André Gladu reçu à l’Ordre des francophones d’Amérique

Décerné annuellement par le Conseil supérieur de la langue française, l’Ordre des francophones d’Amérique a pour but de reconnaître les mérites de personnes qui se consacrent au maintien et à l’épanouissement de la langue de la Franco-Amérique. À la cérémonie de la remise des insignes de l’Ordre, tenue le 30 septembre en le Salon rouge de l’Assemblée nationale du Québec, en présence de la Ministre Christine Saint-Pierre, du maire de Québec, Régis Labeaume, et du président du Conseil supérieur de la langue de française, Conrad Ouellon et de nombreux amis, collègues et collaborateurs, ainsi que de son fils, Aléxis, André Gladu, cinéaste dont la profondeur, l’originalité et la sensibilité de l’œuvre sont reconnues au Québec et partout sur le continent dans les milieux universitaires et dans les communautés acadienne, cadienne, franco-américaine, franco-canadienne et métisse, a reçu les honneurs couronnant sa longue carrière de documentariste qui se poursuit inlassablement.


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Régis Lebeaume, Conrad Ouellon, André, Christine St-Pierre


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André et Aléxis Pilon-Gladu

L’octroi des insignes de l’Ordre des francophones d’Amérique signifie que le récipiendaire a travaillé au rayonnement de la francophonie au Québec ou dans les grandes concentrations francophones nord-américaines. Dans le cas d’André, ce n’est pas une question d’avoir travaillé au rayonnement au Québec OU dans les îles de l’Archipel franco d’Amérique. Non, dans son cas, le OU se transforme indubitablement en ET. Aucun artiste ou artisan en Franco-Amérique n’a autant travaillé à la fois sur le Québec ET le hors Québec. Son tout premier documentaire, Le Reel Pendu (1971), consacré aux liens entre les cultures du Québec, de l’Acadie et de la Louisiane, annonçait déjà ce qui serait la couleur de sa carrière. D’ailleurs, une analyse rapide—et probablement partielle—de l’œuvre de Gladu révèle la réalisation de 45 films documentaires. Ils sont de durée variable (10, 30, 60 et 80 minutes) et de thèmes divers (biographie, patrimoine, musique traditionnelle…). Sur ce nombre, 18 ont le Québec comme toile de fond et les Québécois comme sujet. À titre d’exemples : Gilles Vigneault : Portager le rêve (1997), La conquête du grand écran (1996), Gaston Miron : les outils du poète (1994), Marc-Aurèle Fortin (1983), Les dompteurs du vent (1981), Le quêteux Tremblay (1977), « Pitou » Boudreault, violoneux (1974). Vingt-et-un d’entre eux visent à mettre en valeur les autres Francos d’Amérique. Mentionnons Marron : la piste créole en Amérique [Louisiane] (2005), Tintamarre : la piste Acadie en Amérique (2004), Liberty Street Blues [Louisiane] (1988), Zarico [Louisiane] (1984), Les gens libres [Métis du Manitoba] (1979), C’est toujours à recommencer [Ontario] (1979), Le Petit Canada [Nouvelle-Angleterre] (1978), Le dernier boutte [Terre-neuve] (1978), C’est pu comme ça anymore [Missouri] (1976). Enfin, cinq autres films ont été tournés en Europe, quatre en France et un en Ireland : And a bit ou music… (1979), Parler breton, c’était un crime (1979), J’ai chanté, j’ai déchanté et je rechante (1979), Il faut continuer (1978), La terre d’Amitié (1978).

Son passage à Québec a fourni à André l’occasion de rencontrer au bureau des Éditions du Septentrion, lors d’une séance de travail en vue d’un prochain film consacré aux peuples métis du Canada et des Etats-Unis, Robert Foxcurran, chercheur de Seattle en visite chez moi. Celui-ci vient de terminer la rédaction d’un volumineux manuscrit intitulé « Washington Territory’s Tale of Two Frenchtowns » . Foxcurran, à la retraite depuis peu de la grande compagnie d’aviation Boeing, poursuit depuis une quinzaine d’années sa principale passion : le dévoilement—pour ne pas dire le « déterrement »—et la mise en valeur de la présence franco dans sa région. Il s’agit d’un pan d’histoire et d’un espace géographique qui manquent dans les manuels d’histoire, autant aux États-Unis qu’ici. Rob voudrait bien corriger la situation. Tout au long de son court séjour, il nous rappelait que la présence canadienne-française et métisse est historiquement et numériquement plus importante dans l’Ouest américain que dans l’Ouest canadien. Pourtant, on associe toujours ce phénomène aux provinces du Manitoba, de Saskatchewan et d’Alberta et rarement aux États de Dakota du Nord, de Dakota du Sud, du Montana, d’Idaho, de l’Orégon et de son propre État de Washington. Foxcurran insiste sur l’artificialité du 49e parallèle en ce qui a trait aux coureurs de bois et aux voyageurs canadiens du continent et à la nouvelle nation qu’ils ont engendrée, celle des Métis…des Bois-brûlés…des French Breeds !

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Séance de travail chez Septentrion

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Robert Foxcurran devant la Fontaine Tourny

3 thoughts on “André Gladu reçu à l’Ordre des francophones d’Amérique

  1. J’ai bien hâte de lire Foxcurran. C’est une région où plusieurs de me compatriotes se sont illustrés, dont les évêques Blanchet.


  2. Bonjour,
    Je m’intéresse moi aussi à l’histoire des premiers francophones de la côte Nord Ouest du Pacifique. Je partage les points de vue de Robert Foxcurran, et je travaille pour sensibiliser la population francophone et anglophone de notre province de Colombie-britannique afin de réécrire l’histoire des francophones et des Métis francophones dans cette région du monde, méconnue et négligée. On vient de fêter le 150 ème de notre province, mais c’est complétement absurbe, car la province dans son histoire est indisociable du Columbia District et écrire l’histoire de BC sans tenir compte de la présence historique des francophones de l’Oregon et de l’État de Washington n’est pas correct. D’autre part j’affirme que sans la présence des francophones, sans leur savoir faire, leur expérience et par le fait qu’ils aient mariés des femmes autochtones, conçus de nombreux Métis, l’histoire de la Côte Nord Ouest et en particulier de la Colombie-britannique se serait déroulée bien autrement et peut être même le Canada aurait vu sa frontière s’arrêter sur les rocheuses. Un article paru sur le site de OSU met en valeur les travaux du Dr Brauner, un archéologiste qui se penche sur la présence des premiers francophones dans L’état de l’Orégon est significatif je le partage avec vous, tout y dit…
    http://alumni.oregonstate.edu/stater/issues/Stater0112/feature6.html
    Cordiales salutations francophones de Vancouver
    René Digard
    PRésident Société Historique Francophone de CB


  3. Les observations de monsieur Digard illustrent comment le gouvernement fédéral pratique le « deux poids deux mesures ».
    Pour le 400e de Québec, il est intervenu lourdement, et de diverses façons, notammnent par la voix du commissaire aux langues officielles, pour s’assurer que la fête serait à son goût, i.e. qu’elle ferait place aux anglophones « qui-ont-fondé-Québec-aussi » et surtout aux autochtones « qui-étaient-là-avant », en évitant qu’on en fasse ce qu’elle devait être, l’origine de l’Amérique française.


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