La fête des rois chez les Acadiens de Québec

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Depuis 14 ans, l’Épiphanie est célébrée à Québec par l’Association acadienne de la région (AARQ). La tradition a voulu qu’à chaque année, on fête une des familles fondatrices de l’Acadie : Roy, Arsenault, Boudreau, Cormier, Gallant, Landry, Richard, Thériault, etc. Cette année, la fête s’est présentée autrement. Autour d’un repas somptueux à cinq services, les cinquante convives ont célébré, non des familles, mais des individus. En fait, il s’agissait de rendre hommage aux 33 des 200 membres de l’AARQ ayant plus de 80 ans dont 13 participaient à l’activité.

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Les ainés de l’AARQ: Delphine Gionet, Pierre Ouellet, Lorraine Arsenault, Ulysses Roy, Louise Huot, Thérèse Marois, Fernand Boudreau, Renée Falardeau, Elvine Allain, Thérèse Benoît, Albert Gagnon, Jean-Yves Landry, Raymonde Bourdages.

Comme la tradition le veut, un Roi et une Reine ont été choisis par tirage. Le sort a voulu que Lorraine Arsenault et Ulysse Roy soient couronnés.

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Source : Juliette Goudreau

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Source : Juliette Goudreau

L’Association acadienne de la région de Québec, fondée en 1995, est un organisme parmi d’autres au Québec qui suit les traces de la Fédération acadienne du Québec (http://www.federationacadienneduquebec.org/) qui a vu le jour en 1987 grâce à M. Roger Léger qui croyait en la nécessité de reconnaître l’apport des Acadiens à l’évolution du Québec. M. Léger cherchait à donner une voix et une reconnaissance aux Québécois d’origine acadienne dont il y en aurait aujourd’hui entre 1 et 1,5 millions.

Le fruit des efforts des organismes, tels l’AARQ, la Fédération, les Acadiens en ville et la Corporation du Vieux Moulin de Saint-Grégoire, se manifeste de plus en plus. Par exemple, lors de la fête des Acadiens (15 août) de 2002 fut dévoilé à Québec, en face du Parc de l’Amérique française, le Monument aux Acadiens de la capitale nationale. Ayant pour titre « Vers la lumière », il représente un phare surmonté des couleurs et de l’étoile du drapeau acadien etsymbolise le rôle remarquable que les Acadiens et leurs descendants ont joué dans l’histoire du Québec. À cette occasion, le premier ministre du Québec, Bernard Landry, lui-même de souche acadienne, avait déclaré : « Entre le peuple québécois et le peuple acadien, il y a plus que de l’amitié, il y a de la parenté ».

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Deuxième exemple, le dimanche 14 août 2011, à Saint-Grégoire de Nicolet, autre « petite cadie », avait lieu le dévoilement d’un monument en mémoire des Acadiens qui ont peuplé cette région à la suite de la Déportation de 1755.

À l’heure des coalitions, il existe maintenant la Coalition des organisations acadiennes du Québec (COAQ) (http://acadiensduquebec.org/index.html) qui a pour mission de regrouper des associations du Québec dans le but d’y accroître la visibilité et la promotion de l’identité acadienne. Quatorze associations en sont actuellement membres. L’un de ses objectifs est de susciter et de favoriser les liens et les échanges entre les membres ainsi qu’avec d’autres regroupements d’Acadiens. Un coup fumant a été réalisé dernièrement par l’adhésion de la COAQ à la Société Nationale de l’Acadie dont le siège se trouve à Dieppe, au Nouveau-Brunswick.

À l’horizon, un événement d’envergure organisé par la COAQ dans le but de mettre en relief le patrimoine acadien du Québec : le Grand Ralliement acadien du Québec se tiendra les 29 et 30 juin et le 1er juillet 2012 au Saguenay.

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J’aurais aimé vous écrire de mon « camion » … pour dire Bonne Année!

Nous devions prendre la route le 15 décembre. Il était prévu que nous passions la veille de Noël à l’hôtel Peabody, point de repère majeur à Memphis—l’équivalent tennesséen du Château Frontenac—et le Jour de l’an au chic hôtel Alluvian, situé dans la « capitale mondiale du coton » à Greenwood, au Mississippi.

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Hôtel Peabody (voir billet du 6 mars 2010)

Hôtel Alluvian (photo manquante)

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J’avais prévu quelques jours de « flânerie savante » à Memphis, ville que j’avais trouvée particulièrement attirante lors de mon dernier passage. Nous aurions pu nous promener sur la Beale, là où la musique des blues règne en roi et maître, manger des côtes levées BBQ chez Charles Vergo’s Rendezvous, explorer le quartier malfamé qui a produit Michael Oher, plaqueur étoile des Rebels de l’Université du Mississippi avant d’atteindre les rangs professionnels avec les Ravens de Baltimore et héros du film Blind Side (Éveil d’un champion en québécois), basé sur le livre The Blind Side : Evolution of a Game de Michael Lewis publié en 2006. Ensuite, il y aurait eu à Greenwood une journée de bouquinage à la librairie Turn Row, spécialisée dans des œuvres consacrées l’État du Mississippi et, plus précisément, à celles de la région du Delta au cœur de laquelle elle se trouve. De Greenwood, notre couple devait se séparer, l’une se dirigeant vers l’ouest afin de passer deux mois chez ses sœurs à Shreveport, en Louisiane, l’autre montant dans le City of New Orleans (train reliant la Nouvelle-Orléans à Chicago) pour retourner au Québec.

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Hélas, tout cela est tombé à l’eau lors d’une urgence médicale qui frappa le 14 octobre nous clouant à la maison pour un certain temps.

Il a fallu, donc, que je trouve une autre façon de prendre la route. Je me suis rabattu sur un livre dont j’avais pris connaissance grâce à l’émission télévisuelle Tout le monde en parle diffusée le 20 avril 2011 (http://www.youtube.com/watch?v=qPlWBKx4Dus). Il s’agit, en fait, du journal de bord d’une femme exceptionnelle de 35 ans, Sandra Doyon du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dont la première idole, Fifi Brin d’acier, faisait fi des conventions et défrichait son propre chemin. En dix ans, Sandra conduit son camion semi-remorque à 18 roues sur 3 000 000 kilomètres (équivalent de 75 tours de la Terre). Des allées et retours innombrables à partir de et vers Montréal : la Californie en six jours, Laredo, au Texas, paradis des camionneurs et lieu de transbordement des marchandises en provenance du Mexique, Winnipeg par 40 en dessous de zéro, l’Arkansas sous le verglas où on parcourt 90 kilomètres en cinq heures, livraison de litière à cheval (coupeaux de bois) à la ferme Poplar en Georgie, cargaison de dynamite vers l’Indiana, rencontre avec « Dez » en Saskatchewan, un Québécois des Forces canadiennes en train de perdre son français et responsable de l’entreposage des obus millésimés (« Dez » parce que c’est trop difficile pour la Anglâs de prononcer « Desautels ». Tant de souvenirs et d’amitiés recueillis sur la route et livrés ici de manière poétique.

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Les pages de Je vous écris de mon camion sont embellies et agrémentées d’encarts dont les mini textes sont plus que parlants. Ils nous font sentir la route, nous font vibrer, nous incitent à voyager comme Sandra, les yeux et le cœur ouverts, l’âme assoiffée. Quelques échantillons.

Route du bouclier canadien

Veines et nervures dans le granit. Rose et gris anthracite. C’est ce que le Bouclier canadien a dans les tripes.

Épinettes, bouleaux. Bouleaux épinettes. Copier-coller un milliard de fois chaque côté. C’est la route 17 entre Nipigon et Sault Sainte-Marie.

Novembre

Mois des morts et des souvenirs de guerre. Temps morne et mortifère.

Sur mes ongles, j’ai mis du vernis bleu électrique. Quand je vois mes doigts sur le volant. Ça met un peu de couleur en avant-plan. Dix petits bouts d’azur pour narguer le ciel gris.

En route vers la Californie

Entre l’Arizona et l’Utah, je lis un grand livre de géologie sans quitter la route des yeux. Y a des livres de plusieurs millions d’années écrits dans les strates des Rocheuses.

Yellowstone. Ce n’est pas que le nom d’un parc, c’est la couleur du Wyoming, de ses rochers, de ses vallons, de sa végétation.

Los Angeles

Le ciel de L.A. est couvert de smog jaune. Les libertés individuelles dans tatouées dans le ciel. Mes poumons se mettent à siffler.

Livraison de canneberges séchées dans une fabrique de biscuits. Tout près, des pauvres habitent des roulottes miteuses. Odeur sucrée d’une fournée de biscuits.

Livraison de probiotiques dans un entrepôt près d’un parc d’engraissement de bœufs. En face, de grandes maisons cossues. Odeur d’urine chauffée au soleil.

Qui choisit de vivre dans une maison cossue où la fétidité empoisonne chaque souffle ?

Et pour terminer :

Je roule vers l’horizon nouvellement né, rose et bleu comme des pyjamas de bébés. Je maintiens le cap à l’est. Bonne journée

Ce qui m’inspire ceci :

2012, horizon nouvellement né, blanc où je suis, verdâtre où je pensais être. Mais peu importe l’espace, le temps est venu : Bonne Année à vous!


Cadeau durable et surtout inoubliable

Bien que de moyens modestes, mes parents, Bert et Bernice Gillman Louder, ne lésinaient pas pour rendre Noël agréable à ma sœur et moi. Je me souviens particulièrement du Noël 1949 lorsqu’ils se sont pris plusieurs mois d’avance afin d’offrir au garçon de six ans que j’étais un train électrique de marque Lionel. En juillet, Papa l’avait vu dans la vitrine d’un grand magasin à Salt Lake City. Il réussit à négocier une entente avec le gérant, selon laquelle il paierait 10$ par mois pendant six mois et viendrait le chercher quelques jours avant la grande fête de fin d’année pour enfin l’apporter chez nous à Park City.

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Bert et Bernice, 1983, à l’occasion de leur 50e anniversaire de mariage

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Jeune Dean, 6 ans.

Imaginez un instant la joie de mes parents le matin de Noël en épiant ma réaction au moment de voir ce train en dessous du sapin et de me rendre compte qu’il était à moi. Je découvris rapidement que je pouvais moi-même le conduire, faire en sorte que la boucane échappe par la cheminée du locomotive, actionner le sifflet et contrôler le gyrophare sur le wagon plateforme!

Lorsque la famille déménagea à Orem en 1952, le petit train nous a suivis. Adolescent, j’ai cessé de jouer avec, mais ne l’ai jamais perdu de vue. Il occupait une place de choix dans un grand placard chez mes parents. Lorsque mon premier fils est né en 1966, Papa sortit le train de sa cache et le bambin recoulait and couinait en regardant tourner en ronde le petit Lionel.

En 1968, les parents déménagèrent à Sandy. Une fois de plus, le train suivit et trouva place dans un placard encore plus grand au sous-sol de la maison. Chaque fois que je revenais visiter, d’abord, de Seattle, puis, plus tard, de Québec, le plus souvent accompagné d’un nouvel enfant ou deux, le train les épatait toujours autant. Chacun de mes enfants conserve un souvenir impérissable de ce jouet durable. Pas plus tard que la semaine dernière, mon fils aîné, Cort, âgé aujourd’hui de 45 ans, m’exclama au téléphone « Hé que j’aimais ce train ». Un autre fils, Mathieu, 31 ans, écrivait par courriel : « Ce que j’aimais le plus étant petit, c’était les petites pilules que l’on mettait dans la cheminée pour faire de la fumée ».

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Ma mère mourut en 1990, victime d’un accident impliquant un camion et une piétonne. Mon père décéda 11 ans plus tard de vieillesse. Avant de mourir, il me demanda quoi faire du petit train. J’ai pesé le pour et le contre et devant l’évidence que ni ma situation géographique, ni celles de mes enfants, n’étaient propices au transport de cet objet fragile qui m’était si cher, j’ai décidé de le donner—mais pas à n’importe qui—seulement à quelqu’un qui l’aimerait et qui en prendrait soin. L’heureux élu, c’est Tyler Wigren, petit-fils de ma sœur. Il naquit l’année du décès de son arrière-grand-mère et eut l’occasion de bien connaître son arrière-grand-père.

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Tyler Wigren, 21 ans

Donc, aujourd’hui, 62 ans après avoir rendu un garçon de six ans si heureux, le petit train continue à rendre d’autres heureux en tournant en ronde autour du sapin chez les Wigren à Bountiful, UT.

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Des trains comme cela, il ne s’en fait plus!

Joyeux Noël à vous tous qui me lisez !


Noël au Trait-Carré

Après deux concerts en décembre à Saint-Pétronille et à Chateauguay, les Petits chanteurs de Charlesbourg, chorale fondée en 1995, sont rentrés à la maison hier soir pour leur concert annuel de Noël. La maison, c’est l’église Saint-Charles-de-Barromée où le Père Noël, son traineau et ses rennes sont visiblement présents.

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En face, une dizaine de sapins vêtus de leurs plus beaux habits sont « au cœur de la fête », thème cette année de Noël au Trait Carré, site historique instauré par les Jésuites en 1665. Celui-ci constituait en Nouvelle-France la première tentative de colonisation à l’intérieur des terres, c’est-à-dire à ne pas être axée sur une voie d’eau importante. L’implantation d’un nouveau système cadastral en radian étonnait par son originalité. Sa configuration en étoile différait radicalement des modèles connus jusque là et faisait contraste avec le système des rangs arpentés et aménagés ailleurs dans la vallée du Saint-Laurent. Ce système conférait à chaque parcelle une forme trapézoïdale et non rectangulaire.

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À l’intérieur de l’église, les « petits chanteurs », de neuf à 18 ans, sous la direction de Jessica Latouche, elle-même ancienne « petite chanteuse », prenaient place pour interpréter devant une salle comble, 23 chants de Noël en commençant et en terminant par les grands classiques de Handel : Joy to the World et Hallelujah. Entre les deux, un programme varié de chants religieux (Ah, quel grand mystère, Le sommeil de l’enfant Jésus, Les anges dans nos campagnes… et de chansons traditionnelles québécoises (La Bastringue, Dans nos vieilles maisons, La tourtière…). À quatre reprises, la directrice a troqué sa baguette contre sa voix, interprétant elle-même, accompagnée de la chorale, Alleluia de Mozart Adeste Fideles, Gésu Bambino et Noël.

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Devant un public survolté qui les réclamait jusque dans les jubés, la soprano lyrique, Jessica, et ses protégés revinrent en rappel pour clouer la soirée par une interprétation émouvante de Minuit Chrétiens.

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En chaire et autour de la crèche les anges s’émerveillaient de ces douces voix d’enfants !

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Chapelle des Jésuites à Québec, à ne pas confondre avec le Collège des Jésuites

Quatre de mes enfants ont fréquenté le Collège des Jésuites, devenu en 1982, lors de son transfert à une corporation laïque, le Collège Saint-Charles-Garnier. Il s’agit depuis 1935 d’un point de repère majeur, situé sur le boulevard René-Lévesque, à mi-chemin entre le Vieux Québec et le campus de l’Université Laval.

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Moins connue, la chapelle des Jésuites, sis au 20, rue Dauphine (angle Dauphine/d’Auteuil), face à la porte Kent. Elle a été construite en 1817 par les laïcs de la Congrégation Notre-Dame-de-Québec, d’après les plans de François Baillargé. Différentes modifications y ont été apportées depuis, notamment en 1857, 1900, 1930 et 1949.

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Jouxtant la Maison Dauphine qui fournit aux jeunes de la rue, depuis 1992, la possibilité de reconstituer un milieu de vie proche de leur vécu et de leurs besoins, la chapelle offre également aux fidèles qui le désirent l’occasion de participer à une eucharistie dominicale célébrée chaque dimanche à 16h. Une attention particulière est apportée à la liturgie au niveau de la prédication et de son environnement artistique.

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Hier, nous étions huit « fidèles » à nous réunir à partir de 15h45 dans cette enceinte qui compte parmi ses objets les plus originaux un vitrail d’Abraham nomade d’après les dessins de Steeve Lamonde, une statue de Saint-Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus exécutée par Louis Jobin, un vitrail au détail inusité de la conversion de Saint-Paul réalisé par W.J. Fischer, autrefois (1896-1922) maitre verrier de la maison Bernard Léonard de Québec, deux tableaux du peintre Eugène Hamel (1845-1932) (Apparition du Sacré-Cœur à Sainte Marguerite-Marie Alacoque et Saint-Joseph avec l’enfant) et, au dessus du maitre-autel, un tableau de Théophile Hamel (1817-1870) rappelant la purification de Marie et la présentation de l’enfant Jésus au temple.

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L’avantage de se rendre tôt à la cérémonie, c’est de pouvoir méditer ou prier, de se recueillir, en écoutant les airs solennels, joués à l’orgue par Dany Belisle, également organiste à l’église Saint-Jean-Baptiste et professeur au conservatoire.

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Devant la pénurie de prêtres formés au Québec aujourd’hui et, à plus forte raison, chez les Jésuites, il n’est pas étonnant que le célébrant soit Burkinabé. Accompagné d’une sœur d’origine française, ce Jésuite se fait un plaisir, après la cérémonie, d’offrir le goûter (café, jus et pâtisseries) aux fidèles. Le moment fort de la messe qui n’a duré qu’une quarantaine de minutes fut, pour moi, l’échange de mots de paix et la poignée de main entre nous tous—tous les huit et tous de plus 65 ans!

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Si, un bon dimanche après-midi, il y avait du monde à la messe, il faudrait évidemment, compte tenu du petit nombre habituel, reconstituer le premier miracle de Jésus.