La réaction du ministre des Affaires municipales au déplacement d’une trentaine de fonctionnaires fédéraux de Rimouski à Thetford-Mines témoigne de la minceur naturelle du sens de l’éthique chez certains politiciens (http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201203/09/01-4504206-centre-dassurance-emploi-transfere-a-thetford-mines-paradis-a-fait-son-travail-estime-lessard.php). Je dis bien « certains », mais ils font de l’ombre à tous les autres.
Qu’il y ait derrière l’installation de ce bureau d’assurance emploi à Thetford-Mines une possibilité de conflit d’intérêts (l’immeuble appartenant à une entreprise dont le principal actionnaire est un associé du père du ministre Paradis et ex-associé du ministre) ne dérange pas le ministre québécois mais ce n’est pas le plus troublant de l’affaire.
Le problème se situe plutôt dans l’apologie d’une dimension détestable du travail de député. « Quand un député travaille pour avoir des jobs chez lui, faut-il le dénoncer? », déclare le ministre québécois, comme si le ministre fédéral de l’Industrie avait rapatrié d’un coup tous les emplois délocalisés vers l’Asie et le Mexique depuis la Confédération. On veut bien que « Christian » (comme il dit) s’acquitte de son devoir « de prêcher pour sa région » mais, dans le cas qui nous occupe, « Christian » a simplement chipé des fonctionnaires à une circonscription représentée par un adversaire politique avec la complicité de sa collègue ministre des Ressources humaines (et il intente une poursuite contre le député perdant qui ose se plaindre !).
Cette manœuvre, dont le résultat est parfaitement nul en termes de développement économique, bénéficie essentiellement à une ville de la circonscription fédérale de « Christian », ville qui se trouve aussi dans la circonscription provinciale de « Laurent ». Ce dernier est de plus ministre responsable de la région où s’installeront les fonctionnaires déplacés et, pour couronner le tout, ancien maire … de Thetford-Mines. On comprend qu’il n’ait pas trop conscience des conflits d’intérêts.
Faut-il enfin rappeler que le titre exact du ministre québécois est « ministre des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire » ? Il évoquait son appui indéfectible aux régions quand il s’agissait de protéger les intérêts électoraux du parti dans le dossier de la carte électorale (quitte à saboter la réputation du Directeur général des élections), mais ne se formalise pas maintenant, toujours inspiré par les mêmes intérêts, de voir des emplois d’une région déjà défavorisée partir vers le « centre du Québec ».
Difficile à suivre. Heureusement, les intérêts sont constants.
Une réflexion au sujet de « Les intérêts convergents de Christian et Laurent »
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Pas drôle comme histoire, et pas sûre que les deux députés comprennent bien ce qu’ils font ou ce qu’ils disent….! Et dire que ça nous représente ce beau monde là.