Heureuses retrouvailles (26-31 juillet 2015)

Déjà un mois s’est écoulé depuis les festivités tant attendues !  Le passage à Québec de nos huit enfants et 17 des 20 petits-enfants. Pour l’occasion, nous avions loué un chalet à Saint-Ferréol-les-Neiges, une vieille école de campagne à laquelle, on avait rajouté des pièces permettant à 32 personnes de dormir sur les lieux.

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Les Louder sur la galerie de la Petite École.

Les enfants se repartissent géographiquement de la manière suivante : 3 au Québec (2 à Québec, 1 à Laval), 3 dans la région de Calgary et 2 aux États-Unis (1 à Boisé, en Idaho et l à Tacoma, en Washington). Ils varient en âge de 49 à 29 ans. Tous parlent évidemment le français et l’anglais. Ce qui n’est pas le cas des 17 petits-enfants dont quatre sont, pour le moment, unilingues français, sept sont unilingues anglais, cinq sont bilingues (anglais/français), un autre est bilingue, mais en anglais et espagnol. On pourrait presque dire que ce dernier est trilingue parce que, jeune, dans une école d’immersion, il a déjà appris les rudiments du français.

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4 gars, 4 filles..quand on connaît la recette

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17 petits-enfants sur 20

Un ami m’a fait la remarque récemment que cette situation linguistique devait rendre les rencontres familiales plutôt compliquées. Pas du tout ! Chez les enfants, il n’y a pas de gêne. La langue a si peu d’importance pour ceux et celles en bas âge. Ils en font abstraction. Ils communiquent, s’amusent, s’aiment et se respectent.

Qu’il en soit toujours ainsi pour nous et pour les autres !


Grand jour à Grand Sault

Le 6 juin dernier, à New York, American Pharoah devint le premier cheval en 37 ans, et seulement le douzième dans l’histoire des courses hippiques américaines, à gagner la Triple Crown (victoires au Derby du Kentucky, au Preakness et au Belmont Stakes). Le neuvième à accéder à ces honneurs, en 1973, s’appelait Secretariat, conduit par Ron Turcotte et entraîné par Lucien Laurin, deux Canadiens français. J’en ai parlé dans une chronique publiée ici même le 18 octobre 2010.

https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2010/10/18/secretariat-et-la-french-connection/

Il était donc dans l’ordre des choses qu’en cette année du couronnement d’un nouveau champion de la Triple couronne que l’on louange concrètement celui que d’aucuns considèrent comme étant le plus grand cheval de tous les temps et son jockey légendaire, Ron Turcotte. D’ailleurs, en 2012, le cinéaste acadien, Phil Comeau, réalisa pour le compte de l’Office national du film (ONF) un documentaire sur celui qui, cinq après sa grande victoire de 1973, subit un accident sur la même piste, accident qui eut pour résultat de le coller à un fauteuil roulant jusqu’à la fin de ses jours. Il est d’autant plus approprié de fêter Monsieur Turcotte qu’il y a à peine trois mois, il a subi un accident de la route qui aurait facilement pu lui être fatal et que ces jours-ci, lui et son épouse célèbrent, en compagnie de leurs enfants et petits-enfants, leur cinquantième anniversaire de mariage.

https://www.onf.ca/film/ron_turcotte_jockey_legendaire/trailer/ron_turcotte_jockey_legendaire_bandeannonce

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L’événement se déroula hier à Grand Sault devant une foule d’environ 1 500 personnes, à peu près le tiers de la ville. (https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2004/05/04/a-lendroit-de-grand-sault-n-b-jai-de-la-tendresse-et-de-lam/) Mentionnons rapidement que Turcotte n’est pas originaire de cette ville située autour des chutes magistrales qui attirent bon an mal an une multitude de visiteurs, mais plutôt de Drummond, village à vocation agricole se trouvant à 5 km au sud. (https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2005/06/15/drummond-nb-pas-drummondville-qc/) Or, comme le dit Richard Keeley, maire de Grand Sault : « Ron appartient à toute la région, pas juste à Grand Sault ». Et, à plus fort raison, dirais-je, pas juste à Drummond, surtout que la statue dévoilée hier fait partie d’une stratégie de revitalisation de la rue principale, Broadway, et du centre-ville de Grand Sault. Au plan touristique le monument a sa place à même titre que la gorge, les chutes et le Centre Malobiannah.

La statue à taille réelle du jockey et de sa monture fut conçue à Bertand, minuscule village de la péninsule acadienne par l’artisan, Yves Thériault. Longue de trois mètres et haute de deux mètres, elle représente le jockey, Ron Turcotte, chevauchant son pur-sang, Secretariat, lors de sa victoire à Belmont. Elle occupa son auteur pendant plus de trois ans. La société de développement régional a financé ce projet au coût de 263 000$ dans le cadre d’une entente avec la ville de Grand Sault et l’Agence de promotion économique du Canada Atlantique.

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À travers les puissantes pattes de Secretariat, on voit le dos de son jockey, en veston violet, assis dans son fauteuil. En habits de jockey, six enfants dont la petite-fille aînée de Ron qui porte le véritable dossard aux couleurs de Meadows Stable que portait le 9 juin 1973 son illustre grand-père à bord de « Big Red ».

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En cette année d’un nouveau champion de la Triple couronne (American Pharoah), les étoiles semblent être bien alignées pour Ron Turcotte qui a réalisé un autre triplé tout aussi impressionnant: (1) avoir eu la vie sauve lors d’un sérieux tonneau de sa fourgonnette sur un chemin glacé ; (2) avoir été immortalisé par une statue érigée au centre du plus gros village de sa région natale ; (3) s’être fait fêter par ses amis et sa famille non seulement pour ses prouesses sportives, mais pour cinquante ans de mariage à une femme qui sut s’occuper de lui dans les meilleurs moments, comme dans les pires !

Oui, hier, un grand jour à Grand Sault.


Un drapeau dont la signification dépasse les frontières du Québec

Hier, fête nationale du Québec. Le drapeau que l’on prend pour acquis en temps normal assume en ce jour toute sa signification. Il flotte fièrement au sommet de la tour centrale de l’hôtel du Parlement où siège l’Assemblée nationale. Depuis 1792, cette assemblée est le lieu des grands débats politiques du Québec. Formée de représentants des citoyens, elle est l’organe suprême et légitime d’expression et de mise en oeuvre des principes démocratiques de gouvernance. Elle est dépositaire des droits et des pouvoirs historiques de la nation québécoise ; elle est censée œuvrer à sa défense, à son avancement et à son développement. Les députés, réunis en ces lieux, votent les lois et contrôlent les actions du gouvernement. Porte-parole de leurs régions, ils doivent incarner les principes de la démocratie parlementaire et veillent sur l’avenir collectif.

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Il flotte aussi sur les Plaines d’Abraham, ce vaste champs de bataille, théâtre de l’affrontement le 13 septembre 1759 entre deux grandes forces impériales, la France et la Grande-Bretagne, aujourd’hui immense parc et terrain de jeux des citadins.

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Il flotte également au Bois de Coulonge, autrefois, avant l’incendie du 21 février 1966, le domaine du lieutenant-gouverneur du Québec et aujourd’hui l’un des secrets les mieux gardés de la ville. Surplombant le fleuve, l’ancien Spencer Woods, rebaptisé Bois de Coulonge en 1950, acceueille en nombre relativement modeste, promeneurs, piqueniqueurs, amoureux et solitaires. À ce temps-ci de l’année la flore y est éclatante.

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Ce drapeau, le fleurdelisé, officialisé par l’Assemblée nationale le 21 janvier 1948 est un symbole de reconnaissance et d’identité pour toute la population du Québec, oui, mais aussi pour la population issue de la diaspora québécoise en Amérique du Nord, qu’elle parle encore français ou non. C’est louable que de nos jours, il est de plus en plus visible chez les enfants de la mère patrie essaimés à travers le continent.

Ce qui suit est un témoignage à cet égard écrit et posté hier sur FaceBook par David Vermette, originaire du Massachusetts et résident du Maryland. Son témoignage est suivi de quatre commentaires qui en font écho.

Today is la Fête Nationale du Québec. French-Canadians and Franco-Americans throughout North America also celebrate it as la St-Jean Baptiste. Bonne fête à tout le monde !

We’ve heard a lot about flags this week. I’m not a flag waver by inclination so why do I display this flag today? What does it mean to me?

With malice toward none, with charity toward all, it means that I support the right of Québec and all North America’s Francophone and Franco-gene peoples to defend our language and mores against cultural hegemony. It means opposition to empires and their colonial wars. It is a bulwark against monoculture and the Wal-Martization of North America. It means that great empires do not get to declare arbitrarily which ethnic groups are “superior” to which and therefore which ones are to be assimilated deliberately to the dominant culture “for their own good” (cf. Durham Report, 1839).

It means that there remains some corner of North America where people pronounce my name correctly, and understand my family’s history, and where the proper names found in our histories and geographies evoke more than a blank look. It means that all who struggled for all of these reasons above over a period of centuries did not struggle in vain. We honor what is honorable, correct what is correctable, and remember what is memorable.

Commentaires :

Dave Schauf :  I’ll put my flag out tonight after work. A corner of Québec in Texas!

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Grégoire Chabot : Wow! Thanks for putting into words what so many of us think and feel.

James Laforest : Very well put, David, and I share all of your sentiments for sure.

James Myall : Bien dit! I recently had the realization that Francos are in the unusual position of being a people without a country – or at least they have been. Your thoughts remind me that until Québec’s relatively recent awakening, Francos lacked a true homeland for the cultural touchstones you list.

Et si ce « country » était un pays ?


Présentation du candidat par André Fauchon, Saint-Boniface, le 1er juin 2015

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Yves Frenette, Dean Louder et André Fauchon

Monsieur le chancelier,

J’ai l’honneur et le grand plaisir de vous présenter M. Dean Louder, professeur retraité de l’Université Laval.

Qui aurait pensé qu’un jour, ce géographe américain deviendrait le grand spécialiste de l’Amérique française, de la Franco-Amérique, comme lui et ses collègues l’ont rebaptisée, Dean Louder est un anglophone, mais c’est aussi un francophone, alors qu’il a non seulement adopté le français comme langue d’usage dans l’université et dans la ville où il a vécu, mais qu’il a été en quelque sorte habité par le français, comme le démontre son choix de publier ses travaux (ouvrages, articles et chapitre de livres, bloque) essentiellement en français.

Spécialiste de la géographie sociale et culturelle, le professeur Louder s’est intéressé à l’espace des minorités aux États-Unis, notamment en Louisiane, où il découvre une Amérique différente, une Amérique francophone. Ce contact avec le monde francophone orientera sa carrière, et son œuvre importante va se rattacher aux divers aspects de la vie française en Amérique. À la suite d’un colloque sur la francophonie nord-américaine, organisé à La Nouvelle-Orléans, il va co-diriger un ouvrage, paru en 1983, qui marquera la recherche sur la francophonie, un ouvrage fondateur qui deviendra un classique, Du continent perdu à l’archipel retrouvé: le Québec et l’Amérique française.

Que de chemins parcourus par la suite à sillonner de long en large et à maintes reprises les espaces francophones: Acadie, Louisiane, Nouvelle-Angleterre, Ontario, Midwest, Ouest canadien, Ouest américain, et toutes ces petites communautés francophones que peu de personnes connaissaient. Au cours de sa carrière, comme professeur et chercheur, il a formé de nombreux étudiants et leur a fait prendre conscience de l’existence d’une francophonie bien vivante en Amérique du Nord, par le biais d’excursions qu’il a organisées pour eux dans tous les coins et recoins de cette Amérique française, notamment dans les communautés francophones de la vallée de la rivière Rouge, au Manitoba, au Minnesota et au Dakota du Nord, à l’automne 1982. On peut se demander s’il reste quelque part, en Amérique du Nord, un petit îlot francophone qu’il n’aurait pas encore visité!

À son arrivée à l’Université Laval, Dean Louder a immédiatement pris fait et cause pour la francophonie. Pendant sa longue carrière, il a fait œuvre de pionnier dans l’étude de l’Amérique française et en est devenu un acteur important. Ses travaux constituent une contribution constante et importante à l’approfondissement de la compréhension que nous avons de la Franco-Amérique; ses travaux ont également permis l’éclosion d’études spécialisées et de chaires de recherche dans ce domaine.

M. le chancelier, au nom du Sénat de l’Université du Manitoba, je vous prie de conférer à M. Dean Louder le grade de docteur en droit honoris causa.