La plantation de Laurel Valley, près de Thibodaux, LA

Comme tant d’autres Cadiens, Rocky McKeon est francophone en dépit de son nom; il est fier de son patelin et de son patrimoine. Après une visite de la Jean Lafitte National Historic Park and Preserve à Thibodaux, il nous a fait visiter la plantation Laurel Valley.

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Sans lui, nous serions passés complètement à côté, car elle est loin des sentiers battus. Il s’agit d’une plantation fantôme qui fonctionnait à plein régime il y a 90 ans quand une multitude de métayers récoltaient la canne à sucre sur une propriété de 2 000 acres. Ils occupaient des maisons créoles à proximité les uns des autres le long du bayou.

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La fabrication du sucre se faisait sur place dans une sucrerie faite en briques rouges dont il ne reste aujourd’hui que des vestiges.

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En arrière de la sucrerie, mais complètement disparue de nos jours, se trouvait une tonnellerie pour la mise en tonneau de la mélasse. Cependant, le levier pour débarrasser les charrettes surchargées de canne demeure bien en vue.

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Jusqu’aux années 20, la production était considérable, mais à mesure de la mécanisation, de l’augmentation de la concurrence et de la spécialisation des opérations, Laurel Valley s’est retrouvée sur une pente descendante. L’amorce de la crise économique des années 30 a mis un terme aux activités de la plantation et a déclenché l’éparpillement des métayers.


Laurel Valley rappelle Val Jalbert, au Saguenay.


Rencontre entre compatriotes à la Nouvelle-Orléans

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Comme on est bien au Bayou Segnette State Park, sur la rive ouest de la Nouvelle-Orléans : tranquille, spacieux, verdoyant, confortable et surtout familial à ce temps-ci de l’année quand il y a tant de Québécois et d’Acadiens sur les routes du Sud. À titre d’exemples, en plus de nous ici, sur le site 28,

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il y a les Grenon de Chicoutimi sur le 29

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les Potvin de Saint-Denis-sur-Richelieu sur le 31

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les Lévesque de Campbellton sur le 33

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et les Mallet de Campbellton sur le 35.

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Un peu loin, les Landry de Gaspésie.

Bien que les itinéraires de tous soient particuliers, un aspect ressort inévitablement du plan de voyage de chacun : cette affinité pour la Louisiane et le désir de se lier d’amitié avec les Cadiens et Créoles de la place et de contribuer ainsi à une plus grande solidarité franco en Amérique.


Au Café des amis, ça « rocke » le samedi matin

Tôt le samedi matin, le monde se rue sur Pont-Breaux pour goûter à l’ambiance du Bayou Têche en prenant le déjeuner. À 7h30 déjà, l’ancienne quincaillerie s’affiche complet. Les musiciens n’arriveront qu’une demi-heure plus tard et joueront jusqu’à 11h avec une minuscule pause de 15 minutes vers 10h.

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Cette semaine, ce fut au tour de LeRoy Thomas et ses Zydeco Roadrunners d’épater les danseurs affamés … et assoiffés. Des vieux et des jeunes, des robustes et des estropiés, des Blanc et des Noirs, des gens de près et des gens de loin, tous sur place pour laisser les bons temps rouler.

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Et les pauvres gens qui arrivent en retard, que doivent-ils faire? Attendre dehors en sachant qu’il y a quand même un certain roulement à l’intérieur. Il y a de la place pour danser sur le trottoir, mais il y a une autre solution. La bonne recette, c’est se rendre chez Jacqueline, cinq portes plus loin, vers l’Ouest, où une joviale Française, habitant Pont-Breau depuis 40 ans, tient boutique préparant des déjeuners sur mesure pour le trop-plein du Café des amis.

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En attendant mon omelette aux écrevisses, j’ai pu jaser avec les quelques Cadiens qui sirotent leur café chez Jacqueline à tous les matins. Vers 9h30, bien rassasiés, les retardataires peuvent entrer au Café des amis et « rocker » comme les autres.


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Rencontre mémorable avec Michael Gisclair

Rocky McKeon (voir billet du 30 octobre 2009) m’avait parlé de son ami, Michael Gisclair, 23 ans, de Cut Off, en Louisiane. Selon Rocky, j’aurais des affinités avec ce jeune Cadien passionné de son héritage franco-louisianais et de la langue de ses grands-parents paternels et dont la mère est originaire de mon État natal. Il avait raison. Aujourd’hui à Houma, j’ai passé trois heures avec ce jeune homme énergique, enthousiaste et sensible. En se quittant, je lui ai offert un exemplaire de Franco-Amérique et une invitation à venir chez nous —aussi longtemps qu’il le voudra—afin de s’immerger dans un milieu de langue française.

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À juger de sa réaction, il y a bon espoir qu’il finira par se pointer à Québec.


« Émeute », euphémisme pour « massacre » : Lalita Tamedy et Red River

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Après son premier roman, Cane River, publié en 2002, Lalita Tamedy nous offre Red River, un roman historique et biographique—une saga de sa famille qui découle de l’une des journées les plus violentes de l’histoire du Sud. La période dite de « Reconstruction », qui suivit la Guerre de sécession, devait fournir aux esclaves affranchis l’occasion de voter, de devenir propriétaires–en somme, de contrôler leur propre vie. Or, en l’espace de quelques heures, par une belle journée de printemps, à Colfax, en Louisiane, les hommes blancs déchainés ont mis à feu et à sang le Palais de justice du village, ainsi que de nombreuses cases des anciens esclaves qui se défendaient du mieux qu’ils pouvaient. Le « pointage » à la suite cette « émeute », comme la décrit les livres d’histoire : Nombre de Noirs morts, 150; Nombre de Blancs morts, 3.

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À cinq minutes de cette plaque commémorative, au centre du coin le plus ancien du cimetière de Colfax se trouve un monument de 4 mètres de haut, rendant hommage aux trois héros de l’émeute.

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Érigé à la mémoire de trois héros, Stephen Decatur, James West Hadnot, Sidney Harris qui sont tombés à l’émeute de Colfax en se battant pour la cause de la suprématie des Blancs. Le 13 avril 1873.

Red River fait enfin contrepoids à l’histoire « officielle ». La recherche méticuleuse de Lalita Tademy auprès des siens et l’interprétation qu’elle en fait dans son récit ne laissent pas de doute. Ce ne fut point une « émeute », mais un « massacre » en bonne et due forme!

Ce roman de Lalita Tademy tient lieu de monument aux 150 victimes.

N.B. Il n’y a pas lieu ici de reprendre Cane River qui figure déjà dans ce carnet (28 octobre 2009).