Grâce à la résolution 173 présentée à l’Assemblée législative de l’État du Michigan par Bill LaVoy, appuyé par sa collègue Andrea Lafontaine et par un comité ad hoc travaillant sur le terrain et sur internet orchestré par James Laforest, les 165 000 résidents du Michigan d’origine canadienne-française ont pu, pour la première fois, célébrer officiellement leur héritage en tant que « peuple fondateur » de ce grand État qui compte une multiplicité de localités où leurs ancêtres ont laissé leur marque (voir Jean Lamarre, Les canadiens français du Michigan: leur contribution dans le développement de la vallée de la Saginaw et de la péninsule de Keweenaw, 1840-1914, Québec : Éditions du Septentrion, 2000).
House Resolution No. 173. Bill LaVoy Andrea Lafontaine James Laforest
A resolution to declare October 4, 2013, as French-Canadian Heritage Day in the state of Michigan.
Whereas, French Canadians have made the Great Lakes their home beginning with the exploration of Etienne Brulee [sic] 400 years ago; and
Whereas, Today, according to U.S. Census data, an estimated 165,000 people in Michigan claim French-Canadian heritage; now, therefore, be it
Resolved by the House of Representatives, that the members of this legislative body declare October 4, 2013, as French-Canadian Heritage Day in the state of Michigan; and be it further
Resolved, that members of the House of Representatives join all of those of French-Canadian ancestry in celebrating their heritage and contributions to the state of Michigan on October 4, 2013.
Monsieur LaVoy (autrefois Lavoie, bien sûr) représente le district no 17 qui couvre de grands pans des comtés de Wayne et de Monroe et habite la ville de Monroe (20 000 habitants). Peu de temps après la Guerre de 1812 et la bataille de Frenchtown (autrement connue comme la deuxième bataille de la rivière aux Raisins), le toponyme Frenchtown fut changé à Monroe afin de rendre hommage au président des États-Unis de l’époque, James Monroe. Aujourd’hui, Monroe porte encore un certain cachet de son passé français et compte évidemment bon nombre de résidents d’origine canadienne-française. À la demande de la Délégation du Québec à Chicago, avec le soutien du Centre de la Francophonie des Amériques, j’ai eu le privilège de m’y rendre afin de prononcer au Musée historique du comté de Monroe une conférence intitulée « French Canadian Heritage in the United States : « so many stories to be told ». (N.B. Monroe est aussi le foyer adoptif du grand héros militaire américain, George Armstrong Custer).
Au tout début de la soirée, Éric Marquis, de la Délégation, a reçu des mains de M. LaVoy une copie encadrée de la Résolution 173.
En plus de bien se prêter à la conférence, la grande salle du Musée fournissait l’occasion de faire connaître la mère patrie à la trentaine d’« anciens Canadiens » présents.
Dans les heures qui précédaient la conférence, j’ai eu l’occasion d’explorer le musée et de parcourir la ville. Ce qui avait le plus retenu mon attention au musée fut une carte de la région confectionnée au tournant du 19e siècle, identifiant les parcelles de terres arpentées en rangs le long des cours d’eau (rivière aux Raisins, rivière aux Roches, rivière au Loutre, rivière aux Cignes [sic]…) et leurs propriétaires (Amable Bellair, Dominique Druliard, Gabriel Odette, Hyacinthe Lajoy, Louis-Pierre Leclair, Joseph Ménard, Ignace Juot Duval, Louis L’Enfant, Pierre Cloutier…)
Par l’affichage, certains commerces essaient d’exploiter l’héritage français de la ville:
Plusieurs familles franco sont bien en évidence, comme les Durocher, Bénéteau et Lamour. Les deux dernières présentent chacune un candidat aux élections municipales.
L’histoire de « Frenchie » Bénéteau m’a intéressé particulièrement. À ce jour, le seul Bénéteau que j’avais connu était Marcel, professeur de folklore et d’ethnologie à l’Université de Sudbury, que je savais originaire de la région de Windsor. Les Bénéteau constituent une vieille famille du village de Rivières-aux-Canards, situé à 15 km au sud de Windsor, et l’une des premières colonies établies ici au 18e siècle par les francophones en provenance de la vallée du Saint-Laurent et de France. Les parents de Bernard « Frenchie » Bénéteau ont quitté Rivière-aux-Canards en 1928 pour s’établir à Monroe où « Frenchie » est né. Un accident de travail a failli lui coûter ses jambes et il a dû quitter l’industrie pour fonder sa propre entreprise, ce qu’il fit avec brio, s’établissant sur la rue Front en tant que joaillier.
Le Rolls Royce de l’année 1934 très visible dans la vitrine incite le passant à entrer et à faire connaissance avec la famille.