Affichage…par la bande

Ce matin, la chronique d’André Robitaille dans Le Devoir (http://www.ledevoir.com/politique/quebec/438699/bannieres-en-anglais-le-temps-d-agir) concernant les bannières unilingues anglaises au Québec, me rappelle un texte publié le 22 avril dernier dans l’Acadie Nouvelle, le quotidien francophone du Nouveau-Brunswick. Et puisqu’une nouvelle série de la Coupe Stanley, opposant  le Canadien à l’Éclair de Tampa Bay, commencera demain soir au Centre Bell, il est de mise de lire ce texte de Rino Morin Rossignol qui traite, à sa manière, du même phénomène (http://www.acadienouvelle.com/chroniques/2015/04/22/le-nez-dans-la-cup/).

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Pas grave ! L’affichage sur la bande est à l’image des joueurs sur la glace ! Desharnais, Parenteau….à part cela ? Ah oui, Beaulieu…français de nom, anglais de langue et de culture !

 


Deux Allemands sur le pouce

Vendredi dernier, en route vers Walpole, sur la côte du Maine, pour assister au rassemblement annuel des écrivains, artistes et créateurs franco-américains, j’ai eu une belle surprise. À peine deux minutes après avoir franchi la frontière internationale, j’ai pris sur le pouce deux jeunes qui marchaient d’un pas haletant le long de la route 201,  la tête basse, d’énormes sacs leur pesant lourdement sur le dos. Voici leur histoire :

Jeunes Berlinois,  Ben et Pablo ont été parmi les 4 000 récipiendaires à travers le monde d’un visa du gouvernement canadien leur permettant de séjourner et de travailler temporairement au pays. En octobre dernier, ils ont choisi de s’installer à Vancouver. Pendant cinq mois, ils travaillaient dans une épicerie tout en profitant des atouts de cette belle région et en économisant assez d’argent pour l’achat d’une voiture. Fin février, mission accomplie. Pour 4 000$, ils s’achètent une bagnole de 15 ans et  se lancent à la découverte du Canada, un long « road trip » qui les emmènera jusqu’à Québec où ils comptaient bifurquer vers Boston et New York avant de regagner le Canada aux chutes Niagara pour ensuite revendre à Toronto leur véhicule, au montant de 3 000$. De là, ils retourneraient chez eux sur les ailes de Lufthansa.

Ça allait bien jusqu’à Sainte-Marie-de-Beauce où le « char » a rendu l’âme ! Heureusement pour eux, le remorqueur du CAA parlait passablement bien anglais et avait un grand cœur. Pendant deux jours, il s’occupait d’eux, leur ouvrant la salle de bains de son garage à côté duquel leur voiture continuait à servir de chambre à coucher. Enfin, un type de la cour à « scrappe » de Saint-Sylvestre est venu chercher la voiture/chambre à coucher, leur donnant 350$ en retour. Une fois, l’affaire réglée, M. CAA les a conduits à la frontière.

Ensemble, nous avons eu beaucoup de plaisir. Ils m’ont dit qu’ils avaient 19 ans et expliquaient que ce qu’ils faisaient n’était point rare chez eux, que beaucoup de jeunes Allemands, après le secondaire, partent à l’étranger pendant un an. Ils me parlaient des copains et copines en Nouvelle-Zélande, Australie, Thaïlande, Inde et au Japon. En chemin, nous faisions très attention de ne pas frapper d’orignaux. À leur grande déception, nous n’en avons même pas vu. De ces magnifiques bêtes grandes comme un cheval, ils avaient été fort impressionnés aperçues dans les montagnes Rocheuses quelques semaines auparavant.

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Au restaurant Governor’s, à Waterville, je leur ai payé la traite. Ils ont surtout apprécié l’énorme dessert : chausson aux pommes (apple fritter) noyé de crème glacée ! Ils s’en léchaient les babines longtemps après. Alors, nous nous sommes rendus chez J&S Service (débit d’essence), car on nous avait dit que l’autocar de Bangor à Boston y faisait halte, ainsi qu’à Augusta et à Portland. Vérification faite des heures, je les ai conduits à Augusta, capitale du Maine, suggérant qu’ils prennent le gîte au Motel 6, confort maximal à prix minimal.

C’est là que je les ai laissés s’exclamant : « Wow, a real bed tonight ! »

Je suivrai avec joie, sur leur blogue, les péripéties de ces jeunes Berlinois si débrouillards et fiers.

Pabloundben.tumbir.com (mot de passe : adanak124)


Fêter la Franco-Amérique à Régina

Partout en Francophonie, pendant le mois de mars, on fête la langue française et les diverses cultures qui s’en servent. À ma façon, j’ai pu participer à ces célébrations, une fois, au début du mois en Arizona (voir https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2015/03/04/az-aatf/) et deux fois cette semaine à Régina, en Saskatchewan.

Le lundi après-midi 23 mars, dans la rotonde de l’Institut français dont le nom changera bientôt à la faveur de « Cité francophone », de l’Université de Régina, je me suis adressé à un auditoire composé d’étudiants, professeurs et membres de la communauté fransaskoise.

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Au nombre de 20, ils m’ont écouté attentivement pendant plus d’une heure et quart leur parler de mes nombreuses péripéties à travers l’Amérique à la rencontre de ceux et celles qui partagent un héritage basé sur la langue française. Par cette présentation intitulée « Carnet de voyages de la Franco-Amérique », je pense les avoir convaincus de la justesse de la déclaration de Zachary Richard lancée à l’occasion de la parution de son album «  Cœur fidèle » en réponse à un journaliste qui lui avait posé une question sur l’état de la francophonie nord-américaine : « Notre isolement et plus fort que notre fraternité ».

Le lendemain matin, au pavillon secondaire des Quatre Vents de l’École secondaire Monseigneur de Laval, magnifique établissement réaménagé à l’intérieur d’une ancienne école anglaise située au nord de la ville, j’ai repris le même thème, mais présenté différemment pour cet auditoire constitué de 125 élèves provenant des « grades » 7 à 12.

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Mon titre cette fois-ci : « La Franco-Amérique en cartes et chansons ». Pendant 25 minutes, nous avons étudié ensemble diverses cartes géographiques illustrant la répartition des francophones en Amérique du Nord. Puis, après avoir constaté la véracité de la déclaration choc de Zachary, nous avons fait appel à la musique pour mieux apprécier la diversité de la Franco-Amérique et comme outil pour nous rapprocher les uns aux autres. Je leur ai offert un CD de mon propre cru contenant diverses chansons :

  • Amies de la Louisiane, Colinda  (LOUISIANE)
  • Benoît, Émile, Vive la rose  (TERRE-NEUVE)
  • Blanchard Annie Évangéline  (ACADIE)
  • Butler, Édith, Hymne à l’espoir (ACADIE)
  • Céline et Garou, Sous le vent (QUÉBEC)
  • Corneille, Seul au monde (QUÉBEC, RWANDA)
  • Coulée, La batture (MANITOBA MÉTIS)
  • Jomphe, Caroline, L’Acadie n’a pas de frontières (ACADIE QUÉBÉCOISE)
  • Lanois Daniel Ma Jolie Louise (ONTARIO)
  • Lavoie, Daniel, Bénies soient les femmes (MANITOBA).
  • Leclerc, Félix, Hymne au printemps (QUÉBEC)
  • Madelinots (Bertrand Deraspe), Pointe-aux-loups (QUÉBEC, ILES –DE-LA-MADELEINE)
  • Mervil, Luck, On veut faire la fête (QUÉBEC)
  • Richard, Zachary, Massachusetts (LOUISIANE)
  • Richard, Zachary, Réveille (LOUISIANE)
  • Richard, Zachary, Travailler c’est trop dur (LOUISIANE)
  • Sainte-Marie, Chloé, Mon bel amour (QUÉBEC)
  • Tabb, Nancy, Rangs de coton (LOUISIANE)
  • Thério, Marie-Jo, À Moncton (ACADIE)
  • Vachon, Josée, Je viens tout juste de débarquer (FRANCO-AMÉRICANIE/NOUVELLE-ANGLETERRE)
  • Vigneault, Gilles, J’ai pour toi un lac (QUÉBEC)
  • Vigneault, Gilles, Mon pays (QUÉBEC)

Alors, pendant plus d’une demi-heure, je leur ai offert l’écoute d’un double programme mettant en vedette Zachary Richard et en exploitant le filon Acadie/Louisiane. En première partie :

  1. De son tout premier album Bayou des Mystères datant des années 1970, la belle complainte « Beaux yeux noirs ».
  2. Le cri du cœur qui a fait de lui un militant acadien de première ligne, « Réveille ».
  3. « Évangéline » d’Annie Blanchard.
  4. « L’Acadie n’a pas de frontières » de Carolyne Jomphe.
  5. « À Moncton » chantée en chiac par Marie-Jo Thériot (Les élèves ont bien rigolé!)

Vint ensuite la deuxième partie qui exigeait une courte explication. C’est que tout récemment fut tourné en Louisiane un nouvel album, J‘ai une chanson dans mon cœur. Pour ce tournage et pour célébrer le français, une vedette internationale, Zachary en l’occurrence, s’est jointe à Anne Laura Edmiston, une chanteuse montante de Lafayette et aux étoiles d’immersion, c’est-à-dire aux enfants inscrits aux cours d’immersion française. Des dix chansons sur ce CD, nous en avons retenu cinq :

  1. « J’ai une chanson dans mon cœur »
  2. « Ce qui me rend heureux »
  3. « L’ouragan »
  4. « Ma bataille »
  5. « Belle Louisiane »

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L’expérience fut émouvante et convaincante. Sur les 125 élèves, seulement cinq avaient déjà entendu parler de Zachary Richard et encore moins, je crois, savaient qu’en ce lointain pays qui est la Louisiane, des jeunes essayaient, eux aussi, de vivre, ne serait-ce que partiellement, en français. J’ai donc été assez fier de mon coup. Sourire en coin, en guise de conclusion, je leur ai de préparer la réplique à leurs enseignants qui pourraient exiger d’eux qu’il travaillent plus fort. La réplique : la légendaire chanson « Travailler, c’est trop dur! », jouée haut et fort!

Puis, avant de quitter, des mains de la directrice, Mme Sylvie Marceau, originaire du Lac-Saint-Jean, j’ai reçu cette carte confectionnée par Barin Sekhon, élève en 9e année, avec l’inscription qui suit :

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Le 24 mars 2015

Dr. Louder,

Le personnel et les élèves du Pavillon secondaire des Quatre Vents de Régina vous remercient de votre passage dans notre école.

Bon voyage de retour.

Mes chers jeunes amis de Régina, je vous salue!


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À Tempe, en Arizona, le mois où l’on célèbre la Francophonie s’est amorcé par un atelier organisé par Hélène Ossipov, professeure de français à Arizona State University. Trente-sept membres du chapitre local de l’Association of American French Teachers, venus des quatre coins de l’État, se pointèrent sur le campus d’ASU sur le coup de midi afin de partager un repas avant d’écouter les propos de leur invité venu de loin, moi en l’occurrence, et de visionner le récent film « Un rêve américain » ! (https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2014/03/18/un-reve-americain-en-projection-a-quebec/)

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Il s’agissait d’enseignants de niveaux universitaire, collégial et secondaire, surtout de gent féminine.

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La raison de ma présence à l’atelier, telle que définie par Mme Ossipov, fut double : (1) mettre la table pour la projection du film qui explore la présence « francophone » dans le pays de l’Oncle Sam ; (2) en faire la critique.

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Illustrations graphiques à l’appui, je suis parti du principe que le français n’est pas une langue étrangère en Amérique du Nord et que la Franco-Amérique est un vaste archipel comprenant une immense île, le Québec, et plein d’îles et d’îlots un peu partout sur le territoire des deux pays, les États-Unis et le Canada, sans parler du vecteur haïtien qui réunit les créolophones dans l’axe Port-au-Prince-Miami-New York-Montréal.

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Une fois la table mise, nous avons passé 90 minutes à nous régaler cinématographiquement, après quoi je suis revenu critiquer le film et compléter le tableau. Je ne reprendrai pas ici la critique que l’on peut lire à l’URL mentionné ci-haut. Suffit de dire que Boulianne et Godbout, en raison d’un budget limité, et non par un manque d’intérêt, durent laisser tomber de grands pans de la francophonie états-unienne. Le « road trip » réalisé par Damien Robitaille, chansonnier franco-ontarien et vedette du film, reste néanmoins impressionnant (Maine, New York, Michigan, Pays des Illinois des deux côtés du Mississippi, Wyoming, Montana, Californie).

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Dimanche, c’était la quatrième fois que je visionnais le film, chaque fois dans un contexte différent : (1) à Québec, dans une petite salle au Centre de la Francophonie des Amériques, en compagnie d’une douzaine de « spécialistes » : chercheurs, fonctionnaires et gestionnaires de la francophonie ; (2) à Québec dans la chapelle bondée du Petit Séminaire ; (3) à San Francisco dans une salle trop grande devant une cinquantaine de membres du Conseil international d’études francophones ; (4) à Tempe.

La réception de « Rêve américain » varia énormément de visionnement en visionnement. La première fois, il fut reçu avec scepticisme, plusieurs « spécialistes » prétendant ne rien avoir appris et trouvant que le film dressait un bilan vieillot et pessimiste. La deuxième fois, tout le contraire, le public québécois, réuni dans une salle magnifique chargée d’histoire, fut gagné rapidement et ovationna à la fin à tout rompre. Très émus, plusieurs intervenants prenaient le micro pour avouer leur ignorance quant à l’existence d’une francophonie—la leur—si profondément enracinée en sol états-unien. La troisième fois, dans un contexte davantage international (professeurs de littérature française et francophone venus d’Amérique, d’Asie, d’Europe et d’Océanie), l’auditoire prenait acte d’un phénomène méconnu. Étant donné leurs intérêts pointus, l’approche large de Godbout et Boulianne ne semblait pas les impressionner outre mesure. Toutefois, les questions suscitées par le film furent nombreuses, mais souvent hors propos. Enfin, la quatrième fois ! Depuis dimanche, je demeure perplexe devant leur réaction ou plutôt devant leur manque de réaction. Aucune question, ni sur ma propre prestation, ni sur le film. Pourtant, ils avaient tous hâte de gagner les prix de présence : deux exemplaires de mon livre Voyages et rencontres en Franco-Amérique et cinq exemplaires du DVD, « Un rêve américain ».

Comme diraient les Américains : « Go figure ! »


Rencontre à Asheville : une amitié qui ne tarit pas

Le 20 septembre 2008, j’ai publié ici même (Carnet de Dean Louder) un texte sur l’importance des souvenirs lointains, des souvenirs d’enfance. J’avais cité Wallace Stegner (1909-1993), qui écrivait :

Peu importe où nous voyageons, peu importe le nombre et la distance des déplacements, peu importe les tentatives d’enracinement ailleurs et peu importe notre longévité, les lieux dont nous nous souvenons le mieux sont ceux de notre enfance.

J’en ai eu une autre preuve samedi soir dernier, à Asheville, en Caroline du Nord, où j’ai passé une soirée inoubliable avec un garçon que je n’avais pas vu depuis 62 ans, Mike Wright, mon aîné de cinq ans. Nous avons été élevés, tous deux, à Park City, en Utah, petite ville minière de 3 500 habitants, située au cœur des montagnes Wasatch, à 7 000 pieds (2 200 mètres) d’altitude et à 35 milles (50 km) de Salt Lake City. Elle était en faillite. Les mines fermaient les unes après les autres. La population chutait. En septembre 1952, ma famille est partie, celle de Mike est restée.

L’an dernier, par le truchement de FaceBook, Mike et moi avons repris contact. Nous nous étions promis de nous rencontrer si l’occasion se présentait. Et bien, avant hier soir, le moment est venu. Au pied des Appalaches, dans l’extrémité occidentale de l’État de la Caroline du Nord, là où résident Mike et son épouse, nous avons partagé un délicieux repas et des heures de conversation.

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Par rapport à la citation de Stegner, je persiste et signe. Des tas de rencontres que je fais depuis trois ans avec des personnage de mon passé lointain me rajeunissent et me réjouissent.