La dernière demeure d’Henri Salvador

Est-ce l’an dernier qu’à 89 ans Henri Salvador est venu nous charmer à l’émission Tout le monde en parle en présentant son plus récent et dernier album, « Révérence »? Depuis sept décennies, ce petit homme au sourire large, à la voix douce et à la manière taquinante et perspicace avaient épaté les francophones du monde entier.
Depuis peu, Henri a trouvé le repos éternel à côté de son épouse, Jacqueline, au quadrilatère 97, aux limites nord-est, du cimetière Père-Lachaise. Qui est sa voisine immédiate? Nulle autre que la grande Piaf.
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Quoi de plus normal?


Le Coquelicot, rue des Abbesses, Paris XVIIIe

Et moi qui pensais bien connaître Paris! C’est Sophie Imbeault, éditrice chez Septentrion, qui aime Paris autant que moi qui, au retour de sa dernière visite en France, m’a parlé de la rue des Abbesses. Quelle découverte pour ce vieil habitué qui fréquente la ville lumière depuis 1962! Comment expliquer ce manque de connaissance de cette magnifique rue commerciale et résidentielle qui sillonne la butte Montmartre? Une explication, c’est que l’on y accède par la station de métro Abbesses, située à l’ombre de celle bien plus connue pour des raisons liées aux domaines du spectacle et de l’industrie du sexe, Pigalle. D’ailleurs, sur la ligne 12, destination Porte de la Chapelle, Abbesses est la station qui suit celle de Pigalle. Pour atteindre la rue à partir des profondeurs de la terre—Abbesses est sûrement la voie souterraine la plus profonde du système de métro de Paris—le voyageur a deux options, l’ascenseur ou l’escalier en spiral. Celui qui veut garder la forme a intérêt à gravir à pied les 150 marches et les quelques dizaine de mètres afin d’admirer les sept fresques qui ornent les murs, dont ces deux qui offrent un aperçu des paysages de Paris vus de Montmartre.
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En sortant du métro à la place des Abbesses, l’une des rares églises parisiennes de l’ère moderne, Saint-Jean, L’Évangéliste (1894-1904), avec son revêtement en briques rouges, saute aux yeux. D’après moi, ce n’est pas là le point de repère le plus important. Non, je lui préfère la boulangerie, Le Coquelicot, dont l’auvent rouge et
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les arômes de pain frais et de café chaud attirent à toute heure. Évidemment, les Parisiens du quartier arrêtent quotidiennement piger dans le vaste éventail de pains et de pâtisseries à vendre. Mais il ne s’agit pas d’une simple boulangerie, il s’agit également d’une mini chocolaterie décorée selon le rythme des saisons et d’un café avec terrasse extérieure, tables à l’intérieur au rez-de-chaussée et salle à dîner à l’étage.
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La carte des petits déjeuners et de desserts est riche et variée. Sur semaine, en ce mois de novembre, il est possible de trouver de la place à l’étage, même pendant les moments les plus achalandés de la journée, mais attention aux fins de semaine (pardon, aux week-ends). À partir de 10 heures, la réservation est de rigueur!


Idaho City, ID : la rusticité à son meilleur

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Seattle, Portland, Spokane, les plus grandes villes de cette glorieuse et belle région que l’on appelle le Pacific Northwest. Il n’en a toujours pas été ainsi. En octobre 1862, dix semaines après la découverte de l’or dans le Bassin de Boisé, une cuvette naturelle entourée de sommets de 2 400 mètres, fut fondée Idaho City. L’été suivant, sa population se fixa à 6 275 habitants dont 5 691 hommes, faisant d’elle la plus grande « ville » du nord-ouest des États-Unis. Des femmes et familles suivirent, ainsi que des commerces, des écoles, des théâtres, une bibliothèque et des églises. La ville survécut plusieurs incendies et demeurera un site minier important jusqu’au moment de la fermeture des champs aurifères en 1942.
Plus le « boomtown » d’autrefois, Idaho City demeure néanmoins de nos jours un trésor, recelant un héritage architecturel incomparable de l’ « Old West ». À titre d’exemple, le palais de justice du comté de Boisé, construit en 1871. Après avoir servi de magasin général et d’hôtel, il revint ces dernières années à ses premières fonctions, le juge Roger Cockerille y présidant plusieurs jours par semaine.
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Le journal le plus ancien de l’État de l’Idaho fut fondé en 1862 par Joseph Thomas Butler. Le Boise News, devenu par la suite l’Idaho World, se publie encore en 2008 sur une base quotidienne, mais plus dans son imprimerie originale. Troisième exemple de cette architecture remarquable, l’ancien hôtel, situé à l’écart de la rue principale, mais bien en évidence en arrière du palais de justice.
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Faisant à la fois la honte et la fierté d’Idaho City cet édifice situé à l’extrémité nord de la rue principale. Autrefois résidence de la bourgeoisie, elle est aujourd’hui dépotoir de toutes les « bébelles » imaginables et inimaginables qui peuvent attirer des curieux. Rien n’est à vendre. Tout est à musarder!
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Avant de quitter Idaho City, une courte visite à Trudy’s Kitchen s’impose. Les brioches à cannelle sont énormes, la tarte à rhubarbe succulente, le café chaud et la conversation animée..
Dernier observation.. Sur un panneau d’information historique situé à l’entrée du Main, il est question de l’un des fondateurs d’Idaho City d’« origine danoise » : Émile Grandjean. Les édiles municipaux d’Idaho City me pardonneront, mais j’entretiens de sérieux doutes quant aux origines scandinaves de cet Émile!



Kooskia, ID : l’Amérique de Sarah Palin

Elle est gouverneure de l’Alaska, mais la co-listière de John McCain aux dernières élections présidentielles américaines est née en Idaho le 11 février 1964, à 200 km au nord de Kooskia, où je viens de passer la nuit après une merveilleuse descente de la route 12 (Highway to Heaven) qui relie aujourd’hui les villes de
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Missoula, au Montana, et Lewiston, en Idaho, en suivant plus ou moins le tracé du fameux Lolo Trail emprunté péniblement par l’expédition de Lewis & Clark, à l’aller en 1805 et au retour en 1806. Roulant sur cette route étroite et sinueuse à double voie dont le parachèvement ne remonte qu’aux années 1960, la Lochsa, à ma gauche, je pouvais facilement m’imaginer les difficultés et la misère auxquelles firent face les membres de l’expédition. Décrivant sa traversée de cette barrière quasi infranchissable que constituaient les montagnes Bitteroot, William Clark écrivait :
I have been wet and as cold in every part as I ever was in my life, indeed I was at one time fearfull my feet would freeze in the thin Mockirsons which I wore.
Dans son excellent livre intitulé : America : l’expédition de Lewis & Clark et la naissance d’une nouvelle puissance, 1803-1853, publié chez Septentrion en 2003 à l’occasion du bicentenaire de l’acquisition de la Louisiane par les États-Unis, Denis Vaugeois souligne la signification de la découverte du Lolo.
À Kooskia, population 675, la Lochsa, cette rivière sauvage très prisée de nos jours par des adeptes du rafting et du kayak, se joint à la Selway formant ainsi la fourche mitoyenne de la Clearwater, cours d’eau ayant permis à l’expédition de Lewis & Clark d’accéder à la Snake, puis au Columbia et, éventuellement, à l’océane Pacifique.
Kooskia est un village en déclin. L’incertitude économique se fait durement ressentir dans ce coin isolé des États-Unis. Les scieries ferment les unes après les autres; l’extraction du minerai s’avère de plus en plus coûteuse et improfitable. Le matin, au Café Rivers, les hommes discutent moins de la pêche si abondante, de la chasse à
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l’orignal, au wapiti et au chevreuil que de l’avenir du pays. À Kooskia, huit jours après les élections, l’humeur est massacrante. Nous sommes au coeur de l’Amérique conservatrice qui a produit Sarah Palin et qui a vu naître à Ruby Ridge, en 1992, la confrontation violente, voire meurtrière, entre le clan Weaver, considéré comme subversif, et les forces fédérales !
Et comme pour confirmer ce que j’observais au Café Rivers et pour rappeler le souvenir de Ruby Ridge, cette pancarte plantée bien en évidence à la sortie du village :
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Obamanation (Abomination!)
Moins de liberté
Davantage de « bullshit » gouvernemental coûteux