Le « Petit-Marigotte » vu par l’intelligence artificielle

À ma demande d’informations sur le « Petit-Marigotte », un petit lac où j’ai fait  des excursions dans mon enfance, au sud du lac Trois-Saumons,  Google me refile un « Aperçu généré par l’IA » :

« Petit-Marigotte n’est pas un toponyme (nom de lieu) couramment reconnu ou existant. Il pourrait s’agir d’une erreur de transcription, d’une déformation d’un autre nom, ou d’une référence à une zone non officielle. Cependant, il existe un quartier appelé La Mérigotte à Poitiers, en France, qui pourrait être à l’origine de cette confusion.

Voici quelques éléments qui pourraient éclairer la situation :

  • La Mérigotte à Poitiers :

Il s’agit d’un quartier résidentiel situé sur un plateau surplombant la vallée, intégrant la “Villa Bloch”, un lieu chargé d’histoire, aujourd’hui en cours de transformation en résidence d’artistes selon L’Humanité. Le quartier est décrit comme ayant des chemins de promenade, des jardins et des jeux pour enfants indique Grand Poitiers Communauté urbaine.

  • Confusion possible :

Il est possible que “Petit-Marigotte” soit une variante de “La Mérigotte”, ou une erreur de transcription de ce nom.

  • Mendigote :

Un nom similaire, “mendigote” (avec un seul “r” [sic]), existe dans la langue française et peut désigner une mendiante ou une personne vivant dans la rue selon Wiktionnaire. Il est possible que “Petit-Marigotte” soit une déformation de ce terme, bien que cela ne semble pas correspondre au contexte de la phrase citée dans le roman Les Anciens Canadiens de Philippe Aubert de Gaspé.

  • Contexte de la phrase :

Le passage “Petit-Marigotte, et il tiendra sa parole” semble tiré du roman “Les Anciens Canadiens” de Philippe Aubert de Gaspé. Dans ce contexte, “Petit-Marigotte” pourrait être un surnom ou un nom de lieu fictif propre à l’histoire.

En résumé, il est probable que “Petit-Marigotte” soit une variante ou une erreur de transcription de “La Mérigotte”, un quartier de Poitiers, ou peut-être un nom fictif utilisé dans un contexte littéraire. »

(fin de l’aperçu).

« L’artificiel intelligent » n’est pas allé vérifier ses informations dans « Les Anciens Canadiens ». Il aurait vu que le toponyme ne SEMBLE pas tiré du roman et ne désigne pas une lieu FICTIF : il y apparaît cinq fois et l’auteur a pris la peine d’ajouter cette note: « Le Petit-Marigotte est un étang giboyeux, situé à environ un mille au sud du lac des Trois-Saumons : les anciens prétendaient que c’était l’œuvre des castors ». C’est là que le soldat écossais Archibald De Locheill, fait prisonnier par des Abénaquis à Trois-Saumons, devait être livré aux « guerriers du portage ». Aubert de Gaspé connaissait bien l’endroit: c’était dans SA seigneurie. Le journaliste Jean-Marie Turgeon l’a décrit comme une « mare aux grenouilles » dans le récit de son excursion publié dans L’Action Catholique du 27 octobre 1939.

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Carte de 1841 montrant le « Petit-Marigotte » à gauche.

Effectivement, « Petit-Marigotte » n’est pas un toponyme officiel. Sur la carte de Google, ce plan d’eau s’appelle le « lac aux Canards ».

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D’où une nouvelle question sur ce lac et  Google répond tout aussi « intelligemment » :

« Aperçu généré par l’IA :

Le toponyme “Lac aux Canards” à Saint-Aubert, comme beaucoup d’autres toponymes similaires, tire son origine du fait que le lac servait d’escale pour les canards migrateurs, particulièrement à l’automne. La présence abondante de ces oiseaux à cet endroit a donc naturellement conduit à l’attribution de ce nom.

Voici quelques détails supplémentaires :

  • Nom officialisé :

Le nom “Lac aux Canards” a été officialisé le 21 janvier 1975, selon Wikipédia.

  • Origine de la toponymie :

Le nom provient de l’observation de nombreuses espèces de canards qui s’arrêtaient sur ce lac lors de leurs migrations automnales.

  • Fréquence du toponyme :

Le terme “aux Canards” (au singulier ou au pluriel) est assez courant dans la toponymie québécoise et se retrouve pour plus de 145 entités, principalement des lacs.

  • Localisation :

Le lac aux Canards de Saint-Aubert est un exemple parmi d’autres de ce type de toponyme. »

(fin de l’aperçu).

Encore un peu mêlée, l’IA : le toponyme officialisé en 1975 est la « Décharge du lac aux Canards » à Saint-Vallier de Bellechasse. Le nom du « lac aux Canards » de Saint-Aubert a été officialisé en 1982.

Malheureusement.

Il n’y avait pas d’intelligence artificielle à l’époque et la naturelle n’était pas uniformément répandue. Sur la foi de je ne sais quoi, on a donné à ce lac un nom « commun » désignant « plus de 145 entités » au Québec, alors qu’on avait un nom « propre » pourtant bien connu  pour désigner cet étang que mon père m’a fait connaître dans les années 1950 et qu’il nommait « Marigotte », comme Aubert de Gaspé cent ans plus tôt, et comme tous ceux qui fréquentaient l’endroit. On désignait aussi sous ce nom, et certains le font encore, un plan d’eau marécageux (une ancienne cédrière submergée après la hausse du niveau du lac),  situé au fond de l’anse des Leclerc, sur le côté nord.

« Hi Ha! » n’a pas compris qu’un marigot, en français, « est une petite étendue d’eau fermée – une mare –, souvent dépourvue d’eau pendant la saison sèche. Il peut s’agir d’un étang permanent ou alors de bras d’eau d’une rivière qui se transforment progressivement en petites mares, se réduisent et disparaissent parfois » On les « rencontre dans les régions tropicales, en Afrique subsaharienne, en Louisiane – où on les appelle bayous –, en Amazonie » (selon Wikipédia), et aussi dans les Antilles (sur l’île de Saint-Martin, la ville de Marigot doit son nom aux nombreux marécages, qu’on y trouvait autrefois et au Québec où on a prononcé le « t » pour faire « marigotte ».

Il y a bien des « marigots » au Québec, mais le toponyme « Petit-Marigotte » n’existe nulle part ailleurs. Il serait temps de le remettre « sur la mappe ».

PS : En reposant la question, 48 heurs plus tard, on obtient une autre réponse, qui fait seulement référence aux « Anciens Canadiens », sans dire clairement qu’il s’agit d’un lieu réel ou de fiction :

« Aperçu généré par l’IA

« Marigotte » est un terme qui apparaît dans le roman « Les Anciens Canadiens » de Philippe-Joseph Aubert de Gaspé. Il fait référence à un lieu, un petit lac, situé au sud du lac des Trois-Saumons. Ce lac est décrit comme étant giboyeux et autrefois, les anciens attribuaient sa création à l’activité des castors. On trouve également une référence à « Marigotte » dans un autre contexte, où il est cité comme un nom de lieu, et des personnages sont associés à ce lieu ».

Il est bien précisé, en petits caractères, comme dans tout bon contrat, que « les réponses de l’IA peuvent contenir des erreurs »…

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