Dix-sept siècles

La deuxième île que je tenais à voir pendant mes vacances est l’île Saint-Honorat. J’avais préparé ma visite des semaines à l’avance, en naviguant sur Internet. Qu’est-ce qu’il y a à voir? Tout. Les gens vont surtout pour s’y baigner dans les criques (à l’abri du regard des moines), ce que nous avons fait. C’est plus que bien, c’est sublissime. J’aimerais pouvoir y aller tous les jours. Vous Cannois, je vous envie, vous n’avez pas idée.
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On y trouve le monastère de Lérins habité depuis 1869 par des moines cisterciens de la congrégation de Sénanque. On aperçoit aussi l’ancien monastère fortifié, élevé en 1073 sur une pointe de la côte sud par l’abbé de Lérins, Adel’Dert, pour protéger les moines des pirates sarrasins. L’île a en effet été attaquée et pillée à de nombreuses reprises, notamment par les Espagnols.
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Le nom fut donné à l’île pour rappeler Honorat d’Arles (saint Honorat). Cherchant la solitude, entre 400 et 410, il choisit une des deux îles Lerinas. Là, il fonde un monastère qui figure parmi les plus réputés de la chrétienté. Depuis 17 siècles, à quelques décennies près, c’est donc un lieu de pèlerinage. Ça donne le vertige n’est-ce pas, 17 siècles!
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À mon sens, un des meilleurs restaurants de la Côte d’Azur s’y trouve. Dirigé par Christian Nevière, le restaurant La Tonnelle peut se vanter d’avoir un personnel irréprochable, charmant, qui n’en fait pas trop. On peut manger ou boire un mojito lérina les pieds dans le sable, sur des tables en bois, en admirant la mer. En tout cas, moi je me sentais vivre pleinement à l’ombre des jolis parasols avec ma mère et mon amie Carole. J’aurais aimé partagé ce moment avec tous ceux que j’aime, ça c’est sûr. Qu’est-ce que j’ai mangé? Pas la langouste à 175 euros pêchée dans la baie en tout cas. Du cabillaud, par contre, excellent, une entrée de melon aussi, qui s’imposait sous un soleil radieux.
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À l’île Saint-Honorat, on trouve de belles vignes qui sont exploitées par les moines pour en faire du vin ou des liqueurs. La distillerie est pilotée par le frère Giancardo, maître liquoriste. On me dit qu’il est le seul détenteur de la liste des plantes composant les liqueurs. Avant sa mort, il devra transmettre ses connaissances à un autre moine. Ils produisent la lérina jaune, une liqueur de mandarine, le lérincello, du marc, des vins blancs et rouges. Moi, j’ai retenu la lérina verte, qui contient environ 26 plantes aux arômes floraux intenses avec des notes de menthe, de verveine et d’anis. J’ai rapporté un petit flacon d’huile de lavande qui porte la marque «approuvé par les moines».
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On trouve plusieurs bâtiments, surtout d’anciennes chapelles, églises, et des fours à boulets construits sous Bonaparte. Fascinant pour l’historienne.
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Vingt-cinq moines y habitent aujourd’hui et leur quotidien est orienté en fonction du travail et de la prière. Allez voir la boutique virtuelle. Il y a la liqueur de verveine que je veux commander, je n’avais hélas plus de place dans ma valise…
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C’est splendide n’est-ce pas? Si c’est ça le paradis, moi je dis plus près de toi mon Dieu ahah!

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