Je n’ai pas d’atomes crochus avec le sénateur Boisvenu. Ce monsieur a vécu de grandes épreuves et, par respect pour lui, plusieurs l’ont ménagé lorsqu’il s’est mis à intervenir publiquement sur le « droit des victimes ». Depuis quelque temps, on peut cependant dire qu’il liquide rapidement le capital de sympathie qu’il possédait.
Contrairement à Jean Lapointe, qui a compris que sa cause n’avançait pas (quand l’heure de la retraite a sonné), et à Jacques Demers, qui ne le comprendra probablement pas, le sénateur Boisvenu défend un dossier qui correspond aux visées du gouvernement conservateur et qui va malheureusement aboutir.
Je ne suivrais pas cependant le raisonnement de Debora de Thomassis, vice-présidente de l’Association des avocats de la défense de Montréal, qui invite le sénateur à s’enregistrer comme lobbyiste « s’il veut faire du lobbying » (http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2011/11/20/002-barreau-boisvenu-defense.shtml). Il y a des limites à dire n’importe quoi, même sous le coup de la colère. Le sénateur Boisvenu est parfaitement justifié de défendre son point de vue (pour une fois qu’un sénateur s’active concrètement…); c’est à ses interlocuteurs de démonter ses « raisonnements ».
Je ne suis pas non plus Me Jean-Claude Hébert qui a bien démontré (http://www.cyberpresse.ca/debats/opinions/201111/24/01-4471290-le-senateur-justicier.php) comment l’analyse du « sénateur justicier » est « stupéfiante » et son argumentaire, « déroutant », mais qui se laisse aller à des considérations moins pertinentes quand il écrit que le sénateur Boisvenu « usurpe une responsabilité des élus » et devrait « se tenir coi jusqu’à l’adoption du projet de loi C-10 par la Chambre des communes », réservant son point de vue pour l’étude du projet « en comité parlementaire du Sénat ».
Qu’on le veuille ou non, le Sénat participe à la fonction législative et rien, dans notre droit, n’empêche un sénateur de se prononcer sur une question à l’étude devant le Parlement. Ni de dire des bêtises.