« Pour le chef du troisième parti, il n’y a pas de tradition », a déclaré l’organisateur électoral de l’ADQ pour justifier la présence de son candidat à l’élection partielle de Charlevoix contre le chef du PQ, troisième groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.
Il a parfaitement raison. On n’a jamais laissé le champ libre au chef d’un « troisième groupe parlementaire » dans une élection partielle, tout simplement parce que l’occasion ne s’est jamais présentée ! Autrement dit, ni la position du Parti libéral, ni celle de l’ADQ ne peuvent s’appuyer sur une tradition.
La situation qu’on connaît actuellement au Parlement ne s’est produite qu’à deux reprises antérieurement, soit entre 1970 et 1973 (lorsque le Ralliement créditiste et le Parti québécois étaient respectivement troisième et quatrième) et entre 1976 et 1981 (l’Union nationale étant le troisième). Mais les chefs de ces deux « partis reconnus » (selon l’expression utilisée autrefois pour désigner les « groupes parlementaires ») ne se sont pas présentés dans des élections partielles.
Le seul cas qui pourrait avoir une lointaine similitude avec celui de madame Marois est survenu en 1974. Nommé chef intérimaire de l’Union nationale en mars 1974, Maurice Bellemare s’est fait élire dans Johnson (contre trois adversaires) à l’élection partielle du 28 août 1974, marquant ainsi la « résurrection » de son parti qui avait été éliminé du Parlement en 1973 et qui ne deviendra « troisième parti » qu’en 1976.
Une tradition, ça commence à quelque part. Il en naîtra peut-être une avec ce précédent de Charlevoix.