Rassemblement des écrivains, artistes et créateurs franco-américains, 2017

Le 1er mai 2015, je vous ai entretenu de ma participation au rassemblement annuel des écrivains, artistes et créateurs franco-américains (https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2015/05/01/ecrivains-et-artistes-franco-americains-se-reunissent-a-walpole/). En fin de semaine dernière, j’ai récidivé. Autrement dit, je suis retourné et je n’ai point regretté. Il s’agissait du sixième événement du genre, tenu cette fois-ci au Centre Franco-Américain de l’Université du Maine.

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Ce qui est extraordinaire, c’est la présence de 30 à 40 participants de tous âges, chacun partageant son art avec les autres dans un contexte de solidarité et d’affirmation. Pour moi, c’était important de revoir les membres de la vieille garde de la Franco-Américanie, les gars comme Yvon Labbé, Grégoire Chabot, Paul Paré, Jim Bishop et Raymond Pelletier, qui m’ont tant apporté depuis une quarantaine d’années.

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Yvon Labbé et Grégoire Chabot

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Paul Paré rédige dans le moment son troisième roman dont il nous a lu des extraits.

À ces occasions, je développe une amitié avec les plus jeunes dont l’éventail de talents est impressionnant. Entre autres :

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Steven Riel, poète primé

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Susan Poulin, auteure et actrice

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Joshua Barrière, de Manchester, NH et étudiant en histoire à l’Université Laval

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Dani Beaupré, enseignante du français et poète

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Kat Dubois, poétesse fort accomplie pour son âge.

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Maegan Maheu dont le témoignage touchant sur ce que c’est d’être une jeune Franco-Américaine découvrant son héritage nous a inspirés.

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Mitch Roberge, diplômé en études francophones sous la direction de notre hôte, la directrice du Centre, Susan Pinette. Mitch nous a lu en français sa version du poème de Michèle Lalonde, « Speak White ».

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Edwige Thelisson, jeune Française, enseignante du français à l’Université du Maine qui prépare à contre cœur son retour en France. Elle a épaté la galerie par ses vers tantôt en français, tantôt en anglais qu’elle apprend de jour en jour.

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David Vermette, historien du Massachusetts qui travaille actuellement sur un livre portant le titre, A distinct Alien Race : A Social History of Franco-Americans, qui devrait voir le jour en 2018 chez Baraka Books à Montréal.

Il y en avait pour tous et je n’ai pas encore mentionné le volet audio-visuel. Pour moi, les deux moments forts de la rencontre appartenait à Raymond Pelletier et Marie-Line Morin.

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Raymond est né en 1942, son frère Joseph N. en 1930. Le grand frère avait toujours rêvé d’une carrière militaire et aussitôt ses 18 ans, il s’est enrôlé laissant à sa jeune frère, Ray, une photo des deux garçons et son appareil de photo. En février 1951, Joe s’est retrouvé en plein combat en Corée du Nord. Il n’en est pas revenu. Cinquante ans plus tard, à Berlin, au New Hampshire, en entretenant les pierres tombales de ses parents et la petite plaque portant le nom du soldat disparu, Raymond a décidé que son frère méritait mieux et plus. Il a envoyé un échantillon de son propre ADN aux instances militaires qui s’occupent des MIA (missing in action). Une quinzaine d’années plus tard, à la suite de nombreuses requêtes, Raymond Pelletier a appris que les restes de son frère avaient été retrouvés, identifiés et ramenés au pays pour enterrement au cimetière national d’Arlington. En décembre 2016, il a pu assister aux obsèques de son cher frère et fermer un chapitre douloureux de sa vie. Ray croit aux miracles !

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Marie-Line partage son temps entre la Nouvelle-Angleterre et la ville de Québec, quoique elle soit de plus en plus souvent là-bas qu’ici. Elle y poursuit sa carrière en counseling pastoral tout en travaillant sa magnifique voix soprano. Marie-Line a soulevé le petit groupe que nous étions par son interprétation de trois chansons dont l’émouvant Ave Maria. On n’aurait pas pu être mieux servi par Maria Callas…ni Ginette Reno !

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Après le souper, les deux soirs, les participants avaient droit à un film.  D’abord, « Les Magasins » de Normand Rodrigue qui a passé sa jeunesse à Sand Hill, quartier canadien de la capitale du Maine. Aux années 50, on pouvait trouver dans le quartier une vingtaine de petites épiceries appartenant aux Labbé, Couture, Lessard, Beaudoin, Leclerc, Cloutier, Patenaude et d’autres. Pas des dépanneurs, non! Épiceries « full service! » C’est Irénée Patenaude qui était propriétaire de la plus grande, Patenaude’s Superette, situé au 56, Northern Avenue, en face de la majestueuse église Saint-Augustin. Et c’est celle-ci qui a duré le plus longtemps, fermant enfin ses portes en 1993 devant la concurrence impossible des grandes surfaces de l’ère moderne (lire automobile et centres d’achats).

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À l’aide de photos prises en 1938 par le Works Progress Administration, d’anciens journaux et des entrevues avec les membres des familles survivantes, Rodrigue documente l’existence de ces points de repère historiques qui servaient non seulement à la vente de denrées, mais de points névralgiques de la vie sociale du quartier.

 

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Qui est Raymond Luc Levasseur ? Il a grandi à Sanford dans le Maine, à l’ombre d’usines de textile aujourd’hui à l’abandon, au sein d’une communauté canadienne-française. Après un détour par Boston, il s’enrôle dans l’armée et part au Viêtnam. À son retour, encore choqué de ce qu’il a vécu là-bas et de ce qu’il voit au pays, il découvre le militantisme politique et se joint à un groupe jugé radical par les autorités. Arrêté pour avoir vendu de la marijuana, il sort de prison pour rejoindre un autre groupe militant, cette fois-ci avec sa conjointe et ses enfants, il vivra dans la clandestinité jusqu’à sa capture en 1984 pour sa participation à des attentats à la bombe perpétrés par le United Freedom Front contre les politiques étrangères des États-Unis. Il ne sortira de prison que vingt ans plus tard, en 2004. Un parcours jusqu’au-boutiste et idéaliste qu’il a partagé avec nous, en présence du réalisateur du film vie tourné sur sa vie, le documentariste montréalais, Pierre Marier, Un Américain : portrait de Raymond Luc Levasseur.

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Dans la nouvelle édition de Franco-Amérique parue le mois dernier chez les Éditions du Septentrion, un texte signé de David Vermette cherche à répondre à la question « Pourquoi les Franco-Américains sont-ils si invisibles ? » Je dirais, avec la blogueuse Laurie Meunier Graves, participante elle aussi à  ce rassemblement, que le but premier des rassemblements est de « rendre l’invisible visible ». (https://hinterlands.me/author/lauriegraves/IMG_4579


Chloé Sainte-Marie au Petit Champlain

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Lorsqu’au Salon du livre de Québec, Chloé Sainte-Marie m’a offert deux billets pour assister à son spectacle ayant lieu samedi soir dernier au théâtre Petit Champlain, j’ai accepté avec empressement. À ma grande surprise, elle se souvenait de moi et de notre rencontre fortuite à l’Île Verte au moment du solstice d’automne 2012 (https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2012/09/24/ae-laeale-verte-un-moment-de-repos-maea-ata-offert/). Plus de quatre ans s’étaient écoulés depuis !

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Mais Chloé est comme cela, je crois. Elle est généreuse et bonne. Les relations interpersonnelles, pour elle, sont très importantes, et non pas juste avec l’élite artistique du Québec qu’elle connaît bien, mais aussi avec le monde en général, le grand public, les « de souches »  comme les autochtones, les gens de la rue et des réserves.

Le spectacle fut époustouflant ! Pigeant dans le répertoire de son récit-poèmes « À la croisée des silences », le « show » fut tout sauf silencieux, mais toujours en conservant un esprit révérencieux, ce qui caractérise, à mon avis, l’œuvre de cette artiste décrite de la manière suivante par mon compagnon à la table F-6 du théâtre, un Beauportois dans la soixantaine : « sa voix sublime, son air sincère, son regard radieux tantôt drôle tantôt torturé, son énergie débordante, son exubérance me transportent à un autre niveau, elle « booste » ma spiritualité ! »

Tout au long de la soirée, Chloé interprétait à sa façon les œuvres de poètes de chez nous dont je retiens de mémoire quelques noms : Patrice Desbiens, Claude Gauvreau, Paul-Marie Lapointe, Bruno Roy, Serge Bouchard, Josephine Bacon …

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Au Salon du livre, en compagnie de son ami poète et géographe, Jean Morisset, elle m’avait fait cadeau du livret « À la croisée des silences »  qui contient, en plus d’une pléthore de poèmes, deux CD, avec une dédicace que j’apprécie beaucoup. De la main de Jean : « Pour Dean, un récit-poèmes qui rejoint tes traversées perpétuelles des A.m.é.r.i.q.u.e.s. » De la main de Chloé : « un chant de la terre, une danse au soleil ». Et c’est ce que ce fut samedi soir au Petit Champlain!

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À St. George, Utah : conversations en français

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Les Danguay, de Valence, en France, sont des missionnaires de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours à St. George. Leur fonction est de graviter entre les divers sites historiques de l’Église dans cette ville en étant disponibles aux visiteurs pour expliquer la signification du site et pour répondre aux questions. La durée de leur mission est normalement de dix-huit mois. Or, ils viennent de la prolonger de huit mois afin de répondre à un grand besoin…insoupçonné et surprenant! C’est que le deuxième groupe national en importance à visiter le Centre d’interprétation mormon à St. George est celui des Français. (Évidemment le groupe le plus important est états-unien.) Comment expliquer le fait qu’entre mars et octobre, plus de 20 000 Français bon an mal an font escale dans cette petite ville située dans le coin de l’extrême sud-ouest de l’Utah ? C’est que les Français voyagent en grand nombre. Ils achètent chez eux un forfait pour réaliser une tournée dans l’Ouest américain. Ils arrivent à Los Angeles et font le tour des installations cinématographiques (Universal Studios) et ludiques (Disneyland) avant de monter dans l’autocar qui les amène à Las Vegas, capitale mondiale du Jeu. Ensuite, le grand barrage Hoover (Boulder Dam), le Grand Canyon, les parcs nationaux en Utah (Zion et Bryce). En route vers Los Angeles et le voyage de retour de France, avec bien sûr, une deuxième escale à Las Vegas, ils passent obligatoirement par St. George où le Centre d’interprétation au temple fournit une belle occasion pour se renseigner sur la culture locale et la religion mormone qui a tant marqué la région. En plus, ils peuvent s’y rafraîchir et subvenir à des besoins naturels !

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Les Danguay m’ont expliqué que chez eux, en France, ils ont toute la misère au monde à partager leurs croyances religieuses avec leurs concitoyens, tandis que loin de la belle France, au milieu du désert du Sud-Ouest, en vacances, les Français en redemandent…et les Danguay s’en donnent à cœur joie.

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Nelson et Grace Goncalves habitent St. George depuis 1979. Ils sont d’origine brésilienne. Grace enseigne le français et le portugais à Pine View High School. Nelson m’explique que lors de la naissance de sa femme, la cigogne s’est trompée de pays, laissant Grace à Minas Gerais au lieu de la déposer en Auvergne ! À l’âge de 13 ans, sous la tutelle des missionnaires catholiques venus de France, elle a eu son premier contact avec le français dont elle est devenue amoureuse, au point de le placer au centre de son processus éducatif. Le choix des Brésiliens à immigrer aux États-Unis et à élire domicile à St. George pourrait sembler curieux, mais cela s’explique, une fois de plus, par la foi, les deux s’étant convertis, jeunes, au Mormonisme dans leur pays d’origine.

Partout en Amérique du Nord, quand on cherche à parler français, on réussit. Tant d’histoires à raconter!


Béret basque ou casquette du Canadien

Lors de mes voyages en Amérique du Nord, dans l’espoir de rencontrer des francophones, je fais très attention à ce que je porte sur la tête. Par temps frais, il s’agit toujours d’un béret basque.

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Par temps chaud, il s’agit de la casquette CH du club de hockey de Montréal.

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À chaque coup, ça marche. À titre d’exemples :

Il y a un quart de siècle déjà, je me promenais à Saint-Martinville, en Louisiane, lors de la traditionnelle boucherie d’automne. Au loin, je vois approcher un homme d’un certain âge, bien plus vieux que moi–et comme moi–béret sur la tête. On se regarde, on se salue, on se fait des compliments sur nos coiffes respectives, on passe la journée ensemble, on devient amis, les Rault, de Paris, et moi. Profitant des billets gratuits offerts par Air France, grâce au statut d’agent de bord de leur fille, ce couple réalisait le voyage de leur vie qui se terminait par un court séjour en Louisiane. Au cours de la journée, Henri me faisait part de l’existence de leurs deux appartements à LaGarenne, à dix minutes à pied de La Défense, l’un qu’ils occupaient et l’autre, à l’étage supérieur appartenant à leur fille, mais restant vacant depuis son mariage. À moi, ils offrent, aussi souvent que je veux, l’occupation de l’appartement de leur fille qui sert de studio à Henri, car dans ses heures libres, il peint. À trois reprises au cours des années 90, je me trouverais à Paris où j’ai trouvé gîte chez les Rault. Voyez-vous, il est très utile de porter le béret.

Hier, assis chez Barnes & Noble, à St. George, en Utah, à boire un thé, un gros gaillard en culotte courte s’approche de moi. « Are you a fan of the Canadiens? » Je remarque la casquette des Rough Riders de Saskatchewan sur sa tête!  « Yes, and I live in Quebec ». « Tu parle français, demande-t-il ». « Mé oui, je répond ». Et la conversation se poursuit. Je lui demande sa provenance. « Un petit village dont tu n’as jamais entendu parler, Zénon Parc ». Alors, je le surprends en l’informant que je connais non seulement son village, mais des gens qui l’habitent dont la famille Marchildon. Je lui demande s’il a connu feu Léon, décédé récemment, s’il connaît sa femme, Hélène et les nombreux membres de leur progéniture. Je lui explique que j’ai même passé la nuit chez Léon et Hélène et que leur fils, Michel, aujourd’hui résident du Mile-End à Montréal, est un de mes bons amis. Ce gros monsieur n’en revenait tout simplement pas. « Le monde est petit, dit-il ». Oui, surtout le monde franco. Il a appelé à son épouse, Michelle, pour qu’elle se joigne à la conversation qui devenait tellement animée que j’ai oublié de prendre la photo pour cette chronique.

N’eut été la casquette du Canadien de Montréal, je serais passé à côté d’une rencontre fort enrichissante. Léo et Michelle LeBlanc de Zénon, comme tant d’autres Canadiens des provinces de l’Ouest passent leurs vacances d’hiver sous le soleil du désert du Sud-Ouest. Pendant plusieurs semaines, ils élisent domicile à Mesquite, dans le Nevada. Comme moi, ils s’apprêtent à retourner la semaine prochaine au pays de neige et de glace.


Vintage

Kaiser, Fraser, Studebaker, Hudson, Packard, Edsel… Voitures d’une autre époque. Vous en rappelez-vous ? Moi, à peine ! Jamais je pensais en voir s’activer en 2017. Si, dans les « car shows » ou dans des musées de voitures classiques, mais stationnées le 18 janvier 2017 devant la quincaillerie Ace Hardware, à St. George, en Utah, une Nash Métropolitaine de 1961…et décapotable par dessus du marché.

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Quelle était cette infatuation que nous avions, enfants, des « gros chars » ? Voici une petite histoire de ma jeunesse dans une petite ville états-unienne qui pourrait faire sourire quelques-uns. Elle est tirée d’un document intitulé Park City Remembrances publié ailleurs dans ce carnet (https://blogue.septentrion.qc.ca/dean-louder/2008/09/20/park-city-remembrancesfor-english-see-belo/).

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MC CUSKERS

Mike was a couple of years older than I, but Blaine was my age. We had been together in Mrs. Reeve’s first grade and Mrs. Carlson’s second. At first, the McCuskers lived behind the Park City II Ward church in the house that Wendell Peterson would eventually buy, live in, then move to Sandy. I didn’t know Mike and Blaine too well then, but when they moved on to Woodside, just across the street from the same church I saw more of them. For a kid seven years old Blaine could really draw. He could dash out cartoon characters that were first rate. Mike and Blaine both considered themselves connaisseurs of fine cars and since I fancied myself somewhat of a specialist as well, having lived across the street from Mawhinney’s Sinclair Service and Chevrolet/Oldsmobile dealership and witnessed the construction of his new « show room », we spent many hours ogling the new models that were occasionally parked along Woodside. I remember three in particular which caught our eye. One, was a two-tone green Nash four door sedan that looked like a seasick beetle. The second, was a sleek, long, low (almost flat) blue Hudson usually parked in front of Mrs. Webber’s house. The last and, of course, the best was a great white Cadillac. What fascinated us the most about this King of Kars was the gas tank opening—there was none. We went over every inch of that car searching a gas cap or a hidden panel, but to no avail. One day we saw the owner, whom we didn’t know, getting into the car and Mike boldly asked him how he put in the gas. Pleased, I think, that we had thus scrutinized his pride and joy, he led us to the right tail light and pushed a small red button which appeared to be part of the tail light assembly. To our amazement, up popped the whole tail light apparatus revealing the gas cap. The mystery was solved.

Blaine impressed me in another way. He could whistle louder than anyone I had ever seen. I was determined to master the technique and develop the high tones as Blaine had. I worked until my lips ached and finally succeeded. When I still had kids at home and they heard Blaine McCusker’s high shrill whistle, they would come flying. Their dad wanted them on the double.