Tout comme le Québec est « la belle province », l’Idaho est le « Gem State ». C’est écrit sur les anciennes plaques d’immatriculation! C’est aussi un État imprégné et empreint de la présence autrefois des voyageurs et coureurs de bois. Jean-Baptiste, fils de Toussaint Charbonneau et Sacagawea, est enterré à 100 km de Boise, capitale de l’Idaho (dans le comté de Malheur, en Orégon), cet État parsemé de toponymes français : Cœur d’Alène, Nez Percé, Pend d’Oreille, Montpelier, Payette et, bien sûr, Boisé, pour ne nommer que ceux-là.
Capitole à Boisé
Cela ne devait donc pas être surprenant que je découvre dans une obscure librairie du quartier Hyde Park, secteur historique de la capitale, un livre d’un rare intérêt pour qui s’intéresse à la Franco-Amérique.
Librairie Hyde Park
Il s’agit de Mountain Man publié en 1949 en édition limitée à Caldwell, en Idaho.
Son auteur, Verne Bright, tout comme Henry Wadsworth Longfellow l’a fait pour le lectorat américain de son époque par son poème épique et romantique levant le voile sur la déportation des Acadiens, « Evangeline », nous livre un récit lyrique, en 24 chapitres, sur les « mountain men », ces coureurs de bois, ces voyageurs ces remarquables oubliés de l’histoire québécoise.
C’est celui intitulé « Winter’s Tales » qui a attiré mon attention car Bright emploie, en plus de l’anglais, du français, de l’espagnol et du jargon chinook pour nous faire entrer dans l’univers de Toussaint Charbonneau, d’Étienne Provost, d’Antoine Robitaille, de François Payette et de tant d’autres de ces ouvreurs de pistes, de ces chanteurs de la nature et de ces pagayeurs et marcheurs d’un continent en devenir qui, sans eux, ne serait vraisemblablement pas devenu ce qu’il est aujourd’hui.
Ici, je vous livre des extraits de « Winter’s Tales », faites-en un festin, enjoy, buen provencho.
Old Batiste gazed
From the cabin door and talked of long ago :
« moi, by gar, oh, ten, twent’ year, maybe,
Long tam I leeve up Nor’land ware de snow
She’s deep lak one beeg house, vraiment! Ah oui!
She’s lak steeple, deep lak one spruce tree,
Enfant de garce! One night un carcajou
Ees come for Zhoe Zharvay. Oui, sacré Dieu!
*
The strepent scream
Of a panther split the dark. « Ah le bon dieu! »
Old Batiste swore : « Eet ees damn carcajou
Avec dat Zhoe Zharvay, mais je suis sur,
Enfant de garce! »
*
And then Batiste :
« Un beau garçon
Dat Zhoe, ah, oui! De sweet chanson
He mak en voyage. En la guerre
Avec dose Hinjun he no care
One damn for les sauvages, by gar,
Hees knife she’s lift de Hinjun’s ha’r
Or moi, Batiste, I non pas say
Eet, non. En aturefois he’s gay,
Dat Zhoe. He’s shoot de carabine
Plumb centair, oui, ah verra fine
He’s ride de cheval and hees squaw
La plus belle from Trois Fourches to Kaw…
He’s un ver’beau gran’ montagne man.
*
« Mais il est mort, m’en dit. Oh, tan,
Twelf year, long tam, maybe he’s die
En grovan fight…Mais non! Now, I, Batiste, will tell of Zhoe Zharvay.
*
« Mais, ‘vec la nuit hees stompin’ feet;
Nous ne pas hear. De storm she’s blow
Long tam. By’m-by she’s stop. De snow
She’s deep and white undair de tree.
Mais Zhoe, he’s no come : one, two, three
Days maybe, Den old trappaires cry :
‘ Vraiment, dat Zhoe Zharvey, he’s die! ‘
Dat Hinjun medicine man, he’s tol
Does stories till de blood she’s col’,
An pound hees drum. Zhoe’s squaw, she yell
Lak Cayeute. Den dos Hinjun tell
Dat Zhoe Zharvy he non come back;
He’s foller all tam black wolf track,
Nous ne pas find dat Zhoe Zharvery. »
Et cela continue. Cent quatre-vingt-neuf pages de texte—des chapitres portant des titres évocateurs tels : Hungry Heart, Fandango, Rendez-vous, Life out of Death, Land of the Evening Mirage, My Heart with Yours et Son of the Mountains.
Petit livre vendu 5$ en 1949, je l’ai payé ce matin 9$–un bijou à l’abri de l’inflation!