Les lecteurs du Soleil (7 janvier 2008) ont sûrement été surpris d’apprendre que Québec n’aurait pas été fondée le 3 juillet 1608 mais à Paris, l’hiver précédent, lorsque Henri IV en aurait donné le mandat à Pierre Dugua de Mons. Qu’ils se rassurent : même les deux plus fervents biographes (Liebel, 1999 et Binot, 2004) de Dugua de Mons n’ont pas vu la portée de cet événement.
On comprendra facilement pourquoi. Le document émis le 7 janvier 1608 ne s’adresse pas au sieur de Mons mais aux officiers de justice du royaume. Il leur ordonne de faire respecter le monopole de traite accordé à de Mons, d’appréhender les concurrents, etc. C’est dans le préambule du document (et non dans le dispositif, qui en constitue l’essentiel) que le roi rappelle qu’il est «résolu de faire continuer l’habitation qui avoit esté cy devant commencée audit pays, à fin que nos subjects y puissent aller librement trafficquer» et que le sieur de Mons s’est porté volontaire moyennant compensation.
Québec n’est mentionnée nulle part dans ce document, ni même les «rives du Saint-Laurent». Comme le roi veut «continuer l’habitation», ne peut-on pas penser plutôt qu’il s’agit de relever l’établissement acadien de Port-Royal, que de Mons confie à Poutrincourt en février 1608? Ce serait un bien mince effort d’imagination à côté de celui qu’il faut déployer pour trouver dans cette ordonnance à caractère judiciaire «l’équivalent de l’acte de naissance [sic]» de Québec.