Jacques Demers a suscité une immense sympathie quand il a dévoilé qu’il était analphabète. Certains l’ont trouvé moins drôle quand il a accepté un siège de sénateur. Paraît qu’il allait se servir de son poste pour défendre de bonnes causes, dont on ne s’est pas trop inquiété des détails… Le même refrain qu’un autre sénateur issu du showbizz — celui qui donnait le LA dans un désormais regretté duo — a entonné pour finalement arriver au bout de son âge en se demandant, comme on l’a deviné dans ses commentaires, ce qu’il était allé faire dans cette galère (heureusement rémunérée).
En fait, la nomination-surprise d’un analphabète devenu vedette du petit écran, et certes inattaquable — rectitude politique oblige –, a servi à occulter la nomination en douce de huit proches partisans du premier ministre.
Le nouveau sénateur a commencé sa carrière… par une longue absence, retenu au micro par son poste de commentateur sportif. L’histoire ne dit pas quand il est entré sur la liste de paye mais il s’est ensuite retrouvé sur la liste des blessés, ce qui a réduit son temps de glace, et l’a tenu loin du sommaire. On lui connaît une intervention très human interest, et préparée avec l’aide d’une collègue, sur la journée de la femme et une déclaration sur l’affaire Chara. Ce serait tout pour sa première saison, euh!, … session.
Depuis la fin de la session, en bon « employé », il multiplie les présences pour appuyer son « patron » dans les éliminatoires, euh !, les élections. Car c’est ainsi qu’il perçoit son rôle, selon ce qu’on a pu entendre dans une entrevue reproduite au Sportnographe le 15 avril dernier : « Le grand patron a décidé […] nous sommes des employés et ces employés sont mis en ligne et on suit le chemin et c’est tout ». Paraît que ce n’est pas « politique », son travail consistant à présenter des candidats qui sont de « bonnes personnes ». Naturellement.
Voilà, en toute naïve simplicité, comment fonctionne le parlement moderne. On dit généralement, et plus pudiquement, que ce sont des « membres du parti » qui suivent les consignes de leur « chef » mais pourquoi ne pas dire les vraies choses, si tant est qu’on en comprenne le sens et la portée ?