Ai-je bien entendu? Le NPD serait le premier parti politique fédéral où les Québécois sont majoritaires ? A-t-on déjà oublié l’épisode du Crédit social du Canada?
Fondé pendant la Grande Crise (tout comme le CCF, devenu le NPD en 1961), le Crédit social du Canada remporte 17 sièges en 1935, tous dans l’Ouest. Il connaît ensuite une fortune variable et se retrouve à zéro en 1958.
Surprise en 1962 : sous la direction de l’Albertain Robert N. Thompson (qui avait défait le Québécois Réal Caouette dans une course au leadership l’année précédente), le Crédit social revient à la Chambre des communes avec 30 députés : trois de l’Ouest, dont Thompson, et 26 du Québec! L’année suivante (quatrième élection en six ans), le Crédit social conserve 24 sièges, dont 20 au Québec, mais les tensions minent le caucus. Les Québécois considèrent que leur chef est Caouette, qui a été nommé chef adjoint comme prix de consolation. D’après la rumeur, il aurait eu la majorité des voix au congrès de 1961, mais les résultats, jamais dévoilés, auraient été trafiqués… Le premier ministre créditiste albertain Ernest Manning, avait par ailleurs déclaré que sa province n’accepterait jamais qu’un catholique francophone dirige le parti…
En septembre 1963, Thompson refuse de laisser la direction à Caouette, un vendeur d’automobiles de Rouyn qui était devenu un adepte des théories créditistes 20 ans plus tôt et s’était imposé, dans les « assemblées de cuisine », sur les tribunes et à la télévision, grâce à son charisme et son nationalisme. Caouette décide de former un caucus distinct sous le nom de « Ralliement des créditistes ». Treize députés le suivent, les autres deviendront indépendants (5) ou conservateurs (2).
En 1965, Thompson ne fait élire que cinq députés du Crédit Social du Canada, tous dans l’Ouest, et passe ensuite au Parti progressiste-conservateur. De son côté, au Québec, le Ralliement des créditistes dirigé par Caouette remporte 9 sièges en 1965 et 14 en 1968. Cette année-là, le Crédit social retombe à zéro au Canada anglais.
En 1971, Caouette et ses créditistes québécois renouent avec le Crédit social du Canada. Le tribun populaire est élu « chef national » mais il ne fera plus élire de députés ailleurs qu’au Québec où la représentation parlementaire créditiste décline jusqu’à disparaître en 1980.
La majorité québécoise qu’on observe au sein du NPD n’est donc pas un précédent. Il y a cinquante ans, à l’époque où fleurissait le concept des deux nations, le Québec a fait le coup au Crédit social du Canada… qui n’a pas survécu. Quant aux Québécois, ils ont appris, s’ils ne le savaient pas, qu’ils ne fonctionnent bien dans les partis fédéraux « nationaux » qu’en reconnaissant, comme on disait autrefois, « leur rang et leur classe ».
Une réflexion au sujet de « Avant le NPD, la vague créditiste »
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Bonjour, Gaston
Ce rappel donne à réfléchir.
Ce serait intéressant de reprendre les résultats du NPD au Québec en 2011 et de les comparer avec les meilleurs et les pires résultats obtenus par les Libéraux ou les Conservateurs au cours des dernières années.