Jean-Marc Léger est un grand Québécois. Journaliste, délégué général du Québec à Bruxelles, héraut de la Francophonie, sous-ministre, il a consacré sa vie au service de l’État et de son pays. Homme de principes et de culture, il nous pardonnera cependant de ne pas suivre les pas du cheval de bataille qu’il a enfourché cet été. Dans une lettre au Devoir, il recommandait à la ville de Montréal de renoncer à nettoyer le monument de George–Étienne Cartier et même de « supprimer cette statue » qui constituerait un « hommage totalement immérité ».
Sir George n’est évidemment pas le personnage le plus sympathique de notre histoire et, s’il fallait lui ériger une statue aujourd’hui, il n’est pas certain qu’une souscription populaire réunirait les crédits appropriés. Ceci étant dit, le ménage que monsieur Léger préconise au sein de nos « gloires nationales » pourrait se transformer en hécatombe s’il fallait réévaluer aujourd’hui tous ceux qui ont un quelconque piédestal. Patriote en 1837, Cartier a ensuite toléré l’Union et préconisé la Confédération, mais combien en a-t-on vu de ce modèle ? Et Papineau, qui souhaitait l’annexion aux États-Unis, que fait-on avec lui ?
Comme le disait le premier ministre Gouin au sujet du projet de monument en l’honneur d’Honoré Mercier il y a cent ans : « S’il fallait ériger des monuments [seulement] à ceux qui n’ont commis aucune faute, nos places publiques resteraient désertes ».