Enfin, c’est terminé! C’était long à préparer et long à courir, mais les résultats furent plus que satisfaisants. En fait, il s’agissait, à la demande de deux délégations du Québec aux États-Unis, celles de Chicago et de Boston, de réaliser une tournée sur leurs territoires respectifs afin de faire connaître la Franco-Amérique, le livre et le concept. Au matin du 19 mars, donc, j’ai pris mon envolée à Québec, destination Chicago, pour prononcer le soir même à l’Alliance française de Chicago, devant 80 personnes, une conférence intitulée « In Search of la Franco-Amérique : Diary of a Vagabond Prof ». Oui, conférence en anglais à l’Alliance française, car plus que la moitié de la salle ne parlait pas la langue de Molière, ni celle de Vigneault. Le vin et fromage, organisé sous la direction du délégué, Marc T. Boucher, qui suivit la conférence fournissait l’occasion de rencontrer de nombreux francophones d’Europe et du Québec qui habitent la région de Chicago et qui profitent de l’Alliance pour se rencontrer, ainsi que des francophiles de toute provenance qui se servent de l’Alliance pour parfaire la langue qu’ils aiment tant.
Rendez-vous le lendemain à Kalamazoo, au Michigan, où une quarantaine d’étudiants de deuxième et troisième cycles et des professeurs en géographie et en études canadiennes nous attendaient. Bien que le titre de la conférence ait demeuré le même, le contenu fut légèrement modifié en fonction de l’auditoire. J’ai insisté davantage sur l’importance de Samuel de Champlain, premier géographe de l’Amérique et sur ses exploits. J’ai également ouvert la porte à une discussion du Fort Saint-Joseph, fondé en 1691 par les Français à environ 75 kilomètres au sud de Kalamazoo. Deux faits saillants de ce court séjour à Western Michigan University : (1) voir l’exposition bilingue à la bibliothèque sur la persistance de la présence française en Amérique; (2) dormir dans l’ancienne maison du recteur avec ses meubles d’époque et son décor de bon goût.
Retour à Chicago le samedi matin, sans y faire halte, car le rendez-vous en soirée était à Milwaukee, fondée en 1825 par Salomon Juneau, de l’Assomption, au Québec. Son effigie domine le parc qui porte son nom au centre-ville, à cinq kilomètres de l’Alliance française, lieu de la conférence—en français cette fois-ci : « Carnet d’un vagabond instruit en quête de la Franco-Amérique ». Une trentaine de personnes, assises les unes sur les autres dans une petite salle surchauffée ont écouté attentivement mon propos pendant plus d’une heure et demie. Français, Belges et Américains francophiles dont un ancien « draft dodger » ayant pris refuge au Canada en 1969. Ce dernier avait trouvé un emploi au gouvernement fédéral à Hull et avait appris le français aux frais de la Reine. À la suite d’un divorce d’avec une Québécoise et de l’amnistie offerte par Jimmy Carter aux déserteurs de la guerre au Vietnam, celui-ci est rentré chez lui à Milwaukee.
Le 22 mars, journée de congé, mais aussi journée de voyage de Chicago à Boston où quatre autres conférences m’attendaient. Mon « chauffeur » et mon accompagnateur, Tim Rogus, de la délégation de Chicago m’a laissé à l’aéroport avant de se départir de notre belle Cadillac blanche, un « up grade » de la compagnie Enterprise.
Tôt le lundi matin, afin de passer une dizaine de minutes avec la déléguée, Mme France Dionne, j’ai trimballé ma valise dans le métro depuis le Harvard Square Hotel à Cambridge aux magnifiques bureaux de la Délégation du Québec, situés au cœur du district financier de Boston. En début d’après-midi, accompagné de Maël Solen Picard, employé à la Délégation, départ vers New Haven, au Connecticut, où une vingtaine d’enseignants et d’enseignantes du français au niveau secondaire, ainsi que quelques « amis du français » nous attendent au Center for the Teaching of French à l’Université Yale. Évidemment, la conférence se déroulera en français. Un souper québécois suivra et la discussion tournera autour de l’épineux problème de faire valoir l’enseignement du français dans un contexte qui valorise davantage l’espagnol et le chinois—deux langues perçues comme étant plus utiles!!
Au lendemain, deux conférences au Massachusetts, la première en études canadiennes à Bridgewater State College devant une cinquantaine d’étudiants et de professeurs en études canadiennes. Me basant sur une réception plutôt tiède en études canadiennes à Western Michigan, mes attentes à Bridgewater étaient peu élevées. Belle surprise, dans un amphithéâtre magnifique orné du drapeau canadien et équipé au dernier cri, j’ai eu droit aux louanges de la foule! Quelques heures plus tard, à l’Institut français du Collège de l’Assomption, l’une des importantes institutions franco-américaines, je me trouvais devant une salle presque vide (une quinzaine de personnes) pour parler en anglais. Me sentant mal à l’aise de parler anglais en milieu franco, j’ai négocié un compris : conférence prononcée en anglais appuyée par un support Power Point en français.
Le lendemain soir à Nashua, au New-Hampshire, ayant changé de chauffeur et d’accompagnateur (Marc-Antoine Bédard), nous nous trouvions devant une poignée de jeunes étudiants anglophones et beaucoup de Franco-Américains âgés (une quarantaine) qui parlaient français. La formule de la veille s’est donc imposée. : paroles prononcées de la tribune en anglais, images et textes à l’écran en français.
SIF terminée, marathon couru, public gagné, j’ai profité d’une journée de flânerie à l’université Harvard où une mère (Eleanor Elkins Widener) a fait don à l’université le 24 juin 1915 d’une bibliothèque, érigée à la mémoire de son fils, Harry Elkins Widener, ancien de Harvard, mort le 24 avril 1912 à bord du Titanic. Beau cadeau et bel hommage!
Enfin, pour me rappeler que mon séjour tirait à sa fin et que je rentrerais bientôt au Québec, les voix de quatre jeunes cégépiens de Shawinigan assis sur les marches de l’église Mémoriale de Harvard. Bénéficiant d’un court stage à Boston, offert dans le cadre de leur programme de design architecturel, ils réalisaient des croquis de la Widener. De temps en temps, on entendait un gros « tabarnak » et un petit « crisse ». Certains Québécois ont le tour de se faire remarquer!