Un petit producteur fait beaucoup parler de lui dans le monde de l’alimentation depuis quelques années. Reportages dans tout ce qu’on trouve d’émissions et de médias branchés, prix et distinctions, éloges de toutes sortes, certainement mérités.
Dans son édition de décembre, L’Actualité consacre une page à cette « conserverie gastronomique artisanale » qui veut contribuer à la « redécouverte du patrimoine culinaire ». Allier conserves et gastronomie n’est pas banal. Les propriétaires, dont les noms évoquent les familles-souches québécoises, critiquent l’industrialisation, valorisent le rapprochement avec les producteurs, parlent artisanat et terroir. Mieux encore, l’entreprise qui a débuté comme restaurant à Montréal est maintenant installée en campagne et favorise la conciliation travail-famille. Et elle participera à la guignolée des médias avec des boîtes numérotées ornées d’une étiquette signée Claude Robinson. Avant d’ouvrir la boîte, on sent déjà les bons sentiments.
Un bémol? Le journaliste note que l’entreprise se distingue aussi par « un nom curieux » : elle s’appelle « LE NAKED LUNCH », nom « bien de chez nous » dûment inscrit au Registre des entreprises du Québec, « patenté » au fédéral (OPIC) et donc « avalé » par notre bienveillant Office québécois de la langue française.
Tout est correct / It’s all right.
Merci / Thank you.
Allez-en paix / Ite missa est.
13 réflexions au sujet de « Et la langue, on la conserve? »
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L’entreprise s’appelle ¨Gastronomie le Naked Lunch¨, un nom bien billingue, tout comme notre marché!
Denis Noël
Gastronomie le Naked Lunch
1. On connaît la chanson: l’Office de la langue française tolère ces génériques français qui donnent aux marques de commerce anglaises un déguisement qui saute à la première occasion, comme on peut le constater en lisant la revue de presse (section « Nouvelles » de l’entreprise): la grande majorité des observateurs lisent « Naked Lunch », tout nu, dans le logo et l’écrivent; bien sûr, officiellement, c’est Gastronomie machin…
2. Pourquoi donc trois entrepreneurs québécois francophones choisissent-ils un nom anglais pour une entreprise qui valorise les produits du terroir québécois?
L’entreprise était initialement un resto/traiteur installé à Verdun, un cartier où résident beaucoup d’anglophones.
Nous avons volontairement choisi un nom billingue pour plaire à notre clientèle francophone et anglophone:
- Gastronomie –> français
- le –> français
- Naked –> anglais
- Lunch –> billingue
Et ce n’est pas parce que le nom de notre entreprise est billingue qu’on ne peut pas faire honneur aux produits du terroir québécois. Je ne comprend pas votre point. Vous semblez oublier la population anglophone de notre belle province qui apprécie tout autant les produits de notre terroir!
Si Cartier voyait, le pauvre, le peu de «quartiers» qu’on fait de sa langue.
Quelle misère! Comme les anglophones du Québec sont incapables de lire plus de trois mots français de suite, il faut leur mâchouiller le reste «en bilingue», comme vous dites. Je vous souligne qu’il s’agit plutôt de franglais (la langue de Jean Chrétien et son « »flag » sur le « hood »»); le bilinguisme correspond à l’emploi correct de deux langues, non pas au mélange de deux langues, comme vous le faites.
À quoi cela sert-il de demander au gouvernement du Québec de maintenir des services en français si les commerçants francophones n’en veulent pas dans la pratique? S’ils préfèrent parler deux langues à moitié dans la rue? C’est la cajunisation qui nous guette. Rentrons vite à la maison; là, nous pourrons nous cacher pour parler français. C’est ce qu’ont fait les francophones de l’Ouest, les Franco-Américains et les Cajuns, avec le résultat qu’on connaît.
Et moi qui croyais que les Québécois de la Révolution tranquille s’étaient battus pour assurer leurs enfants de pouvoir faire du commerce en français dans la seule région où c’est encore possible de vivre en français en Amérique du Nord. Dans le fond, si vous croyez que cette langue ne vous sert plus, ne vous surprenez pas si, demain, les politiciens fédéraux et l’administration fédérale actuels décident de ne plus rien offrir aux francophones canadiens. Vous ne recevrez que ce que vous aurez semé.
Je ne crois pas que l’entreprise soit intéressée au patrimoine culinaire. Chose certaine, elle se moque du patrimoine linguistique. Si on n’y est pas plus conscient de la situation du français ici, si on se permet de faire fond sur le franglais, je pense que la compagnie ne mérite pas l’encouragement des consommateurs québécois.
Comment oublier une population anglophone minoritaire si puissante qu’elle impose sa langue à la majorité, non seulement au bureau mais même dans la cuisine?
Vous avez beaucoup de considérations pour la population anglophone du Québec. En tant que franco-ontarienne, j’aimerais bien voir la même attention de la part de mes concitoyens anglophones de l’Ontario. Mais c’est toujours pareil, on se soucie beaucoup de ne pas blesser les anglophones et au diable les francophones. Faites attention, un jour notre belle langue disparaîtra!
Pourquoi s’attendre à du respect quand on ne se respecte pas soi-même ? On devrait aussi enlever l’accent sur le mot Québec pour éviter de froisser les patrons.
Je partage entièrement les critiques précitées et espère que M. Noel se ravisera… D’ici-là, je m’abstiendrai d’acheter ses produits et aviserai le plus de gens possible d’en faire autant !
Il y a un mépris profond de ces »naked luncher » envers nos compatriotes anglophones. Il les traitent ainsi de minus. Mes amis d’autres origines sont offusqués. Ce sont de telles loufoqueries qui font que la langue de la nation québécoise perd le respect des nouveaux québécois et de sa minorité anglophone.J’ai peur de ce que contiennent ces boites lorsque je regarde l’enveloppe. Pourquoi pas un fromage dit fin étiqueté »Le Kik Cow ». Bon je préfère attendre d’avoir oublié un peu l’étiquette pour manger.
Je me ferai grand plaisir
de dire à mes amis dans mes courriels votre comportement envers le français.
Si vous ne respectez pas votre culture, comment croire que vous respectez vos clients et ne mettez pas dans vos « petits plats » de secrets ingrédients indésirables?
On connaît le respect ou on le connaît pas.
Le respect a bien meilleur goût.
Ce sujet peut être très délicat pour la plupart des gens, mon avis est qu’il doit y avoir un juste milieu afin que nous puissions tous nous y retrouver