Hoodoo ! Connais-tu ?

La rivière au Lait, telle que baptisée par les éclaireurs canadiens-français faisant partie de l’expédition de Lewis & Clark à cause de sa couleur, prend son origine dans le coin nord-ouest de l’État du Montana, à quelques kilomètres de la petite ville de Browning, à proximité du Parc national Glacier : « the water of this river possesses a peculiar whiteness, being about the colour of a cup of tea with the admixture of a tablespoonfull of milk. from the colour of its water we called it Milk river ». (Journal de Meriwether Lewis)

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Elle coule sur une distance de 1 173 km, le long de la frontière canado-américaine, tantôt en Alberta, tantôt au Montana, avant de se jeter dans le Missouri, faisant de la « Milk » le tributaire le plus septentrional du bassin versant du Mississippi. À 45 km à l’ouest du village albertain de Milk River, presque au pied des Collines à l’herbe douce (Sweetgrass Hills) se trouve le parc provincial Writing-on-Stone, domaine des hoodoo, ces étranges formations géologiques en champignon, créées par l’action érosive sur grès de l’eau, du vent et du givre.

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L’endroit est au cœur du territoire traditionnel de la nation des Pieds-Noirs qui comprenait des Piegen, Kainai et Siksika. Il constitue pour eux un lieu sacré. Pendant au moins 3 000 ans, ces peuples nomades parcouraient cette vallée en laissant des traces. Des pétroglyphes rappellent leur vécu, leurs cérémonies et des événements saillants marquant leur culture.

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Ici, grâce à l’abondance d’eau, de viande, de poisson et de petits fruits, le milieu naturel les soutenait physiquement. Les majestueux peupliers de la prairie, longeant la rivière les abritaient des vents qui y soufflent sans cesse. Spirituellement, ils tiraient force des puissances surnaturelles qu’ils croyaient habiter les falaises.

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La signification et l’originalité du lieu sont telles que Parcs Canada, propose à l’UNESCO, sous le nom Áísínai’pi, qui veut dire en Niitsítapi « il est dessiné » ou « il est écrit » , sa candidature comme site du Patrimoine mondial.


La fête des pères à Mossleigh, AB

À mi-chemin entre Calgary et Lethbridge, à l’écart de la route 2, la plus achalandée entre les deux centres, sur la route provinciale 24, à 40 km au nord de Vulcan, se situe Mossleigh, population si faible que l’endroit n’est même pas mentionné dans l’atlas routier Rand McNally des États-Unis et du Canada. Impossible d’y trouver de quoi de bon se mettre sous la dent, se dirait-on. Détrompons-nous! Depuis deux ans, en plein champ, adjacent au centre paysagiste bien côté, Aspen Crossing, le gourmet peut se régaler! Il s’agit de s’asseoir dans la salle à dîner du magnifique wagon Pullman, fabriqué à Chicago en 1887, ou dans son petit salon, et de patienter un peu en admirant le palpitant panorama aux couleurs printanières. Selon la légende, c’est dans cette voiture que John Diefenbaker parcourait le Canada pendant son mandat (1957 à 1963) de 13e Premier Ministre du pays, justifiant ainsi son emplacement ici dans la Prairie, région que le « vieux lion » aimait tant.

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La saison estivale s’annonce séduisante et appétissante. Les 13 et 14 juin il y eut un étalage prodigieux de trains en miniature; les 20 et 21 juin, ce sera l’occasion de multiples buffets pour souligner la fête des pères.

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L’AARQ: faire flèche de tout bois

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Le soir du 13 juin dernier, les membres de l’Association acadienne de la région de Québec (AARQ), leurs invités et amis montèrent au septième ciel, car il y avait de la belle visite d’Acadie en la salle Wilbrod-Bhrer. Calixte Duguay, légendaire poète, auteur, compositeur et interprète était de passage pour partager son grand talent et faire la promotion de son dernier album, De terre et d’eau. Duguay se joignait au chœur Échos de l’Arcadie, sous la direction musicale de Catherine-Élisabeth Loiselle, pour présenter un spectacle ayant pour titre Mémoires d’Acadie.

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La chorale, issue en 1996 de l’Association acadienne de la région de Québec, fondée, elle, l’année précédente se servit de l’occasion pour mettre la touche finale au répertoire qu’elle présentera au Congrès mondial acadien et pour épater les quelques 300 personnes dans la salle. La tournée estivale de la chorale passera dans sept localités :

            14 août            Église Saint-Simon, Caraquet, NB

            15 août            Village historique acadien, Caraquet, NB

            16 août            Église Saint-Augustin, Paquetville, NB

            17 août            Église de Covedell, Tabusintac, NB

            18 août            Pays de la Sagouine, Bouctouche, NB

            19 août            Église Notre-Dame-de-Mont-Carmel, IPE

            20 août            Chapelle historique, Sainte-Anne-de Beaumont, NB

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Le répertoire de ces chanteurs « acadiens », tous de la région de Québec, est un heureux mélange d’airs traditionnels («Ave Maris Stella», «Partons la mer est belle», «Jos Frédric»…) et d’airs nouveaux («Plus jamais la mer», «De terre et d’eau», «L’Acadie n’a pas de frontières»…), la plupart adaptées par la directrice musicale du groupe.

Le retour en Acadie de ces Québécois d’origine acadienne ou de ces Acadiens de Québec marque une étape majeure dans l’évolution de la chorale. Quelle réception y recevra-t-elle ? Seront-ils reçus comme des Québécois déguisés en Acadiens ou comme des Acadiens hors d’Acadie ? Quelle incidence cette tournée pourrait-elle avoir sur le choix du site du cinquième Congrès mondial acadien qui aura lieu en 2014. Trois régions sont actuellement en lice : la « République » du Madawaska, le sud de la Louisiane et la ville de Québec. Les résultats du concours seront annoncés à Caraquet en août, mais d’ores et déjà, ce dossier a mobilisé, jusqu’à l’épuisement, certains membres du Conseil d’administration de l’AARQ.

Si la question identitaire évoquée au début du paragraphe précédent peut paraître banale, elle pourrait également soulever la polémique, car les avis sont partagés. Les Blanchard, Chiasson, Cormier, Hébert, Landry, Melançon, Richard, Thériault, Vigneault demeurant en grand nombre au Québec depuis l’époque du Grand dérangement, sont-ils encore des Acadiens ou se sont-ils fondus dans le creuset québécois ? Lorsqu’on assiste aux activités de l’AARQ, comme le concert du 13 juin, l’une des fêtes dînatoires mensuelles ou l’assemblée annuelle, un aspect saute aux yeux, la couleur des cheveux. On dirait que pour être Acadien à Québec ou pour être conscient de ses origines acadiennes, à moins d’être nouvellement arrivé des provinces Maritimes, il faut avoir dépassé la cinquantaine !

Sensible à la question identitaire, la constitution de l’AARQ cite comme premier objectif de regrouper les Québécois d’origine ou de descendance acadienne de la région de Québec, sans exclusion quant aux Québécois intéressés aux liens d’amitié avec l’Acadie. Suivent trois autres objectifs : développer des liens avec les autres Acadiens de tous les lieux ; promouvoir le fait acadien dans la région de Québec ; contribuer à la promotion de la Francophonie canadienne et internationale.


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Sous la direction de sa dynamique présidente, Rita Cormier-de la Garde, l’AARQ fait flèche de tout bois, satisfaisant aux quatre objectifs et répondant aux attentes de ses 225 membres.


Numéro 154 de la revue Québec français, été 2009

Du 2 au 5 juillet 2009, à San Jose, en Californie, l’American Association of Teachers of French (AATF) tiendra son congrès. À chaque participant sera distribuée, grâce à une initiative de Michel Robitaille, directeur général du Centre de la francophonie des Amériques, la plus récente parution de la revue Québec français. Ce numéro, le plus beau des 154 à paraître à ce jour, selon son directeur, Aurélien Boivin, est largement consacré à la Franco-Amérique

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De courts textes de spécialistes provenant du Québec, d’Acadie, de l’Ontario, de l’Ouest canadien, de Louisiane, du Mexique et du Brésil explorent de manière saisissante et succincte des thèmes littéraires, linguistiques, géographiques, éducatifs et culturels des nombreux milieux franco se trouvant aux quatre coins du continent, le tout agrémenté d’une multitude de photos, cartes et graphiques. À titre d’exemples ces deux cartes :


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Français parlé à la maison en Amérique du Nord, 2000-2001

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Population d’origine ethnique française en Amérique du Nord, 2000-2001

La première dépeint une « communauté vitale » aux prises, sur une base quotidienne et à divers degrés, avec le maintien de la langue. La deuxième représente une « communauté historique » ne parlant pas toujours français, mais possédant souvent un sentiment viscéral d’identité franco rattaché à une mémoire collective remarquable. Leur lutte est d’un ordre différent, moins linguistique qu’identitaire.

Une carte stylisée révèle la réalité de la Franco-Amérique contemporaine qui a certes de lointaines racines françaises, mais qui a pris forme et sens au Nouveau Monde. Son histoire et son destin se font ici. En ce début de siècle, cette réalité sans cesse renouvelée est articulée autour d’un foyer Québec, des contreforts ontarien, franco-américain de la Nouvelle-Angleterre et acadien du nord, et d’une diaspora continentale caractérisée à ses limites par une forte coloration métisse. Notons également l’apport haïtien qui traverse le continent du sud au nord via l’axe Miami-New York-Montréal et l’immigration francophone canadienne provenant surtout d’Europe, d’Asie et d’Afrique qui a pris son élan vers la fin des années 1980.


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Enfin, l’arbre de la genèse des variétés de français rappelle qu’il faut mettre de côté la conception selon laquelle la langue française serait constituée d’une variété centrale autour de laquelle rayonneraient toutes les autres variétés du français. Oui, il existe une langue de référence, enseignée à l’école dans toute la francophonie, mais il est vrai aussi que ce français de référence est l’expression normée de la langue maternelle des Parisiens. Il existe, à ne pas se tromper, un deuxième modèle de français langue maternelle, celui autour duquel s’articulent les français d’Amérique, de Terre-Neuve aux Antilles et de l’Acadie à la côte ouest.


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Ce numéro spécial de Québec français consacré à la Franco-Amérique s’avérera un outil précieux pour les enseignants et enseignantes du français aux États-Unis qui en ont bien besoin afin de contrer leurs nombreux dénigreurs qui insistent que dans le domaine de l’enseignement des langues secondes l’avenir est à l’espagnol et au chinois et pour convaincre les élèves que l’Amérique est, en fait, comme un gruyère, criblée de pochettes de Français !

Évidemment, la revue est disponible dans toutes les bonnes librairies du Québec et rien n’empêche son utilisation dans les salles de cours d’ici !