Contes du Bas-du-Fleuve

2002 ou 2003. Appel de Victor-Levy Beaulieu à mon bureau de l’Assemblée nationale. Il envisage de publier une série d’ouvrages sur les contes et légendes du Québec et me demande si je suis intéressé à en préparer un sur la Côte-du-Sud. Difficile dans l’immédiat, mais la retraite s’en vient dans quelques mois et c’est un beau projet, d’autant plus que j’ai déjà publié un ouvrage de ce genre en 1994. Contes et légendes de la Côte-du-Sud réunissait 13 textes, un pour chacune des vieilles paroisses riveraines de la région, de Beaumont à Kamouraska, une anthologie des auteurs les plus connus dans ce domaine, Casgrain, Taché, Aubert de Gaspé, Faucher de Saint-Maurice, Rouleau, Gagnon, etc. L’ouvrage est épuisé et ce serait une bonne occasion de reprendre le sujet sur une autre base, l’élargir, pour démontrer l’extraordinaire productivité de la Côte-du-Sud en ce domaine.
Il y a cependant une question qui accroche : comment l’éditeur de Trois-Pistoles conçoit-il la Côte-du-Sud? Je ne cache pas ma position : je travaillerai sur ce projet dans la mesure où il adoptera le découpage des histoires régionales de l’IQRC, la Côte-du-Sud incluant le Kamouraska.
La conversation se termine en point d’interrogation et je n’entendrai plus parler du projet jusqu’à la parution du premier titre, Contes, légendes et récits du Bas-du-Fleuve, tome 1, Les Temps sauvages (en 2003 ), qui faisait une large place à Joseph-Charles Taché (né à Kamouraska mais associé par la suite à la région de Rimouski) et comprenait aussi les classiques de Casgrain (Rivière-Ouelle) et un texte de Philippe-Aubert de Gaspé (Saint-Jean-Port-Joli). En 2008 paraît le deuxième tome, Les Temps apprivoisés, qui comprend évidemment de nombreux auteurs du Kamouraska mais aussi des textes du seigneur de Saint-Jean-Port-Joli et même de Joseph Marmette, bien associé à Montmagny… De Gaspé et Marmette se retrouvent aussi dans un autre ouvrage de la même collection, publié la même année, Contes, légendes et récits de la région de Québec, bref n’importe où, sauf sur la Côte-du-Sud qui a vu naître ce courant littéraire des « contes et légendes » vers la fin du XIXe siècle.
La collection est magnifique. Le projet était ambitieux et il a carrément ambitionné. Après la partition administrative entre le Bas-Saint-Laurent et Québec dans les années 1960, puis le dépeçage « touristique » entre le même Bas-Saint-Laurent et Chaudière-Appalaches dans les années 1980, voilà les dépouilles culturelles de la Côte-du-Sud rapaillées pour enrichir le patrimoine littéraire de ses voisines.
La situation ne manque pas d’ironie. En 1855, c’est Joseph-Charles Taché qui écrivait à un visiteur hypothétique venu en bateau : « À notre gauche est le comté de Kamouraska qui, avec ceux de Témiscouata et Rimouski, forment le district de Kamouraska, compris dans cette magnifique suite d’établissements, et qui est connu et célèbre dans le pays sous le nom de Côte du Sud ». Le Bas-Saint-Laurent de Taché était inclus dans la Côte-du-Sud.
Le monde à l’envers.

4 réflexions au sujet de « Contes du Bas-du-Fleuve »

  1. Monsieur, Deschênes, j’ai baucoup apprécié la lecture de votre livre sur l’Assemblée nationale, mais j’ai une question: pourquoi le gouvernement du Québec doit il payer 50 dollars par année au gouvernement fédéral, depuis quand, pourquoi?
    Autrement, un article écrit de la revue de généalogie de l’automne 2008 fait référence au fait que les chefs des trois partis politiques du Québec ont le même ancêtre soit Miville…
    Merci.
    Richard L.

  2. Le gouvernement du Québec paie la location d’un terrain qui appartient au Fédéral en face de l’Hôtel du Parlement depuis 1881.
    Pierre Miville est un des pionniers qui, déjà en 1720, avaient la plus importante descendance au Canada. Le nombre de Québécois qui l’ont dans leur arbre généalogique doit être impressionnant.

  3. Bonjour. Tous mes ancêtres viennent de la Côte-sud : Kamouraska, St-Honoré, la Pocatière, St-Roch des Aulnaies, Cacouna, etc. Dans ma famille, on retrouve des Pellerin, des Ouellet, des Côté, des Fortin, des Deschamps, des Rouleau, des Morin, des Pelletier, etc. Je me suis toujours demandé si les peupls malécites établis près de Cacouna s’étaient mélangés avec les populations locales. J’ai trouvé très peu de références, mais vous en savez sans doute plus long que moi à ce sujet.
    Merci beaucoup.

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