Dans la lettre ouverte qu’elle a fait paraître dans plusieurs quotidiens la semaine dernière (http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/201005/12/01-4279812-la-mission-du-festival-dete-de-quebec.php), la présidente du conseil d’administration du Festival d’été est venue bien involontairement « rétablir les faits » en faveur des signataires de la lettre du 5 mai, en soulignant la mission première du FEQ : « le Festival doit animer, l’année durant, la ville de Québec, pour tous les gens d’ici et d’ailleurs, avec une fête des arts de la scène et de la rue valorisant la chanson francophone et les projets de création, tout en étant ouverte au reste de la production culturelle dans le monde et à la découverte ».
On ne saurait mieux dire, et rassurer les 25 signataires quant à la justesse de leur démarche. Toute personne qui sait lire comprend que l’essentiel de cette « fête des arts de la scène et de la rue » est d’abord de valoriser « la chanson francophone », tout en restant ouverte, bien sûr, à d’autres formes d’expression. Et on comprend aussi que cette mission justifiait les subventions de l’État… jusqu’à maintenant.
A cet égard, le gouvernement du Québec ne peut plus se mettre la tête dans le sable et se dispenser de revoir sa contribution. Comment peut-on concilier l’allure que prend le Festival cette année avec les conclusions de l’entente intervenue entre le Festival d’été et les FrancoFolies l’automne dernier, au terme d’une négociation demandée par le gouvernement lui-même et les maires de Québec et Montréal? Dans le communiqué émis par les deux festivals le 30 novembre (http://www.infofestival.com/index.php?lang=fr&page=uncommunique&id=126), sous le titre « L’avenir de la chanson francophone avant tout ! » (???), on pouvait lire ce qui suit:
« C’est parce qu’ils ont à coeur l’avenir de la chanson francophone que les organisateurs des FrancoFolies de Montréal et du Festival d’été de Québec en sont venus à une entente. Les deux manifestations musicales pourront ainsi poursuivre leur développement sans se nuire et surtout continuer à faire la promotion de la chanson francophone internationale au Québec. »
Et encore:
« C’est donc avec une énergie et un plaisir renouvelés et dans un esprit de collaboration mutuelle que les programmateurs chevronnés des FrancoFolies de Montréal et du Festival d’été de Québec s’affairent à la mise sur pied de leur programmation avec comme objectif de recevoir à leur événement respectif les meilleurs représentants de la chanson francophone actuelle. »
« Nous sortons tous gagnants de cette entente et la mission francophone du Festival d’été de Québec est protégée », estimait pour sa part Daniel Gélinas, le directeur général du Festival d’été de Québec.
« Mission francophone » : ce n’est donc pas seulement un « volet ». Protégée? On ne pouvait mieux confirmer qu’elle était menacée. Comment expliquer alors que la dimension francophone du festival soit encore plus mince cette année?