Satori à Québec

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Soirée magique le 19 mai au Théâtre Petit Champlain. Après 13 ans d’absence, l’homme invisible était en ville! Évidemment, je fais allusion à Patrice Desbiens, revenu une fois de plus dans la ville qui, pour lui, équivaut Paris. Je l’entends encore, s’adressant à mes étudiants à l’université Laval, en 1988, inscrits au cours « Le Québec et l’Amérique française », dire : « Quand tu viens de Sudbury, Québec, c’est Paris! »

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Dès sa parution en 1981, L’homme invisible / The invisible man consacre Desbiens comme l’une des voix majeures de l’Ontario français, et L’homme invisible comme métaphore du « minoritaire francophone dans la réalité canadienne » : d’un côté, il est Franco-Ontarien, tandis que, de l’autre, he is French-Canadian. Vingt-neuf ans, après sa parution, cette œuvre magistrale de Patrice fut sortie des boules à mites pour « combattre » à l’émission de Christiane Charrette, contre Le Survenant (Germaine Guèvremont), Cantique des Plaines (Nancy Huston), Comment devenir un ange (Jean Barbu) et—hélas—L’énigme du retour (Dany Laferrière) ? Comment espérer en sortir gagnant en cette année marquée par la tragédie du séisme à Port-au-Prince et par les succès littéraires qui se multiplient chez le principal porte-parole d’Haïti au Québec ?

Dans l’un de ses derniers romans, Sartori à Paris, avant d’être emporté par les démons qui le possédaient, Jack Kerouac raconte la quête de son héritage en France, d’où le titre choisi par les organisateurs du spectacle qui ramènerait dans la ville de Champlain un de ses fils spirituels : « Satori à Québec : les mots de Patrice Desbiens ». Dans un premier temps, « les mots » furent lus avec brio par un triumvirat de personnalités étiquetées « ses cascadeurs de l’amour » : Isabelle Blais, Nathalie Lessard et Alix Renaud, accompagnées d’un quartette de jazz de haut calibre comprenant Normand Guilbeault à la contrebasse, Vincent Gagnon au piano, Jean Derome aux flûtes et saxophones et Claude Lavergne aux percussions. Après l’entracte, Blais revint dans une véritable tempête de textes, les uns exprimés avec autant d’émotion que les autres, toujours sur un fond sonore provenant du quartette.

Enfin, le moment tant attendu, l’imprésario, Simon Couillard présente l’invité d’honneur qui monte modestement sur les planches. En lisant ses poèmes—des anciens comme des plus récents—et en badinant à la franco-ontarienne, tantôt en français, tantôt en anglais, avec les membres du quartette et avec ses « fans » dans la salle, Patrice garde l’auditoire dans le creux de sa main pendant une trentaine de minutes.

À la fin, la foule en délire demande l’homme invisible en rappel. L’homme fragile revient ! Autre moment magique avant de quitter la maison de la chanson et de réemprunter la rue illuminée du Petit Champlain, plus vieille rue en Amérique, dit-on !

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