Mettre ses pieds pour la première fois à Québec

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J’ai passé quatre ans de ma vie à Seattle dont le symbole depuis l’Exposition mondiale de 1962 est le « space needle ». C’est là, entre 1967 et 1971 que j’ai poursuivi mes études de maîtrise et de doctorat. C’est là que j’ai rencontré mon premier Québécois, Paul Villeneuve, qui, comme moi étudiait au Département de géographie de l’Université de Washington.

https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2003/11/15/alma-mater/

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Si, aujourd’hui, je demeure à Québec et si j’ai passé 32 ans comme professeur de géographie à l’Université Laval, c’est, en grande partie grâce à Paul, qui a placé un bon mot auprès de la direction concernant son ami américain qui parlait « passablement bien » le français et qui cherchait du travail. L’idée sembla sourire au directeur, Louis Trotier, d’autant plus que le département venait de perdre son seul professeur d’origine états-unienne. L’offre me fut faite. Mais je ne pouvais tout de même pas accepter un poste au Québec sans visite préalable. Je n’y avais jamais mis les pieds et la situation sociopolitique y semblait « dangereuse ». Non, le risque était trop grand ! Après tout, en plus d’une épouse j’avais trois enfants en bas âge. Qui plus est, les paroles d’un de mes confrères de Seattle, étudiant d’origine britannique récemment arrivée de l’Université de Victoria (Colombie-Britannique), criées à plein poumons à la suite de l’enlèvement chez lui à Westmount de James Cross par le Front de libération du Québec (FLQ), résonnaient encore à mes oreilles : « All those separatist bastards should be hung up by their balls ! » (Tous ces bâtards de séparatistes devraient être pendus par leurs couilles !).

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Je suis arrivé au Québec au début de novembre 1970. Pierre Laporte venait d’être enlevé. Son corps serait découvert quelques jours plus tard dans le coffre d’une voiture à Saint-Hubert—victime du FLQ ! Auto-patrouilles de la « police montée » autour des aéroports, soldats canadiens aux portes des principaux édifices publics, rumeurs de toute sorte concernant l’éventuelle capture de tous les felquistes…et les Alouettes de Montréal en finale de la Coupe Grey !

À Québec, de la fenêtre de ma petite chambre donnant sur la rue Laporte, en face du Parc des gouverneurs, je faisais connaissance avec le majestueux Saint-Laurent, surveillais la traverse de Lévis et apercevais au loin l’Île d’Orléans en me disant : « En effet, ce n’est pas un endroit comme les autres ! » Il me plaisait et j’ai pris la décision d’essayer de convaincre les autres membres de la famille de l’intérêt que nous avions à nous installer à l’autre du bout du continent…pour trois ou quatre ans.

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Le 20 août prochain marquera le quarante-cinquième anniversaire de notre arrivée à Québec, capitale de l’îlot principal de l’archipel de la Franco-Amérique que je n’ai de cesse de découvrir.

3 thoughts on “Mettre ses pieds pour la première fois à Québec


    • Cela doit aussi vouloir dire que j’ai pris de l’âge. Cependant, j’écoute et chante souvent la belle chanson de Bob Dylan « Forever Young »!


  1. Yes, who would have thought that those 3 or 4 years would turn into 40. I know that some people always hoped that you would return to your roots. I also know that what you have accomplished is admired by those that love you. I guess I can still keep hoping! :)


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