(texte soumis aux médias en mars dernier par l’ancien ministre Matthias Rioux )
Le 11 décembre dernier, le chef parlementaire du Parti québécois a présenté une motion sans préavis qui avait pour but de corriger l’injustice commise envers Yves Michaud le 14 décembre 2000. Cette motion était appuyée par Québec Solidaire, mais le leader du gouvernement a refusé le consentement nécessaire au dépôt et chacun est parti en vacances, comme en 2000 et comme en 2010, quand le chef de Québec solidaire a vainement tenté de présenter une motion reconnaissant que l’Assemblée nationale avait erré en 2000.
Matthias Rioux et Yves Michaud en 2018
Les parlementaires ont-ils remis le couvercle sur cette affaire nauséabonde pour une autre décennie ? Tous les observateurs de bonne foi de la scène politique savent qu’Yves Michaud n’a pas tenu, dans son témoignage aux États généraux sur le français, les « propos inacceptables » que le chef de l’opposition et le premier ministre de l’époque lui ont reproché… sans jamais les citer, pour la simple raison qu’il n’y a pas de tels propos dans la transcription officielle de la séance du 13 décembre. Il est choquant de voir que des hommes incarnant l’État de droit, membres du barreau de surcroît, se soient prêtés à cette injustice et persistent vingt ans plus tard à nier l’évidence.
L’Assemblée nationale a été trompée par ceux qui ont machiné cette exécution en coulisses. Elle a doublement erré en ne citant pas les propos incriminés et en ne prenant pas la peine d’entendre Yves Michaud.
Pour arriver enfin à provoquer le débat qui n’a jamais eu lieu sur cette affaire et la régler une fois pour toutes, il faut utiliser une autre méthode que la motion sans préavis dont le dépôt requiert le consentement unanime. Tout député peut faire inscrire une motion au Feuilleton (à l’ordre du jour) en respectant les exigences du Règlement. La motion sera ensuite étudiée si le leader du gouvernement décide de la prendre en considération ou si un parti d’opposition la choisit comme sujet de débat lors de la séance qui lui est réservée le mercredi matin.
La première hypothèse suppose évidemment que le premier ministre reconnaisse personnellement qu’il a été trompé lorsqu’il a voté le 14 décembre 2000. Il pourrait prendre exemple de son député de Montmorency, Jean-François Simard qui a déjà exprimé ses regrets en 2011 et de deux autres membres de sa formation (ceux de Chutes-de-la-Chaudière et de La Peltrie) qui ont appuyé la motion d’Amir Khadir en 2010.
La réalisation de la seconde hypothèse (soit une « motion du mercredi ») ne requiert aucun consentement, aucune autorisation, de la majorité ou des libéraux, seulement la volonté de « gens de bien » (comme disait le fils d’Yves Michaud en décembre dernier) sincèrement déterminés à corriger la « suprême injustice » dont parlait le juge Baudouin.
Lors d’un dîner regroupant les Amis d’Yves Michaud, l’ancien premier ministre Bernard Landry me disait : « il a assez souffert, il faut réparer cette saloperie ».
Je tente un ultime effort au nom de l’amitié et du respect que je porte au journaliste brillant et à l’intellectuel militant, Yves Michaud. Je veux rappeler le patriote en lui, l’homme épris de justice et le fidèle serviteur de la nation.
J’en appelle au sens de la justice des quatre chefs de partis et aux parlementaires de l’Assemblée nationale. Je sollicite leur appui, pour éviter que le funeste complot du 14 décembre 2000 ne ternisse à jamais la réputation d’un grand citoyen du Québec.
Matthias Rioux, Ph. D.
Ex-ministre du Travail, député de Matane (1994-2003).
Pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font.
Ou ils le savent trop bien et sont incapables de l’admettre.
Quel affront et injustice !