Il est devenu hasardeux de faire référence à l’histoire sainte : de moins en moins de gens comprennent les allusions aux personnages bibliques. Saint Jean-Baptiste n’a peut-être pas besoin de présentation. Ponce Pilate était préfet de Judée au moment de la crucifixion du Christ. Il a bien vu que les accusations contre Jésus ne pesaient pas lourd, mais il refusa de prendre position pour lui et, selon l’expression qui lui est collée à la peau, il « s’en lava les mains ».
C’est l’image qui m’est venue à l’esprit en apprenant la semaine dernière que le programme du 400e Québec ne prévoyait rien pour le 24 juin 2008. Craignant de politiser les célébrations, la Société du 400e aurait renvoyé dos-à-dos les organisateurs de la Saint-Jean et ceux de la Fête du Canada, en leur suggérant d’aller chercher du financement auprès de leurs gouvernements respectifs. Bref, si le dossier n’était pas politisé, il l’est maintenant !
Placer ces deux fêtes sur le même pied, dans le contexte du 400e de Québec, ne tient tout simplement pas debout. La Saint-Jean est célébrée depuis les origines de Québec. Fête religieuse, fête du Canada français et des francophones d’Amérique, fête nationale du Québec, la Saint-Jean évoque naturellement la présence française dont Québec a été le foyer en Amérique. Ainsi, l’histoire de la capitale est jalonnée de grands rassemblements de la « famille francophone d’Amérique » qui ont presque toujours eu lieu à la fin de juin : convention nationale de 1880, congrès de la langue française en 1912, 1937, 1952, congrès de la « refrancisation » en 1957. Le 24 juin a une histoire et un enracinement qui dépassent les limites de la municipalité de Québec. On fête ce jour le plus long (solstice d’été), sous diverses formes, un peu partout à travers le monde depuis la plus lointaine Antiquité. En tout respect pour ceux et celles qui y sont attachés, le premier juillet ne sera jamais rien d’autre qu’une date arbitraire qui marque l’entrée en vigueur d’une constitution.
Non seulement la Société du 400e doit revoir son programme à ce chapitre mais elle devrait elle-même, au lieu de jouer les Ponce Pilate, prendre la direction de la fête du 24 juin en 2008 et y inviter des représentants de toutes les communautés françaises d’Amérique, Las Vegas compris. C’est une dimension de l’histoire de Québec qui manque au programme.
2 réflexions au sujet de « Saint Jean-Baptiste et Ponce Pilate »
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Le texte de Gaston Deschênes est très pertinent et mérite d’être publié dans tous les quotidiens du Québec. Il condamne, en la dénonçant, l’hypocrisie de la Société du 400e qui ose mettre sur le même pied l’anniversaire d’une Constitution canadienne, que le Québec n’a pas signée, et notre Fête nationale (celle de tous les Québécois), fortement enracinée dans notre longue histoire.
Québec, Cap-Rouge, 3 juillet 2007, 399e anniversaire de Québec
Article très intéressant.
Pourriez-vous, s.v.p., ajouter mon nom à la liste d’envoi ?
Merci !