Le débat sur l’enseignement de l’histoire a repris. En fait, il n’a jamais vraiment cessé, depuis des décennies. On le constatera en lisant l’ouvrage que Septentrion a publié sur ce sujet l’an dernier (http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/livre.asp?id=3499).
Qu’il y ait plus d’histoire à l’école, on ne s‘y oppose pas trop; c’est quand il est question d’histoire nationale que le « diable est aux vaches ». La nation québécoise a beau avoir été reconnue par Ottawa; l’histoire des nations opprimées, « premières », irlandaises, acadiennes et autres, a beau susciter l’émotion légitime instantanée (sans compter les autres communautés culturelles dont les drames sont « reconnus » par la loi dans certains pays et mis à l’abri de la critique par la rectitude politique dans le nôtre), l’histoire des « personnes dont les ancêtres habitaient la Nouvelle-France » (pour utiliser une description technique) pose toujours problème quand il s’agit de la promouvoir dans les écoles. Toute tentative de consacrer plus de temps à raconter aux écoliers ce qui est arrivé à cette population et à ses descendants depuis 1759 soulève les hauts cris et la peur, comme s’il s’agissait de manoeuvres subversives.
Ce ne sont pas les autres nations ou communautés culturelles qui « partent en peur » mais bien ceux-là même qui pourraient voir LEUR histoire mieux enseignée à l’école. Pourquoi l’histoire de leur propre nation les inquiète-elle? On s’en doute un peu: c’est de la « politique » ou des « vieilles chicaces ».
On verra ce qui arrivera de la campagne menée par la Coalition pour l’histoire (www.coalitionhistoire.org). Pour l’heure, rappelons-nous qu’il fut un temps où l’histoire nationale était présente dans d’autres cours, dont le français (par les exercices de lecture) , et même dans les cours … de récréation avec le salut au drapeau!
On l’enseignait même dans les cours de « calligraphie canadienne ».
Les phrases données en exemple dans le cinquième cahier d’exercice publié par la compagnie Langlais, vers 1900, portaient presque toutes sur l’histoire du Québec et du Canada (21 page sur 24).
Quand on a écrit 15 fois « Haldimand gouverna le pays en despote de 1778 à 1785 », on s’en rappelle!
4 réflexions au sujet de « L’Histoire est-elle une matière dangereuse? »
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Magnifique billet, qui dit beaucoup en peu de mots, déjà que les images (particulièrement bien choisies) en valent chacune mille.
L’imbroglio semble s’approfondir entre les spécialistes de l’enseignement de l’histoire. Les uns comme les autres paraissent effrayés ou saisis de honte devant un concept (que pour ma part je privilégierais) : « Canadiens-français ». Ce terme bien utile décrit pourtant avec précision une réalité historique et sociologique, et il a le mérite de constituer une étiquette que tout le monde comprend. Quiconque a vu Elvis Gratton tenter d’expliquer, à bord d’un avion, à un européen ahuri, qui nous sommes, saisira l’utilité d’avoir un descriptif clair pour parler de nous.
Il ne s’agit pas de revenir à la situation socio-politique qui régnait durant la période où l’on utilisait ce terme de Canadiens-français, mais à la clarté que ce terme possédait pour dire de qui l’on parlait. Nous.
Évitons les périphrases pour raconter ce qu’il est advenu de notre peuple qui a « grandi, frémissant » « sur les bords du grand fleuve » (paroles tirées de la chanson Notre-Dame du Canada). Ce ne sont pas les Québécois qui forment une nation. Pas plus que les Manitobains ou les habitants de n’importe quelle autre province n’en forment une. Ce sont les Canadiens-français qui forment une nation, où qu’ils se trouvent (comme les Italiens ou les Turcs). C’est nous qui formons la majorité ici, et c’est d’abord notre histoire qu’il s’agit de raconter. Sans cela, l’histoire racontée n’a aucun sens. Sans cela, l’appel à devenir un pays se vaporise en brume et s’adresse indistinctement à une nébuleuse qui ne s’y reconnaît pas.
Il faut d’abord revenir à notre essence, et dire qui nous sommes. Puis, notre définition étant exprimée, nos jeunes découvriront à quel peuple ils appartiennent, et ils en seront fiers. Nous chercherons aussi à attirer les autres Québécois en les intéressant à notre combat vers notre affirmation complète. Il ne s’agit pas de raconter une histoire biaisée en faveur de la souveraineté du Québec. Il s’agit juste d’enseigner à nos enfants d’où ils viennent et pourquoi leurs ancêtres et leurs parents ont lutté. Et de faire connaître aux nouveaux venus le sens de cette lutte.
François Mitterrand
Un peuple qui n’enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité
Jacques Lacoursière
Un peuple qui ne connait son passé est un peuple amnésique
Hymne au Québec
Refrain
Terre française d’Amérique
Salut à toi ô ma Patrie!
De ce Québec si magnifique
Chantons l’amour, chantons la vie
Par ton courage et ta vaillance
Tu sus forger ta survivance
Fière nation fidèle à ton passé
Bénie soit ta postérité.
- 1 -
De nos aïeux acclamons la vaillance
Qui de la France lointaine sont venus
Fonder en ces terres de Nouvelle-France
Notre chère patrie: Québec devenue.
- 2 -
Que l’éclat de notre émouvante histoire
De la flamme en nos coeurs soit le soutien
À l’unisson proclamons à sa gloire
Notre fière devise: Je me souviens.
Pour en faire l’écoute:
http://gauterdo.com/ref/hh/hymne.au.quebec.html
Je me souviens!