de professeurs en études canadiennes. Me basant sur une réception plutôt tiède en études canadiennes à Western Michigan, mes attentes à Bridgewater étaient peu élevées. Belle surprise, dans un amphithéâtre magnifique orné du drapeau canadien et équipé au dernier cri, j’ai eu droit aux louanges de la foule! Quelques heures plus tard, à l’Institut français du Collège de l’Assomption, l’une des importantes institutions franco-américaines, je me trouvais devant une salle presque vide (une quinzaine de personnes) pour parler en anglais. Me sentant mal à l’aise de parler anglais en milieu franco, j’ai négocié un compris : conférence prononcée en anglais appuyée par un support Power Point en français.

CIMG2135

CIMG2136

Le lendemain soir à Nashua, au New-Hampshire, ayant changé de chauffeur et d’accompagnateur (Marc-Antoine Bédard), nous nous trouvions devant une poignée de jeunes étudiants anglophones et beaucoup de Franco-Américains âgés (une quarantaine) qui parlaient français. La formule de la veille s’est donc imposée. : paroles prononcées de la tribune en anglais, images et textes à l’écran en français.

SIF terminée, marathon couru, public gagné, j’ai profité d’une journée de flânerie à l’université Harvard où une mère (Eleanor Elkins Widener) a fait don à l’université le 24 juin 1915 d’une bibliothèque, érigée à la mémoire de son fils, Harry Elkins Widener, ancien de Harvard, mort le 24 avril 1912 à bord du Titanic. Beau cadeau et bel hommage!

DSC01195.JPG

Enfin, pour me rappeler que mon séjour tirait à sa fin et que je rentrerais bientôt au Québec, les voix de quatre jeunes cégépiens de Shawinigan assis sur les marches de l’église Mémoriale de Harvard. Bénéficiant d’un court stage à Boston, offert dans le cadre de leur programme de design architecturel, ils réalisaient des croquis de la Widener. De temps en temps, on entendait un gros « tabarnak » et un petit « crisse ». Certains Québécois ont le tour de se faire remarquer!

DSC01196.JPG