Dimanche matin au Temple Square

En 2000, Temple Square à Salt Lake City a pris de l’expansion. Sa superficie a doublé par l’ajout du Centre de conférences (Conference Center), édifice de conception et de construction ultramodernes, pouvant recevoir jusqu’à 21 000 personnes lors des rassemblements semi annuels des membres de l’Église des Saints des Derniers Jours, des concerts et d’autres événements à caractère culturel.

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C’est ici d’ailleurs que l’été—les mois de juin, juillet et août—pour accommoder le nombre accru de touristes et de visiteurs, le Chœur du Tabernacle mormon transporte ses pénates du vieux tabernacle dont la construction remonte à 1867, 25 ans avant le parachèvement du temple qui lui jette un ombre matinal.

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Depuis 85 ans, le Chœur qui porte le nom du tabernacle offre tous les dimanches matins un programme musical d’une durée de 30 minutes dans le cadre d’une émission  portant le titre « Music and the Spoken Word ». Elle est aujourd’hui diffusée en direct ou en différé par 2 000 postes de radio et de télévision en plus d’être disponible sur l’internet et via Youtube. Le chœur est accompagné d’un orchestre de grande qualité, l’Orchestra of Temple Square.

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Ce dimanche, comme il fallait s’y attendre à cinq jours de la fête nationale des États-Unis, le programme musical auquel avaient droit les 7 000 personnes réunies dans l’enceinte était teinté de patriotisme:

  1. The Star Spangled Banner (hymne national)
  2. This Land is Your Land
  3. The Pledge of Allegiance
  4. Rally ‘Round the Flag
  5. My Country tis of Thee
  6. Distant Land
  7. Flag of the Free

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Dans une voix « off », la « parole » énoncée par le narrateur Lloyd Newell incitait le citoyen à l’action. Il n’est pas suffisant, disait-il, d’aimer et d’admirer son pays, il faut faire sa part pour l’améliorer.

Le chœur et l’orchestre sont des exemples d’un volontariat à l’extrême. Les 360 chanteurs et les 180 musiciens sont tous des bénévolats. Aucun d’entre eux n’est payé. On y entre par voie de concours et par audition. Malgré cela, la file d’attente pour en faire partie est longue. Pour devenir membre du Chœur du Tabernacle, il faut avoir au moins 25 ans et pas plus de 60 ans. Une fois membre, on peut le rester pendant 20 ans, pas plus. Il y a donc un roulement constant imposé par le système ainsi que par des retraits volontaires qui peuvent s’exercer en raison de maladie ou de mortalité ou à cause d’un déménagement au-delà d’une limite géographique imposée. Pour s’assurer de la plus grande participation de tous aux deux longues répétitions par semaine (jeudi et dimanche), personne faisant partie des deux organisations n’a le droit d’habiter à plus de 160 km de Temple Square.

Inévitablement, je me fais poser la question suivante : « Mé combien ça coûte assister à ce « spectacle ». Ce à quoi je réponds : « C’est absolument gratuit, comme toutes les activités muséales, spirituelles et ludiques mises à la disposition du public au Temple Square ».

Chaque dimanche, « Music and the Spoken Word » quitte les ondes par ses paroles à retenir : « From the Cross Roads of the West, may peace be with you today and always ». (Du carrefour de l’Ouest, que la paix soit avec vous aujourd’hui et toujours »).


Célébrons l’Acadie, l’un de ses fils et la vie!

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C’est le temps ou jamais, car le cinquième Congrès mondial acadien commence dans 69 jours, huit heures, 20 minutes et 27 secondes.

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Mais avant…il se tient cette fin de semaine à Edmundston, capitale de l’Acadie des terres et forêts, la 133e réunion annuelle de la Société nationale de l’Acadie, créée à Memramcook en 1881 en tant que Société nationale de l’Assomption. À ce moment-là, 5  000 personnes de tous les coins de l’Acadie s’y sont rendues. À Edmundston hier soir, elles étaient 50 fois moins nombreuses, mais probablement tout aussi exubérantes pour rendre hommage à l’un des leurs, Jean-Marie Nadeau, à qui la SNA remettait la médaille Léger-Comeau qui est la plus haute distinction offerte en Acadie. Elle reconnaît la contribution singulière de son récipiendaire à l’avancement de ce « pays sans territoire ».

110914-JMNUn plus grand patriote acadien que Jean-Marie Nadeau, cela n’existe sûrement pas! Né le 15 août 1948, jour de la fête nationale de ce peuple courageux et résilient, il semblait destiné de  toujours porter en lui la flamme de l’autonomisme acadien. Son énergie est inépuisable, ses causes innombrables, poursuivies inlassablement avec passion, le plus souvent au détriment de son propre mieux-être matériel. Peu importe, Jean-Marie se décrit comme « millionnaire de cœur et de famille ». Pendant que l’une de ses filles, Raphaëlle, lui rendait un vibrant témoignage en tant que militant acadien et père de famille, l’autre faisait les cent pas dans la salle, le petit-fils de Jean-Marie, serré contre sa poitrine.

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Chez les Nadeau, l’esprit de famille est exemplaire. Tous ses frères et sœurs encore vivants assistaient à la cérémonie. La voix tremblante, Jean-Marie évoquait le souvenir de sa chère Béatrice, qui l’accompagnait dans toutes ses luttes, et de son père, tous deux décédés en 2010. À l’endroit de sa mère, dont c’était hier le 96e anniversaire de naissance, il espère ardemment qu’elle pourra avoir des moments de lucidité suffisants pour lui permettre de partager avec son fils cet honneur qui reviennent aux deux.

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Jean-Marie recevant la médaille des mains de René Légère, président de la SNA

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Allocution d’acceptation main sur le cœur

En me dirigeant vers Edmundston pour participer à cet hommage, je me remémorais un soir d’octobre 2001, à Moncton. Sans connaître personnellement, Jean-Marie, mais sachant que pour lui les relations cordiales et soutenues entre l’Acadie et le Québec s’avéraient impératives, j’avais osé prendre contact avec lui pour demander une rencontre. Deux professeurs et une vingtaine d’étudiants de l’Université Laval en visite, afin de faire le tour du jardin. Non seulement, avons-nous eu droit à une excellente causerie sur les enjeux sociaux, culturels et politiques de la communauté francophone du Nouveau-Brunswick et une période de questions fort stimulante, mais également à un succulent souper acadien offert au Centre Aberdeen sous l’égide du « chef » Nadeau.

Ce soir-là, trois de nos étudiants ont trouvé le gîte chez Jean-Marie et Béatrice. Entre l’un des jeunes étudiants lavallois, Alexandre Germain, et le vieux militant, journaliste, syndicaliste Jean-Marie Nadeau, éclatèrent au grand jour de puissantes affinités donnant lieu à des liens d’amitié et de solidarité. Hier soir, 13 ans plus tard, Alexandre et son épouse étaient présents, venus depuis Montréal partager le moment avec ce grand Acadien d’origine brayonne, fier de ses racines et de son village de Lac-Baker.

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Et le vieux prof que je suis me réjouis de retrouver, toutes ces années plus tard, cet ancien étudiant, si brillant à l’époque, maintenant diplômé non seulement de Laval (B.A.), mais de McGill (M.A) et de l’UQAM (Ph.D.)—lui aussi bon père d’une fillette de trois ans et d’une autre attendue en septembre.

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Célébrons la vie!