Le titre du Devoir (http://www.ledevoir.com/culture/arts-visuels/496710/musee-marguerite-bourgeoys-qui-a-fonde-montreal) n’est pas seulement accrocheur. Il évoque un courant de fond. Montréal suit la trace de Québec où Champlain a finalement sauvé son titre de fondateur en 2008 malgré tous les « relativistes » qui le distribuaient à tout venant, au financier de l’expédition (absent), aux Amérindiens (qui auraient pu difficilement créer un comptoir de traite) et même aux Britanniques (qui ont tout fait pour lui nuire), sans même définir le concept de « fondateur ». Pourquoi pas les rameurs qui ont amené Champlain de Tadoussac à Québec? Sans eux…
Le pauvre Maisonneuve part de plus loin. Lui qui a été chef de l’expédition de 1642, puis longtemps gouverneur de Montréal et presque gouverneur de la colonie (il a refusé) est malheureusement parti mourir en France. Il n’a pas laissé de descendance ici, ni de communautés ou de fidèles, pour défendre son point de vue contre la rectitude politique.
Il n’a même pas de Fisher (biographe américain de Champlain) de son bord. En 1966, dans la biographie de Maisonneuve, « fondateur de Ville-Marie, premier gouverneur de l’île de Montréal » publiée au DBC (http://www.biographi.ca/fr/bio/chomedey_de_maisonneuve_paul_de_1F.html), Marie-Claire Daveluy écrivait : « L’ouvrage fondamental sur la personne et l’œuvre du premier gouverneur de Montréal reste encore à écrire. Les biographies publiées jusqu’à ce jour sont des ouvrages de vulgarisation ». Quelqu’un l’a-t-il écrit depuis? On notera que Madame Daveluy a aussi fait la notice biographique de Jeanne Mance, la « fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal » (http://www.biographi.ca/fr/bio/mance_jeanne_1F.html).
Cette interrogation impromptue semble participer encore de l’œuvre de déconstruction de notre histoire nationale : ne plus mettre un nom, une date, sur l’évènement qui signe l’accomplissement, le geste qui a créé, le repère qui nous rend fiers.
Semer le doute, le flou, dissoudre l’image de nos personnages héroïques, diluer la fierté patriotique qui se raccroche à des noms, des dates, des lieux, tout ce qui est transmissible à nos enfants. Relativisme savamment distillé, comme dans le cours ECR.
Merci de manifester votre désaccord d’historien; il légitime le mien, pauvre patriote délaissé par la bienpensance actuelle.