Commentaire reçu de mon ami Michel Leclerc, juriste de formation mais aussi musicien et philosophe à ses heures.
« L’historien m’indispose. Plus, il m’épuise, parce que son incessante activité me tient informé de mon ignorance et de ma paresse.
J’avais des historiens la même image que celle des bibliothécaires : celle de quelqu’un qui a appris l’histoire et qui, ne sachant qu’en faire, l’enseigne aux autres. Il s’agissait pour moi d’une matière complète et limitée, et le seul mérite à mes yeux des historiens était de l’avoir mémorisée et de la recracher vers les étudiants.
Maintenant, je sais. L’historien va dans tous les recoins, officiels ou privés, historiques ou cachés, grandioses ou intimes. Il se nourrit de photos, de lettres, de dates, de registres, de bâtiments, de documents, de lieux, de souvenirs. De journaux, d’entrevues, de rencontres, de relations.
L’historien est curieux, il s’intéresse, il cherche, il découvre. De nouvelles choses. Il rencontre des gens pour leur parler, et apprendre d’eux.
Il écrit et il parle. Il nous informe de ce qu’il a trouvé. Il ajoute de la connaissance. Comme l’inventeur, au sens du Code civil (celui qui a trouvé).
Après son passage, il y a plus d’histoire. Grâce à lui, on sait de plus en plus ce qui est arrivé, et on comprend mieux ce qui arrive maintenant. »