Mon Alma Mater

Il y a de cela quelques années, je terminais une maîtrise en histoire à l’Université Laval. J’avais un but ensuite: obtenir l’un des postes de stagiaire à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale. Et je l’ai eu, sinon, ça ne servait à rien de vous raconter tout cela.
Le premier jour, quand je suis arrivée sur la colline pour aller prendre la photo de ma carte d’identité, je suis tombée face à face avec Bernard Landry, alors premier ministre, et tout son entourage. J’étais impressionnée et je me disais combien j’étais chanceuse de passer les prochains mois en compagnie de tous ces politiciens, à un moment où j’adorais littéralement la sphère politique.
Les premières semaines, nous (3 autres stagiaires avaient aussi eu le poste) avons eu un accueil très chaleureux. On a assisté à la période de questions dans le salon bleu, on a mangé au Parlementaire, on a eu une visite guidée des lieux. Puis, j’ai été occupée, pendant un peu plus de 18 mois, à reconstituer les sessions de 1946 et de 1956-1957. Pour plus de détails sur ce vaste projet historique piloté par Jocelyn Saint-Pierre, allez sur le site revampé, sous le direction d’un autre de mes amis: http://www.assnat.qc.ca/archives/Debats-reconstitues/reconstitution.html. Plusieurs sessions sont déjà disponibles sur Internet.
Je reviens là-dessus parce qu’il y a quelques semaines de cela, j’ai eu un appel de mon ami Christian pour me dire que, ça y était, mes deux sessions étaient publiées. Fête! Tout ce que j’y ai appris sur la petite et grande histoire politique québécoise grâce à Jocelyn et Gilles Gallichan, c’est complètement fou. Je ne leur en serai jamais assez reconnaissante.
Ces mois ont marqué ma carrière. J’y ai côtoyé quotidiennement, sur le papier, Duplessis, Godbout, Antonio Barette, Albiny Paquette, René Chaloult, André Laurendeau, Valmore Bienvenue. Ils m’ont fait rire, m’ont intéressé, ont soulevé mon indignation. La politique avec eux n’avait rien de banal.
La session de 1946, première année d’après-guerre, a été consacrée à toute sorte de questions, comme les «slot machines», les pouvoirs d’eau, le logement social, la tuberculose, le contrôle de la vente de la margarine, le communisme. Le 20 février, «selon le député de Rivière-du-Loup, Léon Casgrain, l’Union nationale oblige les hôteliers qui souhaitent obtenir un permis de vente d’alcool non seulement à verser une contribution dans les coffres du parti, mais encore à acheter un buste en plâtre de Duplessis. Au milieu des rires, une voix s’objecte : « C’est un beau buste! »» Les sessions contiennent une mine incroyable d’informations et j’invite tous les chercheurs, professeurs, journalistes, politiciens, étudiants à s’y abreuver, comme la devise de la verrière de la Bibliothèque nous l’indique «Je puise, mais n’épuise».

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