Des groupes environnementaux ont inspiré la publication d’un nouveau guide de consommation du poisson. Ce guide classe les poissons en trois catégories, vert, jaune, rouge, selon qu’ils sont agréés, douteux ou proscrits (www.seachoice.org). Les consommateurs y sont invités à s’interroger sur la qualité du poisson qu’ils achètent mais aussi sur les « circonstances » de sa capture. Il ne suffit plus de poser des questions sur la fraîcheur du poisson, sa « nationalité » ou son profil (cultivé ou sauvage ?); encore faut-il savoir s’il a été pêché « dans les règles de l’art », s’il fait partie d’un stock bien géré ou s’il est menacé de disparition.
Un exemple. L’aiglefin est un bon choix s’il est pris à la palangre de fond au Canada mais douteux s’il est capturé de la même manière aux États-Unis, et à éviter quand il est pris au chalut. « Votre morue, a-t-elle été prise à la palangre, au chalut, dans un casier ou à la turlutte ? Et votre truite est-elle cultivée ou pêchée à la claque*? ». On n’est pas loin d’une nouvelle version du commerce équitable : le poisson a-t-il eu une chance face au pêcheur ?
Blague à part, on peut se demander si les commis de poissonnerie et les maîtres d’hôtel auront des réponses crédibles. Les promoteurs du guide espèrent que les questions des consommateurs finiront par sonner les cloches aux gouvernements dont c’est la responsabilité de contrer la « surpêche » et l’importation d’aliments impropres à la consommation. Et non celle des consommateurs.
* Truc de pêche bien connu (?) : le pêcheur tient un ver à quelques pouces de l’eau et, quand la truite saute pour le manger, il la projette dans sa chaloupe du plat de la main (et du revers si elle sont nombreuses). Méthode certifiée équitable, écologique et durable…